Chapitre 27 : une convocation des plus impolies

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Ils rentrèrent à l'aube chez Gabriel. Le Premier Minsitre s'était endormi dans les bras de Jordan et le Président du Rassemblement National le déposa doucement sur son lit. Lui ne parvenait pas à trouver le sommeil depuis quelques jours déjà. Son cerveau tournait à plein régime et il était incapable de se sortir de la tête cette petite voix qui lui soufflait que quelque chose de mal allait bientôt arriver. Ses mains étaient moites, sa respiration saccadée, tant cette impression était vivace. Il alla chercher son ordinateur, à défaut d'avoir son téléphone, et se mit à créer une publication Instagram sur la cérémonie de clôture de ces Jeux Olympiques pour s'occuper l'esprit. Alors qu'il tapait ses mots, inspiré, il vit qu'il avait reçu un mail sur sa boîte mail privée dont seul quelques rares personnes avait la connaissance. Bizarre. Il cliqua dessus et une adresse mail inconnue lui apparût, avec un unique message en dessous.

Dans ton appartement, dans deux jours, 10 heures. Viens seul.

Pas de signature. Rien. Pourtant, pas le moindre doute sur l'identité de l'expéditeur ; c'était Nolwenn. Jordan regarda la date du message. Neuf août. Le rendez-vous était demain. De quoi lui parlerait-elle ? Du contenu de son téléphone, bien sûr. Jordan en avait déjà l'estomac tout retourné et, instinctivement, il se mit à se ronger les ongles, son éternel tic involontaire. Son pressentiment était donc avéré. Nolwenn avait tout découvert. Et elle comptait bien en profiter, Jordan en était sûr.

- J'ai une importante réunion ce matin, mais j'essaierais de rentrer tôt.

Gabriel lui déposa un baiser sur le front, ce qu'il faisait presque tous les matins lorsqu'il partait travailler tôt, avant Jordan. Le Président du Rassemblement National se sentit un peu honteux de ne pas lui avoir parlé de son rendez-vous mais il savait que Gabriel se serait alors inquiété pour rien. Il avait ma sensation de recommencer ses erreurs, de cacher de nouveau quelque chose à Gabriel mais il avait décidé que, ce soir, quel que soit l'issue de cette confrontation, il lui en parlerai.

Quand il entendit la porte claquer, il enfila son costume et sortit discrètement de l'appartement de Gabriel. Il plaqua une casquette sur sa tête, dans l'espoir vain qu'on ne le reconnaisse pas, et arriva rapidement à son luxueux appartement qui donnait sur les toits de Paris. Il entra la clé à l'intérieur de la serrure, son coeur cognant bruyamment contre sa cage thoracique.

Les grandes baies vitrées étaient recouvertes par d'épais rideaux, plongeant la pièce dans une obscurité lourde, presque angoissante, et il y faisait une chaleur étouffante à cause du manque d'aération. Le chaos dans lequel Nolwenn avait laissé son appartement en cherchant son téléphone était encore là et une bouteille de Porto avait été ouverte et laissée sur la table basse du salon. Cela fit fulminer Jordan ; voilà quelques mois déjà qu'ils s'étaient séparés et elle se permettait encore de venir chez lui sans l'en informer, et de se servir dans ses armoires. Néanmoins, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même, car c'était lui qui, dans sa précipitation à se séparer d'elle, en avait oublié de lui réclamer ce qui lui appartenait, en l'occurrence, ses clés. 

Alors qu'il étouffait un juron de colère et s'asseyait sur son fauteuil, une silhouette sortit de l'ombre, un verre de vin à la main.

- Alors, heureux de me revoir après des mois passés sans la moindre nouvelle, sans le moindre message ? 

- Je ne t'ai jamais permis d'entrer ici, lui répondit le plus calmement possible Jordan.

- Il ne me semble ne pas t'avoir beaucoup aperçu ici, ces derniers temps, pourtant, répliqua-t-elle en buvant une gorgée de son verre d'alcool. La preuve, tu ne serais jamais revenu ici si je ne t'avais pas envoyé ce mail.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant