Chapitre 12 - Doutes

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Jordan Bardella avait passé les trois derniers jours dans un état de calme et de sérénité qu'il n'avait pas connu depuis longtemps. 

Chaque soir, au lieu de ses nuits de travail acharnées pour préparer ses débats, ses prises de parole et ses discours, il retrouvait Gabriel et ils passaient la soirée ensemble. Parfois en discutant des heures, parfois en regardant simplement un film, les deux hommes se retrouvaient pleinement. 

Jordan était apaisé. Il délaissait son téléphone depuis quelques temps, laissant sur répondeur quasiment toutes les personnes qui cherchaient à le joindre. Il voulait profiter de Gabriel. 

Dans deux jours, ils allaient s'affronter dans l'ultime débat de la campagne. Et dimanche, les Français allaient voter. Un frisson secoua Jordan rien qu'à cette pensée. Il savait que tout allait radicalement changer à partir de la semaine suivante et ça l'effrayait. 

- À quoi tu penses ? demanda Gabriel en brisant le silence. Il avait la tête contre son torse et écoutait distraitement le film. Il passait ses doigts fins sur les muscles finement dessinés du président du RN en dessinant de petits cercles. 

- À rien d'important, souffla Jordan, en essayant de se montrer convaincant. 

Peine perdue. Gabriel se redressa et le regarda droit dans les yeux, en lui adressant un sourire compatissant. 

- Dis moi, insista-t-il. 

Jordan leva les yeux au ciel. Il ne pouvait décidément rien lui cacher. Gabriel lisait en lui comme dans un livre ouvert. 

- J'ai peur de ce qui se passera à partir de lundi, lâcha-t-il 

Gabriel hocha la tête en perdant un peu de son sourire. 

- Je sais, moi aussi, admit-il. Mais peut être qu'on pourrait profiter de ces dernières heures de calme ? 

- Ce que tu me fais depuis tout à l'heure n'appelle pas vraiment au calme, gloussa Jordan. Un éclair de désir traversa les yeux de Gabriel, qui ne put se retenir de rougir de plus belle. 

Au même moment, Jordan entendit son téléphone vibrer à côté de lui .C'était Marine qui l'appelait. Elle, il ne pouvait pas l'ignorer. 

Il se leva brusquement du canapé et se rendit sur le balcon pour téléphoner au calme. Il avait beau avoir confiance en Gabriel, il n'allait pas non plus parler juste à côté de lui de stratégie politique. 

- Allô ? 

- Ah Jordan, tu es vivant ! 

Jordan se pinça les lèvres. La voix de Marine était ironique et trahissait d'une profonde colère, voire même de la déception. Elle était sur les nerfs. Et Jordan savait pourquoi. Elle n'avait même pas besoin de lui hurler dessus. Il était tout simplement aux abonnés absents. 

- Désolé, en ce moment je n'ai pas vraiment la tête à travailler, je- 

- Les Français te font confiance Jordan, trancha Marine d'une voix sèche. Tu ne peux pas te permettre de batifoler au moment où tout le monde a le plus besoin de toi 

- Je ne batifole pas, répliqua Jordan. 

Il dû se retenir pour ne pas s'énerver. Il ne prenait pas des vacances, il travaillait toujours. La politique faisait partie de sa vie depuis longtemps. Il parlait politique, mangeait politique, dormait politique. Juste, il essayait de dégager du temps pour lui. Pour Gabriel. 

- Jordan, soupira Marine. Je te connais depuis assez longtemps. J'espère qu'elle en vaut la peine au moins ? 

Jordan ne répondit rien, sonné par cette question soudaine. Elle ne pourrait pas comprendre. Personne ne le pourrait. Il était condamné à porter ce secret et peut être que c'était ça la meilleure chose finalement. Pour une fois, une partie de Jordan Bardella n'était pas à la merci des journalistes, des cadres des partis, des militants. C'était son jardin secret. 

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant