Chapitre 9 - Normalisation

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Jordan passa le reste de la journée à tourner en rond chez lui. Il parvint tout de même à dormir quelques heures, ce qui l'occupa un moment. Mais il se faisait mille scénarios dans sa tête, se torturant l'esprit pour savoir quelle position adopter.

Plus l'heure de son rendez-vous approchait, plus il se sentait impuissant et un sentiment de désespoir lui déchirait les tripes. Il fallait qu'il mette un terme à tout ça et vite. Il ne pouvait pas survivre à une pareille relation. Rien qu'en moins de trois semaines, il avait réussi à perdre le contrôle un nombre de fois incalculables.

20h30. Quelqu'un sonna.

Jordan prit une grande inspiration. Et il alla ouvrir.

Gabriel se tenait devant lui, simplement dans une chemise légère, sa veste posée sur son avant bras. Il faisait une chaleur infernale dans la capitale française et visiblement il avait eu chaud. Jordan vit un peu de sueur perler à son front. Ils restèrent quelques secondes à se dévisager en silence. Le Premier ministre avait les cernes plus creusées et les cheveux moins soignés qu'à l'ordinaire. Quant à Jordan, malgré une journée de repos, il était plus fragile que jamais.

- Entre, dit-il à Gabriel. Il le laissa rentrer dans l'appartement pendant qu'il fermait la porte. En silence, il lui indiqua le chemin du salon.

Le Premier ministre ne dit rien. Il se contenta d'observer la pièce en silence et posa sa veste sur le rebord du canapé.

- Merci, finit-il par dire.

Jordan, les mains dans les poches pour tenter de cacher ses tremblements, haussa un sourcil.

- Merci pour ?

- Pour avoir accepté qu'on discute, murmura Gabriel. Je pense que c'est important.

Ils restèrent tous les deux debout en silence, séparés uniquement par l'immense canapé du salon. Jordan hocha la tête. Il ne savait pas par où commencer. Lui qui d'habitude pouvait se sortir de n'importe quelle situation.

- Je suis désolé, s'excusa-t-il au bout de quelques secondes. Pour l'autre jour, je n'aurais pas dû.

- Vraiment ? questionna Gabriel en se rapprochant.

Il contourna le canapé et se planta devant le président du RN, qui sortit les mains de ses poches. Instinctivement, il recula d'un pas ou deux. Ce qui ne découragea pas le Premier ministre, qui continua à se rapprocher. Bientôt, ce fut au tour de Jordan de finir acculé contre la cheminée. Il déglutit lentement et regarda ailleurs.

Il savait que s'il croisait encore une seule fois son regard, il perdrait pied.

- Oui, insista Jordan dans un souffle. C'était une erreur, j'étais...fatigué et probablement un peu perdu.

- Je crois que tu mens, affirma Gabriel, d'une voix posée.

Il posa sa main sur le bras de Jordan. Il sentit le corps du président du RN se raidir. Il n'osait toujours pas le regarder mais le Premier ministre, lui, surveillait la moindre de ses réactions, chaque trait de son visage.

Le coeur du Premier ministre battait à tout rompre. Les mains de Gabriel étaient moites, sa gorge sèche. Il le rendait complètement fou.

- Tout ton corps hurle le contraire Jordan, pourquoi est-ce que tu t'obstines, murmura Gabriel.

Jordan osa enfin tourner son visage et regarder son interlocuteur dans les yeux. Il s'attendait à y voir des reproches et une forme de désespoir, il y vit seulement de la tristesse et beaucoup de compassion. Gabriel eut un petit sourire triste. Jordan sentit son coeur s'emballer à nouveau.

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant