Chapitre 40 : un enregistrement des plus dévastateurs

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C'est bon. Jordan l'avait. Il avait réussi à enregistrer Marine Le Pen durant toute leur conversation. Celle où elle lui avouait l'avoir manipulé, ainsi que sa nièce, pour garder un moyen de pression sur lui. Celle où elle le traitait d'irritable et de fainéant. Celle où elle lui disait qu'il n'était qu'une façade, sans aucune valeur ni d'emprise sur le parti. Avec celui-là et celui où ils avaient conclu le marché dans lequel le Président du RN devait passer du temps avec le Premier Ministre pour faire perdre son parti en crédibilité, enregistré par une connaissance d'Iris, la carrière de Marine était fichue. Elle ne s'en relèverait jamais. Et Jordan non plus, d'ailleurs. Lorsque que l'on apprendrait qu'il avait tissé ce marché pour manipuler Gabriel, à la fin du mois de juin, il serait hué, et même son amour pour Gabriel, auquel le monde entier pouvait être témoin, ne pourrait racheter sa réputation.

Mais ça, ça n'avait pas la moindre importance. Il emportait Marine dans sa chute, et c'était le plus important.

Un soupir de soulagement lui échappa. Rien n'était gagné, et la partie la plus importante du plan restait encore à faire, mais, il le sentait, justice allait être rendue. Enfin. 

Il appela un taxi. Direction l'hôpital.

- Jordan ! 

Le Premier Ministre se jeta au cou du plus jeune dés qu'il l'aperçu, adossé à la porte de sa chambre. Jordan serra Gabriel contre lui, trouvant une nouvelle fois du réconfort bienvenu dans l'odeur de coco et de vanille de son petit ami. C'était la première fois qu'ils se voyaient depuis la diffusion des images et Jordan se rendait compte à quel point le plus âgé lui avait manqué. Il avait besoin de lui, besoin de sa gentillesse, besoin de son humour, besoin de sa délicatesse, pour survivre à tout ça, aux journalises, aux réseaux sociaux, à sa vie. Il enfuit son visage dans la nuque de Gabriel et celui-ci en fit de même, sa barbe de trois jours chatouillant le cou de Jordan. Gabriel finit par s'écarter légèrement de lui afin de plonger son regard dans celui de son bien-aimé. Il souriait. D'un sourire triste, fatigué, mais si lumineux qu'il aurait pu éclairer la pièce rendue sombre par l'heure tardive à lui-seul. Il semblait heureux, alors que tout venait de foutre le camp. Jordan sentit des larmes perler au coin de ses yeux face au courage de Gabriel. On ne l'avait jamais épargné. Jamais. Comme lui avait expliqué Iris, Gabriel avait perdu son père jeune, trop jeune, il s'était battu contre l'intolérence de ce monde toute sa vie, il avait travaillé d'arrache pied pour parvenir à ses fins. Il n'avait pas toujours suivi le droit chemin, et s'était parfois égaré entre la pression et les responsabilités, mais il était là, vivant, affrontant la vie avec bravoure et humilité. Jordan doutait de posséder cette hargne si caractéristique du Premier Ministre en lui. Il plongea ses lèvres vers les siennes afin que son amant ne voient pas ses larmes toujours plus nombreuses au bord de ses yeux. Ce baiser était si doux, si pur, et il contrastait terriblement bien avec la situation. 

Jordan repensa à leur histoire. Si, il y a trois mois, on lui avait dit qu'il se retrouverait à devenir dépendants de la moindre parole, du moindre geste, du Premier Ministre de la France, il aurait ri à plein nez et aurait demandé à son interlocuteur d'aller se faire soigner. Pourtant, aujourd'hui, c'était devenu sa réalité. Sa vie. Gabriel Attal en faisait désormais officiellement partie, et c'était loin de lui déplaire. Il ne voulait plus jamais le quitter, ne plus jamais passé un seul moment loin de lui, et il souhaitait ardemment fouler ses lèvres pour le restant de sa vie, comme une terre jamais totalement conquise, mais sur laquelle les combattants s'affrontent sans relâche.

- Ça va, je dérange pas, les amoureux ?

Jordan sentit le sourire de Gabriel contre ses lèvres et ils s'écartèrent lentement, sans jamais se lâcher des bras. 

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant