Chapitre 15 : une vie privée des plus publiques

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- Je propose que l'on écarte Gabriel Attal de cette campagne !

Cette proposition fût accueillie par de nombreux signes d'approbation, reflétant ce que tous les membres d'Ensemble pensait tout bas. Voilà plusieurs heures que la réunion avait commencé et que Gabriel se prenait en pleine face toutes les remarques désobligeantes des membres de son parti. Certains étaient près à ruiner sa carrière pour sauver le camp présidentiel, en proposant par exemple de bannir le Premier Ministre du parti et d'affirmer à la presse que Gabriel était un espion du Rassemblement National. D'autres, plus modérés, souhaitait simplement qu'il se fasse discret jusqu'à la nomination d'un nouveau Premier Ministre car, oui, ils en étaient tous persuadés désormais, Gabriel devrait quitter son poste dès le lundi suivant. Et puis d'autres, comme Stéphane, se contentaient d'observer Gabriel avec une profonde déception dans le regard, ce qui était plus humiliant encore que toutes ses idées formatées devant lui.

Tous évitaient de parler du discours de Jordan Bardella. Ils savaient évidement que cette histoire de coalition était fausse mais chacun se demandait pourquoi Jordan avait voulu protéger Gabriel de la sorte. Après tout, en ne disant rien, la situation lui aurait été bien plus favorable. Sous les regards interrogateurs de ses collègues, Gabriel restait muet. Il ne pouvait pas leur révéler la nature de leur relation. Il ne pouvait pas leur révéler ces petits moments qu'ils avaient partagé. Ils n'étaient pas nombreux, certes, mais suffisamment pour que Gabriel comprenne qu'un lien puissant commençait à se créer entre eux. Un pur lien amical ? Oui, mais les amis ne trésaillent pas quand leurs peaux se touchent, les amis ne s'observent pas quand l'autre a le dos tourné, les amis n'ont pas de Petits Monstres logés au coin de leur ventre... Alors quoi ? Qu'était-il réellement en train de se passer entre eux ?

La réunion continua longtemps mais Gabriel ne fût pas attentif tout du long. Il était très désagréable d'entendre ses amis parler de soi comme si l'on existait pas et puis, parmi tous ces gens hypocrites, seul l'avis d'Emmanuel Macron lui importait. Le Président n'était pas présent car il avait des rendez-vous plus importants mais Gabriel était sûr qu'il le comprendrait, s'il était là.

Vers seize heures, ses oreilles sifflaient et il n'en pouvait plus de ses associés. Il prit alors congé et sortit de la salle de réunion, soulagé et impatient, bien malgré lui, de revoir Jordan. Il reçut alors un appel de sa sœur, Fanny, et vit qu'elle avait déjà essayer de l'appeler plusieurs fois dans la matinée. Il décrocha et sa voix lui parvint à travers le combiné.

- Fanny, comment vas-tu ? J'étais en réunion, désolé.

- Comment ça, comment vas-tu Fanny ?!, lui cria-t-elle. Je viens te chercher en voiture, il faut qu'on parle.

Sur ce, elle raccrocha, laissant un Gabriel abasourdi. Il est vrai qu'il ne lui avait pas parler depuis vendredi, mais qu'y avait-il de si urgent ? Et puis Gabriel se souvint qu'ils n'avaient pas encore discuter de Jordan. Merde.

Sa soeur arriva dans sa petite voiture rouge vieille de plusieurs années. Gabriel lui avait maintes fois proposer d'en racheter une avec son salaire confortable de député et, plus tard, de Premier Ministre, mais elle y était terriblement attachée. Il monta à bord et se confronta au regard qui lançait des éclairs de sa soeur.

- DONC ÇA FAIT QUE JE TE LÂCHE DE VUE TROIS JOURS ET TU EN PROFITES POUR SEMER LE BORDEL DANS TOUTE LA FRANCE EN TRAINAIT AVEC CE TROU DU CUL DE JORDAN BARDELLA ?

Dans d'autres circonstances, Gabriel aurait ri de la franchise si caractéristique de sa soeur mais là, il faisait face à une tempête qu'il valait mieux ne pas déranger.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant