NOTRE FRANCE - Bardella x Attal

Chapitre 18 - Vertige

Jordan avançait avec une détermination presque désespérée à travers les couloirs froids de l'hôpital. 

Chaque pas était une lutte contre la douleur physique qui lui lacérait le corps. À chaque mètre parcouru, Jordan se retenait de hurler. Sa jambe lui faisait atrocement mal, ses poumons étaient comprimés et sa tête le lançait horriblement. Une sueur froide perlait sur son front. 

Les bruits étouffés des machines médicales, le murmure lointain des conversations du personnel, tout semblait se mélanger dans une cacophonie oppressante. Il essayait de se concentrer sur ses pas et priait pour que sa vision se stabilise. Il voyait flou, les lumières dansaient devant ses yeux, sa tête tournait. 

Il plaqua sa main contre le mur pour éviter de tomber et laissa tomber sa béquille dans un boucan assourdissant qui résonna contre les parois de son cerveau. Il inspira profondément. Il devait y arriver, pour lui, pour eux. Il devait coûte que coûte retrouver sa chambre, lui parler, le voir, savoir qu'il allait bien. 

Il n'était rien sans lui. 

Jordan abandonna sa béquille et continua avec celle qu'il lui restait. Il ne savait même pas où il allait. Il se contentait de déambuler, à la recherche d'un indice qui le mettrait sur la piste de Gabriel. 

- Monsieur Bardella ? Qu'est-ce que vous faites ? dit soudain une voix derrière lui. 

Sans se retourner, Jordan chercha ses mots, luttant pour ne pas tomber. 

- Gabriel....S'il vous plaît, je dois le voir...

Une personne apparut dans son champ de vision. Peu à peu, Jordan parvint à y voir plus clair et la reconnut. Il s'agissait d'une des collaboratrices de Gabriel. Il avait oublié son nom mais il savait qu'elle faisait partie de son équipe. Au lieu de ses habituels regards froids et durs, elle lui lança une moue triste. 

- Monsieur Bardella, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, retournez dans votre chambre, le pressa-t-elle en posant une main réconfortante sur son épaule. 

Jordan secoua la tête négativement et recula d'un pas pour se dégager de son contact, en manquant de tomber. 

Sa tête le lançait horriblement. Il serra les dents pour compenser la douleur, retenant ses larmes. 

- S'il vous plaît...

La femme en face de lui sembla réfléchir un instant, prise entre la culpabilité et son sens du devoir. Puis elle souffla. 

- Ce n'est vraiment pas une bonne idée...Mais, il est au fond du couloir, la porte de droite. Vous ne m'avez jamais vue, lui dit-elle

Après un dernier regard inquiet, elle passa devant lui et se dirigea vers l'ascenseur pour disparaître quelques instants plus tard. 

Jordan hocha la tête, reconnaissant. La chambre de Gabriel se situait donc tout au fond du couloir. Il n'avait plus que quelques mètres à faire. 

Il fit un pas après l'autre. Ignorant la douleur, ignorant son coeur qui battait un peu plus fort à chaque mètre parcouru. 

La porte de la chambre se dressa devant lui, comme un dernier rempart entre lui et Gabriel. Elle semblait aussi l'alerter du danger. Il l'ignora complètement. 

Doucement, il posa sa main sur la porte et toqua. 

Une fois. 

Deux fois. 

Trois fois.

Pas de réponse. 

Jordan sentit son coeur s'emballer, imaginant tout de suite mille scénarios possibles. Il pressa sa main sur la poignée et, à sa plus grande surprise, la porte s'ouvrit.