6. Petit faon

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Florence and the Machine – Kiss with a fist

Holy-motherfucking-shit. Quand votre réalité prend une telle tournure que le sol tremble sous vos pieds.

Je n'arrive pas à croire qu'il y avait un téléphone dans la baraque pendant tout ce temps. Comment ai-je pu passer à côté ? Je pourrai appeler les flics et prétendre qu'on m'a kidnappée ! Mes gardiens ne pourront rien faire pour les empêcher de me secourir.

Et quand ça sera fait, je serai libre.

En attendant, la sonnerie meurt avant de retentir de nouveau trois secondes plus tard. J'intime à mes jambes flageolantes de me porter jusqu'à sa source. Tout en surveillant le loup à ma porte du coin de l'œil, j'ouvre le premier tiroir du buffet, et...

Merde. Comment ce téléphone a-t-il atterri là ? Il ressemble à l'un de ces appareils jetables que l'on voit parfois dans les films d'espion. Je m'en saisis, convaincue jusqu'au bout des ongles de ne l'avoir jamais aperçu auparavant.

Le minuscule écran affiche : « le chasseur ».

Surprise mais peu impressionnée, j'arque un sourcil en direction de l'homme. Il a dû le planquer ici quand il s'est introduit chez moi hier. Était-ce l'unique fois ? À quel point s'est-il approché de moi à mon insu ? De toute évidence, il aurait pu me tuer dans mon sommeil. Ce n'est pas un verrou qui l'arrêtera.

Alors pourquoi diable suis-je encore en vie ?

— Allô ?

Le chasseur apporte son téléphone à son oreille.

— Bonsoir, petit faon.

Un frisson me parcourt l'échine. L'intonation de sa voix est plus rauque et profonde que je ne l'imaginais... et indéniablement séduisante, ça me fait chier de le reconnaître.

— Bonsoir, Stalker.

— Tu sembles passer une bonne soirée.

Je balance mes hanches d'un côté en esquissant un rictus amusé. Le con est déjà fou amoureux de moi.

— Elle se passerait mieux si tu m'avais apporté des sucreries.

— Ah ? Mais dis-moi, pourquoi édulcorer son quatre heures ?

— Pour le rendre plus appétissant ? roucoulé-je en ondulant le bassin pour m'asseoir sur le rebord du canapé.

Il penche la tête sur le côté, son visage toujours plongé dans l'ombre.

— Tu gâches ton potentiel en squattant cette baraque, ricane-t-il à l'autre bout du fil. Une bouche comme la tienne a toute sa place dans le meilleur bordel de la ville.

Tout en faisant mine d'inspecter mes ongles, je rétorque :

— Et si t'approchais pour que je te montre à quel point je suis douée avec ma bouche ?

J'entends son sourire carnassier dans sa voix lorsqu'il répond :

— Pour que tu puisses me dépecer avec ton petit couteau ? Peut-être une prochaine fois.

Mon cœur rate un battement. Sans quitter la silhouette à ma fenêtre des yeux, je tâte le canapé à la recherche de mon arme.

Elle a disparu.

— Fouille entre les coussins, il a peut-être glissé.

Je me redresse d'un bond et exécute un demi-tour sur moi-même. C'est forcément lui qui me l'a chipé, pourtant je suis seule dans le salon. Comment a-t-il pu me le dérober sans déserter son poste ? À moins que...

RavagésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant