Chapitre 8 - Errance

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Jordan ne savait plus où il était. Il était même dans un état second, complètement déboussolé, sous le choc.

Il avait claqué la porte et la loge et remontait le couloir. Sans se retourner. Il avait besoin d'un endroit au calme et au frais. Quelque part. N'importe où. Pour réfléchir. Calmer son coeur qui s'emballait.

Il entendit soudain des voix non loin, se rapprochant de lui. Il fit volte-face et dû plaquer sa main contre le mur pour ne pas tituber. Il devait impérativement reprendre ses esprits.

Il avait chaud. Terriblement chaud. Et un frisson glacial lui remontait de la colonne vertébrale. Partagé entre deux émotions, entre deux feux, il se consumait.

Son équipe devait être de retour dans sa loge, hors de question pour lui de s'y rendre. Il ouvrit la porte des escaliers de secours en un ultime effort. Peut être que là, il n'allait pas être dérangé.

Une fois seul dans la cage d'escalier glaciale et terne, il tenta de se rassurer, de reprendre le contrôle, mais en vain.

Une lourdeur s'installa dans sa poitrine, comme si un étau invisible se refermait autour de lui. Il avait de plus en plus de mal à respirer. Ses jambes flageolèrent et il s'appuya sur la rambarde pour ne pas tomber. Le bruit du battement de son cœur résonnait dans ses oreilles, tambourinant dans sa cage thoracique, s'amplifiant à chaque seconde. Son cerveau lui repassait sans cesse les images de Gabriel devant ses yeux et ses paroles résonnaient dans tout son corps.

Il essaya de respirer profondément, comme tout à l'heure mais l'air semblait refuser d'entrer dans ses poumons. Ses pensées s'embrouillèrent, une panique irrationnelle le submergea. Il lui était déjà arrivé de paniquer mais pas à ce point là.

Ses yeux se fermèrent instinctivement, comme pour échapper à la réalité qui l'oppressait. Il se laissa glisser contre le mur, ses mains agrippant frénétiquement sa veste à la recherche d'un peu de soulagement. Il s'en débarrassa rapidement et l'envoyer voler. D'un geste brusque, il ouvrit sa chemise en faisant voler les boutons. Une bouffée d'air frais vint rafraîchir un court - mais précieux - instant son corps. Il en profita pour prendre une grande inspiration.

Il reprenait peu à peu le contrôle. Au bout d'une dizaine de minutes, Jordan avait retrouvé une respiration convenable. Bientôt, sa température corporelle redevint normale. Il se remit sur pied doucement et ramassa sa veste. Par contre, pour sa chemise, il ne pouvait rien faire. Tant pis. Il remit sa veste et tenta tant bien que mal de cacher les pans déchirés de son vêtement.

Jordan passa une main dans ses cheveux pour remettre les quelques mèches rebelles dans le bon sens. Il s'observa un instant dans le reflet de son téléphone et eut un soupir de satisfaction. Il avait retrouvé une allure convenable.

Calmement, il se dirigea vers la porte et se retrouva dans le couloir de France Télévisions. Il avait disparu pendant plus d'une vingtaine de minutes, entre la fin de l'émission, son passage dans la loge de Gabriel et son moment...d'égarement, dans la cage d'escalier. Ses équipes devaient être paniquées.

À peine était-il sorti qu'il aperçut son attachée de presse à l'autre bout du couloir, l'air paniquée. En le voyant, elle poussa un profond soupir et se dirigea vers lui.

- Jordan, sérieusement, on te cherchait partout, commença-t-elle, la mine crispée.

- Excuse moi, dit simplement, j'avais un coup de téléphone urgent à passer. J'aurais dû vous prévenir. Mais nous pouvons y aller, rajouta-t-il en se dirigeant de lui même vers sa loge.

Son attachée hocha la tête, la mine un peu perplexe, mais le suivit sans faire plus de commentaire. Il était déjà bien tard et il était l'heure pour tout le monde de rentrer chez soit, elle y compris. Jordan entra dans sa loge et constata que toute son équipe l'attendait avec impatience, presque avec inquiétude. Il sourit et s'en excusa, confus.

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant