Chapitre 37 : une décision des plus incompréhensible

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- Gabriel, attends !

Fanny tentait désespérément de retenir son frère qui courrait presque dans les longs couloirs de l'hôpital mais rien à faire, le Premier Ministre était plus rapide, sans compter que la légère bosse que commençait à former son ventre l'empêchait de courir à toute vitesse.

- Gab, ça ne sert à rien de se précipiter comme ça, le mal est déjà fait !

Le plus vieux continuait sa course, sans daigner se retourner. Alors qu'apprêtait à tourner au coin de l'ascenseur, Fanny lui cria d'une voix remplie de désespoir et de douleur :

- Putain, Gabriel Attal, tu vas m'écouter ?

Le Premier Ministre stoppa enfin sa course et se précipita auprès de Fanny lorsqu'il la vit sur le point de s'écrouler sur le sol dur et froid de l'hôpital. Il la prit par les épaules et la fit s'assoir sur une chaise. Sa sœur essaya de reprendre péniblement son souffle et passa ses mains sur son ventre.

- Mais enfin...que t'arrive-t-il ?, lui demanda Gabriel, dont l'annonce d'Emmanuel Macron lui était déjà sortie de la tête.

- C'est...c'est...le... bébé, lui répondit Fanny entre deux longues respirations.

- Je te demande pardon ?, la questionna son frère, interloqué.

- Je ne...je ne voulais pas te l'annoncer maintenant... et encore moins dans ces conditions, mais...Marc et moi...attendons un enfant, lui dit Fanny, dont le souffle était encore laborieux.

- Mais enfin c'est...c'est fantastique, Fanny !, réagit finalement Gabriel après de longues minutes passées dans un silence pesant.

- Rien n'est encore sûr mais...si ça se confirme...dans à peu près six mois...toi et Jordan serez...parrains.

Jordan et lui. Parrains d'un enfant. Cette vision semblait presque irréelle, trop belle pour espérer devenir un jour réalité. Gabriel se surprit à rire : comment pouvait-il songer à une période si lointaine, qui semblait si heureuse, face au pétrin dans lequel il était actuellement plongé ? Néanmoins, cette nouvelle le mettait en joie : elle était la preuve que, quel que ce soit les scandales, les révélations et les retournements de situation qui surviendraient cette semaine et toutes celles qui suivraient, la vie poursuivrait son cours et sa famille continuerait de vivre malgré tout.

Fanny lui prit la main et la déposa délicatement sur son ventre.

- Gabriel, c'est sur ça que tu dois te concentrer, lui murmura-t-elle...ta famille...les gens que tu aimes...tu ne pourras pas sauver ta carrière et ta vie privée dans ta quête du pouvoir.

- Tu as peut-être raison, Fanny, mais... si je dois quitter la politique, je ne veux pas que ce soit un autre qui l'annonce à ma place. Je veux partir dignement. Pas comme ça. Tu peux le comprendre, non ?

Fanny regarda son frère, sentant malgré elle la fierté envahir son cœur affolé. Oui, elle comprenait parfaitement cela. Ce sentiment de voir sa vie partir en fumée à cause d'un autre sans rien pouvoir y faire était profondément frustrant, et elle l'avait déjà vécu, notamment dans son parcours difficile d'avocate. Dans un monde dans lequel les hommes avaient encore trop souvent la priorité, elle avait dû batailler pour se faire une place dans le métier, et prouver à tous qu'elle méritait tout autant que ces messieurs. On avait voulu la faire taire, l'écraser, la ramener dans l'ombre, mais elle ne s'était jamais laissé faire, jamais, et elle était heureuse de voir que son frère ait hérité de ce même trait de caractère : l'acharnement.

Son frère devait néanmoins être également sacrément courageux pour essayer, malgré la complexité de sa situation, de canaliser les fumées qui s'échappaient des ruines de sa carrière fraîchement détruite par le Président, et il n'était pas juste qu'elle essaye de l'empêcher d'aller récupérer ce qui lui était dû.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant