Chapitre 20 - France

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Jordan réajusta sa cravate, observant son reflet dans le miroir devant lui. Il avait l'air en bien meilleure forme. Seule une attelle sur son poignet droit trahissait encore de la violence de son accident. Parfois ses côtes le lançaient mais en dehors de ça, il allait bien.

Physiquement, du moins.

Deux mois étaient passés depuis sa discussion avec Marine, dans sa chambre froide de l'hôpital de Rouen. Après l'officialisation de son nom au poste de Premier ministre, il avait passé les semaines suivantes en repos forcé dans une maison en Provence.

Même s'il occupait pleinement ses journées à alterner entre ses siestes et ses réunions obligatoires pour préparer la rentrée politique et parlementaire, il n'avait jamais arrêté de penser à Gabriel.

Souvent, il avait hésité à lui envoyer un sms. Il écrivait un petit mot puis restait le doigt en suspens au dessus du bouton "envoyer". Mais il ne le faisait jamais. Il avait peur de sa réaction et surtout peur de se blesser lui même encore plus en se heurtant à un mur douloureux.

De ce qu'il avait pu lire dans la presse, l'ancien Premier ministre se portait bien et profitait de ses vacances en famille. Personne n'avait eu d'autres nouvelles depuis son accident.

C'était aujourd'hui le 2 septembre et Jordan allait prononcer son discours de politique générale devant tous les députés.

A quelques minutes de sa prise de parole, Jordan sentit un brin de stress monter en lui. Il avait l'habitude des discours mais celui-ci était important, si ce n'est le plus important de sa vie.

Et Gabriel serait là.

Il avait été réélu député aux dernières élections législatives et président du groupe Renaissance. Il serait là, à l'observer, à le méprise du regard comme la dernière fois. C'était surtout ça qui lui faisait peur. Jordan ne l'avait pas revu depuis ces deux mois d'été très chargés pour lui. Il ne savait pas comment il allait vraiment, comment il se sentait. Peut être qu'il avait retrouvé ses souvenirs ?

C'est en priant pour cet infime espoir que Jordan finit d'ajuster sa cravate et ratura quelques mots sur son discours.

Au même moment, Marine passa sa tête dans l'encadrement de la porte.

- Prêt ?

- Prêt.

Jordan ne lui avait pas pardonné ses mots très durs de la dernière fois mais il faisait comme s'il n'avait pas envie de lui hurler dessus à chaque seconde. Le fait de l'avoir méprisé de la sorte l'avait profondément blessé et il ne voulait plus être blessé, par qui que ce soit.

Lorsqu'il entra dans l'enceinte de l'hémicycle, Jordan fut accueilli par un tonnerre d'applaudissements des rangs du RN. Avec des grands sourires et des mines radieuses, les centaines de députés le regardaient avec espoir gravir les quelques marches pour rejoindre la tribune.

Il disposa ses feuilles devant lui et bu une gorgée d'eau avant de commencer. Il promena son regard sur tous les députés présents. À gauche, les alliés du NFP semblaient consternés de le voir là. Au centre, quelques députés macronistes murmuraient entre eux. Il ne vit pas Gabriel et son coeur se serra.

Son discours fut parfait.

Jordan, malgré sa nervosité, trouva les mots justes pour captiver son auditoire. Chaque phrase était une promesse, chaque mot un engagement pour un avenir meilleur. Il parla de l'unité, de la force collective, et de la nécessité de surmonter les divisions pour bâtir une France forte et fière.

Une meilleure justice, plus ferme, plus dissuasive, avec plus de moyens, pour protéger tous les Français.

Une école de la République fière de son Histoire, de ses valeurs, pour protéger ses enfants de France et les élever, gommer les inégalités et leur assurer un avenir meilleur.

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant