Le tournant de ma vie

32 5 6
                                    

« Si j'avais à écrire un livre de morale, il aurait cent pages et quatre-vingt-dix-neuf seraient blanches. Sur la dernière, j'écrirais : je ne connais qu'un seul devoir et c'est celui d'aimer . Et pour le reste, je dis non. Je dis non de toutes mes forces, car l'amour est le seul vrai sentiment »
- Albert CAMUS

Le moment le plus marquant et bouleversant de ma vie s'est déroulé à Marseille en 2023.

Pour mieux comprendre cet événement avec précision, commençons par une description globale de la ville. Souvent perçue comme une simple ville portuaire où les échanges commerciaux sont monnaie courante, Marseille mérite qu'on s'attarde sur sa beauté singulière.

La cité, baignée par la lueur argentée de la lune et la douce étincelle des étoiles, ne connaît pas de répit ; ses rues et ses quartiers fourmillent d'activité.

Les habitants aiment se retrouver dans les restaurants pour savourer la vie sous la clarté lunaire, partager un café autour d'un repas chaud préparé avec soin et affection. Les pavés usés chuchotent d'antiques secrets, témoins de la longue histoire de la ville ; les façades des bâtiments racontent mille récits.

Les senteurs des rues peuvent parfois surprendre, mêlant épices enivrantes, parfum d'olives et piments. En tendant l'oreille avec attention, on peut entendre les éclats de rire des marchands et maraîchers échangeant avec les clients, discutant à l'abri des bâtisses au charme d'antan.

Marseille est une ville vibrante, mosaïque de cultures, de sons, de couleurs, avec ses multiples marchés. Pour un étranger, Marseille peut sembler similaire à d'autres villes françaises, mais elle possède une richesse et une diversité qui lui sont propres.

Après tout, Marseille n'est pas simplement une ville peuplée d'habitants, agrémentée de végétation et de nombreux bâtiments tels que des mosquées, des marchés et des boutiques. En réalité, la cité est bien plus que cela !

Marseille est un monde à part entière, un havre de paix où les occupations offrent une sorte de paradis terrestre. Les habitants déambulent dans les rues avec insouciance, appréciant les plaisirs simples de la vie tels que regarder des films au cinéma, participer à des veillées nocturnes ou se baigner sur les plages pittoresques de la ville.

C'était un mardi de juillet : la journée s'annonçait ensoleillée, sans nuage à l'horizon, des oiseaux volaient dans le ciel azur pendant que des enfants s'amusaient à faire voler leurs cerfs-volants le plus haut possible.

Les arbres se dressaient majestueux, revêtus d'un vert éclatant, tout comme l'herbe qui poussait dans les jardins des habitations. Tout présageait une journée magnifique et merveilleuse en ce mois d'août.

Je me suis levée à neuf heures, perturbée par les bruits incessants de mon réveil que j'avais programmé la veille. Après m'être habillée et avoir pris mon petit-déjeuner, je me suis dirigée vers la porte de sortie de mon immeuble pour me rendre à l'hôpital où mon mari était hospitalisé depuis cinq mois.

La plupart de mes journées se résumaient à lui rendre visite et à rester à son chevet pendant de longues heures. En descendant les escaliers en ébène, je fus saluée par le concierge de l'immeuble :
— Bonjour Madame Auberivière. Comment allez-vous aujourd'hui ?
— Bonjour Monsieur. Je vais bien, et vous ?
— La journée est si belle, dit-il avec émerveillement.
J'hochais la tête machinalement en regardant par la fenêtre des escaliers.
— Vous avez raison.
— Pourquoi êtes-vous si pressée ? chuchota-t-il.
— Je vais...
— Est-ce que vous vous rendez à l'hôpital ?

Je détestais profondément sa manie de ne pas laisser les gens finir leurs phrases.

Qu'est-ce que cela lui apportait de couper les gens au juste ?
— Il le faut bien.
J'accélérai le pas jusqu'à arriver au centre hospitalier en trente minutes. Je montai les escaliers à la hâte, pressée de revoir mon mari, et, rapidement, j'atteignis l'accueil. Des infirmières me regardaient avec tristesse. Peut-être passaient-elles une mauvaise journée ?

Leurs regards devenaient de plus en plus insistants, et certaines murmuraient entre elles. "La pauvre femme", "C'est si dommage pour elle", "Le destin s'acharne contre elle, n'est-ce pas ?" étaient des phrases que j'entendais à chacun de mes pas. Je ne savais pas trop quoi en penser.

Peut-être parlaient-elles d'une patiente décédée. À l'accueil, une secrétaire m'accueillit :
— Bonjour", dis-je.
La secrétaire me regarda de manière morne.
— Bonjour Madame Auberivière."
— Que se passe-t-il ? Vous avez l'air vraiment triste. Avez-vous appris une mauvaise nouvelle ?"
— Non..."
Elle détourna son regard du mien, semblant aussi coupable qu'un meurtrier face aux proches de sa victime lors d'un procès, et griffonna quelque chose d'indéchiffrable sur une feuille de papier vierge.
— Le médecin de votre mari vous attend dans son bureau. Il souhaite vous voir."
— Pourquoi ?"

Ses lèvres tremblèrent, donnant l'impression qu'elle me cachait quelque chose. Qu'est-ce qu'elle avait à me cacher ? Ma réflexion fut interrompue par l'arrivée du médecin de mon mari qui s'approchait en m'appelant. C'était un homme d'âge mûr, proche de la retraite, avec des épaules larges, une longue moustache noire et un visage carré.

Il me regarda étrangement, semblant attendre une réaction de ma part. Ensemble, nous nous dirigeâmes vers son bureau situé au bout du couloir.

Le cœur en lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant