Chapitre 4 : un pari des plus risqués

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Jordan, quand à lui, ne reçut pas de message positif de la part de sa mentor. À vrai dire, il ne reçut rien, ce qui était plus inquiétant encore que de recevoir quelque chose.

Il n'avait pas brillé. Il le savait. Il s'était emporté contre Gabriel Attal parce qu'il était énervé contre lui. Énervé que, même malade, il ait encore le dessus sur lui, comme si le battre ne nécéssitait aucun effort de sa part. Enervé qu'il parvienne à le ridiculiser une nouvelle fois, malgré tous les efforts qu'il avait fourni pour s'améliorer en débat et apparitions publiques. Enervé qu'il ait de nouveau tourné au ridicule le moindre de ses arguments, la moindre de ses paroles. Mais ce qui le faisait enrager plus encore, c'était  que, après l'avoir vu plus faible que jamais, il ne parvenait pas à lui en vouloir autant qu'il l'aurait voulu ; il avait même eu pitié de lui, nauséeux et tremblotant dans son costume. Tout ce qu'il voulait, c'était passer plus de temps en compagnie de cet ami qu'il avait perdu, essayer de réparer les fautes qu'il avait commises pendant leur amitié. Cela le ramena à cette promesse qu'il avait faite à Gabriel il y a bien des années et qu'il n'avait pas réussir à tenir. La nostalgie l'envahit, ainsi que des remords amers.

Flash Back

Voilà trois ans que Jordan a fait la connaissance de Gabriel dans cette salle de répétitions. Ils sont désormais inséparables, bien qu'ils n'étudient pas dans la même école. Ils se voient tous les jours après les cours, au théâtre ou sur un terrain de foot, dans un magasin de vinyles ou au café du coin, n'importe quel endroit dans lequel ils peuvent être rien que tous les deux. Bien sûr, leur amitié ne fût pas un long fleuve tranquille, entre le caractère calme et serin de Gabriel et celui plutôt colérique et batailleur de Jordan, mais ils étaient toujours parvenu à surmonter leurs différents pour se concentrer sur ce qu'ils avaient en commun.

Néanmoins, ces derniers temps, une distance semblait se creuser entre eux et, bien qu'ils n'en ai jamais discuté, ils en étaient parfaitement conscient. Gabriel avait un jour trouvé le courage d'en parler à sa mère, toujours à l'écoute de ses doutes et de ses incertitudes.

- C'est ce qu'on appelle l'adolescence, lui avait-elle répondu de manière évasive. Vous allez tous les deux vous transformer et vous devrez faire très attention à votre amitié durant ces changements.

Cela avait fait un peu peur à Gabriel. Il ne comprenait pas comment l'adolescence pourrait changer quoi que ce soit à leur amitié. Au contraire, l'année prochaine, Jordan rentrerait au collège, dans le même que celui de Gabriel. Ils passeraient donc tout leur temps ensemble et deviendront encore plus amis, non ?

Il décida d'en parler à Jordan. Il ne savait pas pourquoi mais, ces derniers temps, il n'arrivait plus à confier ses émotions avec la même facilité qu'avant à son meilleur ami, et il avait décidé que c'était terminé, il lui confierait tout désormais, pour que leur amitié reparte sur de bonnes bases.

Il arriva donc devant la belle maison quatre façades de Jordan et sonna à la porte. Il se dirigea vers le jardin, après que sa mère lui ait dit que Jordan s'y trouvait. Jordan était allongé dans l'herbe, plongé dans ses pensées. Gabriel ressentit une étrange sensation dans son ventre en le voyant. Il l'ignora et s'installa à côté de son ami, qui lui adressa un petit sourire, faisant resurgir le petit monstre logé dans le ventre de Gabriel.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant