Chapitre 5 - Ambition

1.1K 38 26
                                    

Après quelques instants à réfléchir, Gabriel était rentré sans un mot dans sa loge. Ses équipes l'avaient interrogé du regard, il évita la question en prétextant qu'il avait eu un appel urgent à passer. Ils acquiescèrent et prirent chacun leurs affaires pour sortir de la pièce. Bientôt, Gabriel fut le dernier, avec son directeur de cabinet. Celui-ci se rapprocha de lui en souriant.

- Quoi ? demanda Gabriel, le sourcil levé.

Son directeur de cabinet lui tendit son téléphone portable avec un petit sourire en coin. Visiblement il avait oublié son iPhone sur le plateau. Son excuse tombait à l'eau.

- Merci, répondit-il simplement. Son "dir cab" n'insista pas et Gabriel appréciait sa discrétion.

Il avait choisi les membres de son équipe rapprochée avec une précision redoutable et ils se connaissaient depuis des années maintenant. Celui-ci était même bien plus que son collaborateur, c'était un ami. Il avait sûrement compris quelque chose. Quoi exactement, ça Gabriel ne le savait pas mais ce n'était pas le moment des confidences. Cette discussion avec Jordan resterait entre eux.

Dans sa voiture sur le chemin du retour, il se risqua à regarder son fil Twitter. Il vit passer quelques memes habituels, des extraits de clashs. Puis il vit les articles de presse et autres tweets qui mentionnaient leur échange houleux. Il sentit son coeur se serrer.

Le Figaro : Débat Attal - Bardella : le duel politique devient-il un conflit personnel ?

Franceinfo : Attal et Bardella : entre tensions et reproches personnels, qu'en est-il de la relation des deux hommes ?

Franceinter : Jordan Bardella, l'homme sans coeur ?

Il surpris plusieurs tweets qui le félicitaient d'avoir mis Jordan au pied du mur et d'avoir révélé "sa vraie nature de sociopathe", d'autres lui reprochaient cette méthode "digne de l'extrême-gauche". Il ne savait pas quoi en penser.

Dans les boucles de messagerie avec les députés de la majorité, évidemment il n'avait que des éloges. Ses collègues haïssaient tellement le RN et surtout Jordan Bardella, qu'ils se délectaient de toutes les insultes, fondées ou non , méritées ou pas.

Il pesta intérieurement quand il nota que l'équipe de Jordan tardait un peu à publier les extraits du débats sur ses différents réseaux sociaux. Couper la fameuse séquence prenait plus de temps que prévu visiblement. Ou alors c'était autre chose ? Il ne savait plus quoi penser.

Le trajet de retour fut rapide. Gabriel remercia son équipe et se réfugia dans son appartement, claquant la porte. Il était plus de minuit passé. Il sentit d'un coup toute la fatigue et tout le poids de la journée s'abattre sur ses épaules et bâilla profondément.

Soudain, quelqu'un toqua à sa porte. A minuit et demi, sérieusement ? Il alla ouvrir en traînant des pieds. En ouvrant la porte, il écarquilla les yeux. Emmanuel Macron, en pleine forme, se tenait devant lui tout sourire. Dans une main, une bouteille d'une très bonne cave de Bourgogne.

- Qu'est-ce qu'on fête exactement ? demanda Gabriel. Sa visite surprise ne l'étonnait pas vraiment, c'était une habitude chez lui de se pointer comme bon lui semblait.

- Hmm, à choisir, je dirais la chute de Bardella dans les sondages ? rit le Président, en s'engouffrant dans l'appartement de son Premier ministre avant même qu'il ne lui ouvre complètement la porte.

Ce dernier soupira et ferma derrière lui. Il rejoignit Emmanuel dans son salon, qui avait déjà pris ses aises et s'était empressé de déboucher la bouteille et de remplir deux verres. Remplir très généreusement.

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant