Chapitre 35 : un scandale des plus mémorables

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La soirée passa à toute vitesse. Après avoir échangé quelques autres banalités dans un silence embarrassé, Stéphane Séjourné avait fini par quitter l'hôpital et la mère de Gabriel était venue le voir, accompagné par son petit frère, Nokolaï. Le Premier Ministre l'avait prévenue, pour le chantage, pour le lendemain, pour sa carrière qui allait être mise en parenthèses. Elle n'avait pas dit un mot, mais Gabriel avait senti, à travers son regard et ses yeux humides, qu'elle brillait de fierté pour lui. Depuis l'ascension de son fils en politique, elle était habituée à protéger sa vie privée, ainsi que sa famille, et, si elle devait se confiner chez elle durant plusieurs mois pour éviter les journalistes afin que son fils puisse vivre son histoire d'amour avec Jordan Bardella le plus tranquillement possible, elle le ferait sans hésiter. C'était une femme forte, compréhensive et terriblement attachée à sa famille et à ses valeurs.

Elle l'avait donc simplement pris dans ses bras en apprenant la nouvelle, ses pleurs imbibant la chemise du Premier Ministre, et lui avait assuré qu'elle serait toujours là pour lui, quelques soient ses choix. Ils n'avaient pas reparlé de sa prétendue tentative de suicide, ils n'en avaient pas eu besoin. Son fils était là, en vie, et c'était tout ce que Marie avait besoin de savoir. Quand à son petit frère, trop jeune pour comprendre la gravité de la situation de son grand frère, il lui avait simplement demandé en riant quand est ce que Jordan et lui allaient se marier, ce à quoi Gabriel avait répondu, amusé, qu'il attendait toujours la demande de son amoureux.

La soirée était donc déjà bien avancée, et Jordan était revenu dans la chambre de Gabriel pour profiter des derniers instants qu'il passait avec son bien-aimé, sans avoir les caméras braquées sur eux. Jordan n'avait pas posé de questions sur l'imposant bouquet de roses posé sur la table de la chambre mais il se doutait bien qu'il ne venait guère de la famille proche de Gabriel, pour qui l'amour transmis par des paroles était bien plus important que l'amour transmis par des présents. Peut-être cela venait-il de l'un des membres de son parti ? Dans tous les cas, Gabriel lui fût reconnaissant de ne pas lui avoir poser trop de questions : lui expliquer que son ex s'était déplacé jusqu'ici pour regagner ses faveurs n'était pas des plus simples.

Enlacés, en silence , ils étaient étrangement calmes et sereins. Seuls le bip régulier des machines et l'agitation du couloir venait troubler ce beau moment qu'ils partageaient et Gabriel avait posé sa tête sur le torse de Jordan, tandis que celui-ci passait distraitement sa mains dans les cheveux du Premier Ministre. Peut-être qu'ils se sentaient si calmes parce qu'ils étaient enfin réunis, sans plus aucune barrière du mensonge entre eux. Peut-être était-ce parce qu'ils avaient mis énormément de temps pour en arriver là.

Mais peut-être était-ce avant tout parce qu'ils étaient amoureux, et que leur amour les protégeait de la peur, des doutes, et, surtout, de la haine.

Jordan chuchota à Gabriel, en caressant son menton des doigts :

- Pas de regrets ?

- Aucun, lui répondit-il en l'embrassant doucement sur les lèvres.

Jordan lui déposa un baiser sur la main en signe d'engagement et il sentit que leur relation venait de franchir, encore une fois, une nouvelle étape : presque vingt ans après leur première promesse, ils venaient de s'en dire une autre et, cette fois-ci, ils n'avaient aucunement l'intention de la trahir.

Lorsque Gabriel se fût endormi, Jordan sortit discrètement de son lit et sortit de l'hôpital, terriblement agité à cette heure tardive de la nuit. Le sommeil le fuyait comme la Peste, et, même avec le Premier Ministre à ses côtés, le décompte ne cessait de raisonner à fond dans ses oreilles. Plus que quelques heures, et sa réputation volerait en éclats. Plus que quelques heures, et son visage serait partout, dans tous les journaux, dans tous les JT, dans tous les esprits. Plus que quelques heures, et le monde entier connaîtrait son amour pour Attal. Plus que quelques heures, et sa vie changerait à jamais.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant