Chapitre 31 : une attente des plus interminables

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   Lie - NF 🎵 

L'hôpital. Cet endroit froid, impersonnel, où tout est fait pour vous rappeler que vous êtes ici pour une sombre raison. Ces médecins accourant d'une chambre à l'autre, l'alarme stridente des ambulances lorsqu'elles partent au secours de nouvelles victimes, ces familles qui rentrent à l'intérieur l'espoir plein les yeux, et qui en ressortent avec les joues dégoulinantes de larmes. Jordan avait déjà perdu des proches, des membres de sa famille, des amis, dans cet endroit lugubre. Ce bâtiment où la Mort se cache derrière chaque porte, chaque couloir, chaque aiguille. On n'en étais jamais vraiment protégé, ni totalement à l'abri. C'était un lieu fort particulier, si on prenait la peine d'y réfléchir : on considérait les hôpitaux comme le lieu de la guérison, alors que ses murs avaient côtoyé la Mort plus que n'importe qui.

Certains n'étaient que de passage. D'autres y resteraient pour le restant de leur vie. Et puis, certains n'avaient jamais eu la chance de sortir d'ici et n'avaient rien connu d'autres que ses murs blancs et froids. D'autre encore avait eu le privilège, ou la malchance, à vous d'en juger, de s'en sortir de justesse après avoir eux-mêmes provoquer la Mort en duel et venaient réapprendre à vivre ici.

C'était ce qui était arrivé à Gabriel. Quand Fanny était revenue chez lui pour récupérer ses affaires de plage, qu'elle avait oubliées, elle avait trouvé le Premier Ministre inconscient, allongé sur le sol, la pouls presque éteint, le visage luisant de sueur. Elle avait directement appelé les secours et l'ambulance était rapidement arrivée pour essayer de le sauver avant que la vie ne le quitte définitivement.

Gabriel n'était pas mort. Il avait survécu. De justesse, mais il avait survécu. Selon les médecins, c'était une tentative de suicide. Il avait ingéré une dose impressionnante de médicaments et, si Fanny l'avait trouvé seulement quelques minutes plus tard, il serait mort d'une overdose.

Jordan était arrivé le plus vite qu'il l'avait pu à l'hôpital, où la famille de Gabriel était déjà sur place. Maintenant, il attendait, dans le long couloir, en se rongeant les ongles. Les médecins lui avaient expliqué la situation et l'avait prévenu qu'il était encore inconscient suite à la brutale réanimation qu'il avait subi. Il ne risquait pas de se réveiller avant plusieurs heures. Mais ça n'avait aucune importance. Jordan resterait ici jusqu'à ce qu'il se réveille et qu'il puisse lui parler. Il était vivant, et c'était tout ce qui importait.

En revanche, le Président du Rassemblement National avait plus de difficultés à croire au présumé suicide de Gabriel. Il le connaissait suffisamment bien pour savoir que, même en étant au comble du désespoir, Gabriel n'aurait pas renoncé à la vie de cette façon. Pas comme ça. Pas en ce moment, où son pays avait encore tant besoin de lui. Pas en ces temps troublés, où l'avenir de la France était terriblement incertain.

Pas en laissant Jordan seul, avec comme uniques compagnie les souvenirs de leurs histoire.

Pourtant, les preuves étaient là et ils devaient tous se rendre à l'évidence : Gabriel avait essayé de se tuer. Et Jordan avait l'horrible impression que c'était à cause de lui, et de leur brutale séparation, bien qu'il essaie de se convaincre du contraire. 

La mère de Gabriel sortit de la chambre de son fils, les yeux embués de larmes, et vint prendre Jordan dans ses bras. Celui-ci lui rendit son étreinte avec force, trouvant le courage de continuer à avancer, de garder espoir en l'avenir chez cette femme remarquable, dotée d'une force de caractère rarement égalée. Elle aussi avait beaucoup souffert : d'abord en assistant à la mort de son ex-mari, atteint d'un cancer fulgurant il y a une dizaine d'années, ensuite en voyant les parents de son neveu mourir dans un tragique accident de voiture, et puis, en découvrant que Gabriel avait essayé de mettre fin à ses jours.

Quel courage cette femme devait porter en elle pour supporter toutes ces terribles épreuves, et s'en relever à chaque fois la tête haute.

- Tu peux aller le voir, si tu veux, mi amor, lui murmura-t-elle, le visage enfui dans son épaule.

Il la lâcha et la remercia du regard. Il se dirigea vers la chambre de Gabriel, située dans une aile déserte de l'hôpital. Il avait reçu comme instructions de ne pas parler de cet incident, comme l'appelaient les médecins, à qui que ce soit, du moins pas avant que le Président ainsi que le reste du parti en soit averti, et l'équipe médicale prenait toutes les dispositions nécessaires pour que la tentative de suicide du Premier Ministre n'arrive pas jusqu'aux oreilles des journalistes. Bien sûr, Jordan n'était pas stupide. Il ne lui serait même pas venu à l'esprit de révéler ça à la presse.

Il prit donc une grande inspiration et rentra à l'intérieur de la chambre. Gabriel était allongé sur de lit, les yeux fermés, les mains croisées sur son ventre, comme plongé dans un sommeil éternel. Ses cheveux en pagaille, ses lèvres entrouvertes, tout chez lui inspirait le calme et la sérénité. Il était si beau, comme ça. Il semblait apaisé, en paix avec lui-même. Jordan alla s'assoir sur une chaise à ses côtés et prit sa main dans la sienne. Son pouls était faible, mais il était là, bien existant. Il battait à un rythme régulier, au rythme de la vie, au rythme du soulagement, au rythme de l'espoir. Sa poitrine se soulevait lentement, à l'aide des machines auxquelles il était relié. C'était une vision belle, rassurante. Il était là. En vie. Jordan s'autorisa à respirer.

L'espace d'un instant, il se mit à imaginer la situation si le pire s'était produit. Il serait ici, face à un Gabriel Attal mort. Un Gabriel Attal auquel il n'aurait pas pu dire tous les mots qu'il aurait voulu. Un Gabriel Attal qu'il avait quitté à la hâte, sans se rendre compte de ce que leur séparation engendrerait. Si le Premier Ministre avait...Non. Jordan se réprimanda intérieurement. Les Si étaient capable de refaire le monde. Et, là, tout de suite, ce monde, il ne voulait en aucun cas le changer. Gabriel était en vie. Gabriel était vivant. Gabriel respirait. Même en se répétant éternellement cette phrase, il ne parvenait pas à saisir cette réalité, cette deuxième chance qu'on lui offrait. Car, oui, maintenant, terminé, la vengeance, tout ce qu'il voulait, c'était prouvé à son bien-aimé que leur histoire méritait d'être vécue. Méritait d'être continuée. Méritait de prendre la place principale dans leur vie. Et il comptait bien réussir cette mission.

Au même instant, une infirmière vint l'informer que les visites étaient bientôt terminées, et lui rappela qu'il était déjà exceptionnel qu'il ait pu voir le Premier Ministre, étant donné qu'il n'était pas de sa famille proche. Il se mit à rire à gorge déployée, et la jeune femme le dévisagea. Il ne pouvait s'empêcher de rire, de soulagement, de l'ironie de la situation, de Gabriel toujours endormi. Tout irait bien, maintenant. Ce n'était plus qu'une question de temps. Il déposa un doux baiser sur la tempe de Gabriel et sortit de la chambre, après avoir chiper discrètement un coussin à son amant ; il comptait bien dormir ici jusqu'à ce que Gabriel daigne à ouvrir les yeux.

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À suivre...lol,je dépeint l'hôpital comme un horrible endroit alors que mes parents et ma sœur sont littéralement MÉDECINS mais bref..👀 à plus, prenez soin de vous et toute mon affection et mon soutien si vous traversez un moment difficile 💘 Mes chapitres sont un peu plus petits mais comme ça, je peux en publier un chaque jour et rester régulière malgré mon emploi du temps 🦄 je sais pas si ça vous va🙏🖤 

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant