Chapitre 2 : une situation des plus épineuses

474 16 4
                                    

Quand Gabriel arriva sur le plateau télévisé pour se préparer au débat de ce soir, la première chose que firent les maquilleurs fût de masquer ses énormes cernes à l'aide de puissants fonds de teint. Son teint blafard et ses cheveux en pagaille lui donnait un air négligé qui ne plaisait pas à ses attachés de presse, censés s'assurer que toutes ses apparitions publiques se déroulent sans encombres et, bien qu'ils ne firent aucun commentaires, Gabriel pouvait sentir la désapprobation de son équipe devant son manque de soin envers lui-même.

 Malheureusement, la politique lui prenait tout son temps et toute son énergie, et il ne lui en restait plus aucune pour pouvoir prendre soin de lui.

 Il les remercia et, dés qu'ils eurent finalisé son maquillage, ou plutôt son camouflage, Gabriel courut se réfugier aux toilettes pour régurgiter le peu de nourriture qu'il avait avalée cet après-midi. Malgré la demi-journée de congé que lui avait attribué le Président, il n'avait pas réussi à fermer l'oeil et avait préféré se replonger dans ses comptes et ses projets de réforme, à défaut de trouver le sommeil.

Sa tête lui tournait et il n'était pas sûr de pouvoir tenir encore longtemps à ce rythme. Des chiffres tournait en boucle dans son esprit et des images de Stéphane, son ancien conjoint, venait le tourmenter, en plus de tout le reste, rendant sa tête aussi lourde qu'un seau.

Bien que cela fasse plus de deux ans que le député l'avait quitté pour un autre, la blessure était encore à vif et il arrivait parfois à Gabriel de se réveiller en plein milieu de la nuit et de se demander pourquoi Stéphane ne se trouvait pas à ses côtés. Leur relation avait été tendre, douce et Gabriel n'aurait jamais souhaité qu'elle se termine. Malheureusement, dans un de ses moments d'égarement, il avait préféré se consacrer entièrement à sa carrière, mettant sa vie amoureuse entre parenthèse, et Stéphane en avait déduit que le Premier Ministre ne tenait plus à leur relation et avait préféré refaire sa vie en compagnie d'un autre député. Ils se croisaient souvent, Stéphane Séjourné étant ministre de l'Europe et des affaires étrangères, mais Gabriel avait encore du mal à entièrement lui pardonner et à accepter l'amitié sincère que le ministre était prêt à lui offrir, à défaut d'amour. Un coeur meurtri est l'une des seules blessure que seul le temps peut soigner, pensa-t-il.

Alors qu'il sortait de son cabinet pour se rincer la bouche, il entendit la porte grincer et se redressa brusquement.

C'était Jordan. Jordan Bardella. Gabriel sentit le rouge lui monter aux joues à la pensée d'avoir été surpris en plein moment de panique par son éternel adversaire, et il soutint difficilement le regard de braise du Président du RN. Celui-ci lui adressa un sourire énigmatique, mis ses mains dans ses poches et s'adossa à la porte des toilettes, une lueur moqueuse dans les yeux, sans aucune intention de laisser le Premier Ministre seul durant l'un des rares moments où la pression avait eu raison de lui.

- Monsieur Attal, lui dit-il avec un hochement de tête faussement respectueux. Ne seriez-vous pas en train de paniquer à l'idée que je vous batte pendant le débat de ce soir ?

Si la bouche de Gabriel n'avait pas été envahie d'une atroce odeur de vomi, il aurait ri de la suggestion du Président du Rassemblement National. Comme si son seul souci était de battre Jordan Bardella ce soir, chose qu'il parvenait à faire aisément sans même se préparer à l'avance. Il préféra lui répondre avec son flegme habituel.

- Même mourant, je continuerais à vous battre et ce sans la moindre difficulté, Monsieur Bardella.

- Que faites-vous donc ici à quelques minutes de l'ouverture de la soirée, le visage en sueur ?, rétorqua le plus jeune.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant