Chapitre 19 - Premier ministre

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- Jordan, tu m'écoutes ? insista Marine. 

Le président du RN sortit de ses pensées et la regarda fixement. 

- Oui, oui, excuse moi. 

Il ne savait plus vraiment comment il était revenu dans sa chambre. Tout ce dont il se souvenait, c'est d'avoir vu Gabriel, vivant, le dévisager comme s'il ne le connaissait plus. Il était venu récupérer sa veste et était parti sans demander son reste, l'ignorant royalement. 

L'infirmière n'avait pas pu lui en dire plus. Le Premier ministre avait subi un violent choc au crâne. Physiquement, il s'en était sorti miraculeusement. Mais sa mémoire avait été endommagée. 

Il n'y avait que ça de changé en lui. Sinon, il se portait bien, mangeait bien. Tout allait bien pour lui. Jordan l'avait trouvé presque en bonne forme, malgré son teint un peu pâle et les marques de l'accident. Comme si rien ne s'était jamais passé au fond.

Quant à lui, il ne ressemblait à rien. Tout son corps hurlait de douleur et son coeur s'était brisé en voyant la manière dont Gabriel le méprisait du regard. Une loque humaine, qui peinait à se déplacer sans sa béquille et qui ne pouvait pas aligner trois mots sans grimacer de douleur.

Il y a une heure à peine, il se morfondait, persuadé qu'il avait tué Gabriel, l'homme qu'il aimait. 

Une heure après, il se morfondait toujours, sachant qu'il s'était tué lui même dans les souvenirs de Gabriel. 

Désormais dans le calme de sa propre chambre, Jordan fixait le sol sans rien dire. Marine parlait depuis quelques minutes mais il ne l'écoutait pas. Il se sentait si vide, si seul. Il n'avait jamais été aussi seul. Son corps l'avait lâché et son esprit commençait à perdre pied. 

- Jordan...souffla Marine. 

Elle essayait de le réconforter depuis tout à l'heure, en ayant appris aussi l'état de santé du Premier ministre. Elle comprenait mieux pourquoi personne n'avait réussi à tirer quoi que ce soit des médecins mais ça expliquait pas mal de choses, notamment pourquoi le Premier ministre avait été rapidement remplacé par Gérald Darmanin il y a quelques jours. 

Jordan ne répondit rien de plus. Il n'avait pas envie d'entendre ses mots de réconfort. Rien ne pourrait jamais le consoler. 

- Jordan, reprit Marine, prudemment. C'est peut être mieux ainsi...

Cette fois, il releva la tête et la fusilla du regard. Comment pouvait-elle dire ça ? 

- Quoi ? 

- Écoute, personne, en dehors de quelques personnes, dont nous deux, ne sait que vous étiez seuls dans cette voiture dimanche. Ça évite beaucoup de rumeurs. Et maintenant que Attal..que Gabriel ne le "sait" plus vraiment, c'est peut être mieux...

- Tu me demandes de faire comme si rien ne s'était jamais passé ? dit Jordan en haussant le ton. 

- Jordan...cette relation, c'était une erreur depuis le début, regarde où ça t'a mené. 

- Je l'aime Marine, peut être même que je l'ai toujours aimé. Ça m'a amené à vivre les plus beaux moments de ma vie, articula Jordan, en se retenant de casser quelque chose. 

Marine plissa les yeux, peu convaincue. 

- Peut être, mais vous n'auriez jamais été heureux et tu le sais. 

- Et s'il retrouve la mémoire ? dit Jordan, avec un brin d'espoir. 

- Ça n'arrivera peut être jamais, tu as bien entendu le médecin. Il faut te faire une raison, c'est difficile, je sais. 

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant