Chapitre 26 - C'est toi ?

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Gabriel regardait Jordan, très inquiet. Il était dans son lit d'hôpital, le teint blafard, relié à des multitudes de fils. Il avait été pris en charge en urgence par l'équipe médicale, qui avait fait tout son possible pour stabiliser son état. Maintenant, il fallait attendre.

L'ancien Premier ministre était assis sur un fauteuil au pied de son lit et tenait toujours la main de Jordan dans la sienne, effectuant de petits cercles avec son pouce sur le dos de sa main.

Il n'avait pas bougé depuis des heures, peut être même des jours, il ne savait pas. Et il s'en fichait. Il devait être là pour lui, comme Jordan avait toujours été là pour lui ces six derniers mois.

Sa combativité l'impressionnait. Gabriel, à sa place, n'aurait pas tenu plus de trois semaines avant de complètement craquer. Il avait du mal à se rendre compte du calvaire que Jordan avait vécu ces derniers mois.

Essayer d'avancer, de faire semblant, d'arriver à vivre quand Gabriel était redevenu l'homme froid et distant, voir même méprisant et violent avec lui, était un fardeau insoutenable. Jordan n'avait jamais renoncé. Pour lui. Et ça, personne ne s'était dévoué corps et âme pour Gabriel.

Personne sauf Jordan.

Mais maintenant Gabriel était là, il était revenu. Et il n'allait plus jamais le lâcher.

Les heures s'étiraient dans la petite chambre d'hôpital, rythmées uniquement par le bip régulier des machines qui surveillaient les signes vitaux de Jordan. Qui veillaient sur lui. Gabriel, bien qu'épuisé, refusait de fermer les yeux.

Il ne voulait pas manquer un signe de réveil, une preuve que Jordan allait revenir à lui. Les médecins avaient été clairs : il fallait de la patience et du temps. Deux choses que Gabriel n'avait jamais su concilier. Mais parce que Jordan avait supporté les deux pendant - trop - longtemps, il allait le faire. Pour lui, pour eux.

Les souvenirs revenaient par vagues, douloureusement clairs dans l'esprit de Gabriel. Les disputes, les mots durs qu'il avait prononcés, les regards déçus de Jordan qu'il n'avait pas su comprendre.

Il se demandait comment il avait pu être aussi aveugle, aussi insensible à la souffrance de l'homme qu'il aimait. Il caressa doucement la joue de Jordan, comme pour se racheter, comme si ce geste pouvait effacer des mois de négligence et de froideur.

Il renifla, pleurant une nouvelle fois.

Il était horrible.

Il avait été horrible.

Jordan, ce jeune homme qui, il y a des mois encore, ne savait pas comment se comporter, comment concilier ses sentiments, avait tout fait pour lui, sans hésiter une seule seconde. Au risque de se compromettre politiquement, il avait tout tenté. Sans relâche.

Alors qu'il murmurait encore des mots d'encouragement à Jordan, Gabriel entendit le médecin faire interruption dans la chambre. Il s'approcha du lit pour vérifier les perfusions et les constantes de Jordan avec une attention méticuleuse.

Gabriel observa ses gestes sans rien dire, inquiet, le coeur au bord des lèvres. Il avait besoin de nouvelles. Il avait besoin que quelqu'un lui confirme ses espoirs.

- Vous savez, Monsieur Attal, commença le médecin d'une voix douce comme s'il lisait dans ses pensées, il a eu beaucoup de chance. Ses constantes sont incroyablement basses. Sa tension artérielle est à peine suffisante pour maintenir ses organes vitaux. Son corps est épuisé, il va avoir besoin de temps.

Gabriel serra un peu plus fort la main de Jordan, se sentant coupable de ne pas avoir remarqué à quel point il souffrait. Tout ça, c'était de sa faute. Comment avait-il pu l'abandonner ?

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant