Le moment des adieus

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"Construis-toi pour te surprendre, l'important n'est pas d'être, mais de devenir."
- Franz KAFKA

Une semaine après le décès de mon mari, c'était le jour de ses funérailles. Et malheureusement, c'était aussi notre anniversaire de mariage. Trente-cinq ans ensemble, et me voilà déjà veuve. Le destin semblait s'acharner contre moi. C'était étrange, angoissant, et déprimant. En rentrant du lieu de la cérémonie, je m'étais effondrée en pleurant, en sanglotant, en criant de toute mes forces. Il me fallait désormais faire mon deuil. Mais comment ? Il était tout pour moi. Il était ma source de bonheur, mon monde, ma vie, mon amour, mon chéri, mon univers, ma raison de vivre.

Après quelques minutes qui semblaient une éternité, je me suis relevée et suis montée dans ma chambre. Le jour des funérailles de mon mari était à la fois le jour le plus sombre de ma vie, mais aussi celui où j'avais ressenti un soutien inconditionnel et une compassion incroyable de la part de notre famille et de nos amis. La cérémonie avait eu lieu dans la petite église de la ville, là où nous nous étions mariés. Je repensais avec légèreté à ses funérailles, où chaque détail avait été pensé avec minutie pour lui rendre hommage de la plus belle et la plus importante des manières.

En arrivant à l'église, j'avais été submergée par une vague d'émotions. Existait-il une souffrance plus grande que celle que je venais de vivre ? La vue des visages familiers, des amis et des membres de notre famille venus lui rendre un dernier hommage était à la fois réconfortante et déchirante. Tous venaient me voir pour m'adresser des mots doux et m'encourager pour la suite. Leur amour et leur soutien étaient si réconfortants.

Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était le signe de la perte à tout jamais de mon mari. Des chants et des prières silencieuses avaient permis de commencer la cérémonie en début d'après-midi. Chaque personne présente avait pris la parole, ne serait-ce que pour quelques minutes, pour partager un souvenir, une anecdote, un moment marquant. Pendant plus d'une heure, chacun de ses amis ou membres de notre famille avait exprimé sa tristesse mais aussi sa joie en se remémorant d'anciens souvenirs précieux.

Pendant l'éloge funèbre, je ne pouvais m'empêcher d'écouter attentivement les mots prononcés pour honorer la mémoire de mon mari. C'est à ce moment-là que j'avais réalisé à quel point il avait été une personne spéciale pour eux. Les larmes coulaient en abondance, mais je me sentais entourée d'une force et d'un amour qui pouvait vaincre tout, même le deuil, même la mort.

Après la cérémonie, nous nous étions rendus silencieusement au cimetière. Un cortège immense de gens suivait son cercueil. J'avais réalisé que l'amour était plus fort que la mort. Est-ce que l'amour pouvait transcender la mort ? J'avais jeté une rose rouge sur son cercueil avant de lui dire au revoir pour la dernière fois. La terre avait recouvert son cercueil en un instant, et mon cœur s'était déchiré. Je voulais juste oublier cette journée.

Soudain, quelqu'un avait touché mon épaule. En me retournant, j'avais vu que c'était sa mère. Des larmes coulaient sur ses joues, mais elle me souriait en regardant le cercueil être enterré.

— Comment vas-tu, Marie ?

— Pour être honnête, je vais très mal. Comment vais-je faire sans lui ?

— Tu es forte, Marie. Tu réussiras à mener une belle vie malgré son absence.

— Madame, j'ai tellement mal. Comment vais-je survivre sans lui ? Je préférerais mourir...

— Ne dis pas ça, Marie. Sa mort nous a tous dévastés, mais tu dois rester forte. Si je peux le faire, tu peux le faire aussi.

En reprenant mes esprits, je suis retournée dans ma chambre qui semblait désormais si vide sans sa présence. Une fois arrivée, je me suis dévêtue et me suis dirigée vers son ancien bureau. Dans la pénombre tamisée de la pièce, les rayons du soleil se faufilaient à travers les rideaux, illuminant mes yeux emplis de douleur. Une odeur familière m'a enveloppée, un parfum citronné mêlé de notes de santal. Le cœur serré, j'ai ouvert les tiroirs où il rangeait ses documents et ses dossiers, car je devais maintenant les trier. Sur une étagère, j'ai remarqué une boîte étrange. Les mains tremblantes, je l'ai saisie et examinée avec curiosité.

À voix basse, j'ai murmuré : "C'est la boîte que m'avait donnée la réceptionniste de l'hôpital." Malgré l'étrangeté de la situation, je sentais sa présence tout autour de moi, son parfum devenant de plus en plus envoûtant. En tenant fermement la boîte, une enveloppe jaunie en est tombée par terre. En me baissant pour la ramasser, j'ai aperçu une inscription en encre noire : "Pour ma Marie. Lis-la lorsque je ne serai plus de ce monde." Mes yeux se sont écarquillés en découvrant cette mystérieuse inscription. En touchant l'enveloppe, j'ai remarqué sa texture rigide et épaisse. Je l'ai prise et je l'ai déchirée maladroitement. À l'intérieur se trouvaient une trentaine de pages blanches, couvertes d'écriture soignée et hâtive à l'encre noire de Chine. Avait-il écrit cette lettre pour moi ? J'ai saisi la première page où était inscrit : "À toi, ma chère Marie. Lis cette lettre à ma mort." Il m'a fallu peu de temps pour reconnaître son écriture. Avait-il rédigé cette lettre spécialement pour moi ? J'ai effleuré délicatement les feuilles et commencé à les lire :

"Ma chère Marie,

J'espère sincèrement que mes mots te sont parvenus et que l'hôpital t'a bien remis cette boîte. Si tu lis cette lettre, ô ma douce, c'est que je ne suis plus de ce monde, emporté par la maladie. Je veux que tu saches à quel point tu as illuminé ma vie. Une vie courte, triste, tumultueuse et désespérée. Le but de cette lettre est que tu comprennes combien tu as été précieuse pour moi, apportant de la gaieté à ma vie. Je te l'écris pour que tu ne m'oublies pas, pour que tu te souviennes toujours de nos moments passés ensemble."

Le cœur en lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant