Chapitre 21 : une déclaration des plus enflammées

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Heal - Tom Odell 🎵

Gabriel sortit du bureau présidentiel, épuisé. Il avait passé la journée avec Emmanuel Macron, à parler des élections et de stratégies politique. Le Président n'avait pas accepté sa démission et lui avait demandé de rester à son poste de Premier Ministre le temps que le climat politique actuel s'apaise. La France était en plein conflit intérieur et il lui avait confié vouloir nommer un nouveau Ministre issu des Républicains après les Jeux Olympiques, décision qui serait sûrement fort critiquée et auquel Ensemble devait se préparer.

Gabriel avait évidemment été heureux d'apprendre qu'il resterait à son poste quelques semaines de plus mais cela signifiait aussi qu'il resterait sous le feu des projecteurs encore longtemps après ces tumultueuses élections. Il avait envoyé un message à ses sœurs pour les en avertir et elles avaient prévu un grand repas de famille pour fêter les récents événements. Revoir sa famille ne l'enchantait guère, lui qui aurait simplement voulu passer une soirée au calme chez Iris, mais il voulait leur faire plaisir, et puis, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus vu sa mère. Il traversa donc le parc présidentiel en vitesse, la pluie s'étant mise à tomber sur Paris, quand il entendit une voix qui lui glaça le sang.

- Monsieur Attal, j'aimerais vous parler.

Il accéléra l'allure, serrant ses dossiers au point de s'en blanchir les articulations. Non, non et non, il ne voulait pas le voir ici, ni nulle part d'ailleurs, il voulait rentrer chez lui et s'abriter du mauvais temps.

- Par pitié, Attal, écoutez-moi.

Il ne se retourna pas, continua à avancer droit devant lui, la pluie s'incrustant sous son costume et lui procurant des frissons partout sur la peau.

- Juste une minute, s'il vous plaît.

Il courait presque, désormais.

- Bordel, Attal, devrais-je vous suivre jusqu'au bout du monde pour que vous daigniez vous retourner et m'écouter ?

Gabriel s'arrêta net, stupéfié par le désespoir présent dans la voix de Jordan Bardella. Il se retourna pour faire face à un Président du RN méconnaissable. Sa cravate négligemment attachée autour de son cou, son costume bleu marine rendu noir par la pluie, ses yeux luisants de larmes, Gabriel ne reconnaissait rien de son adversaire. Même son éternelle arrogance et sa confiance en lui semblaient l'avoir quitté pour laisser place à une fragilité émouvante et à une vulnérabilité déconcertante. Gabriel plongea ses yeux dans ceux de son adversaire, incapable de détourner le regard face à un Jordan aussi déboussolé.

- Écoutez-moi l'espace de 5 minutes, je vous en prie, le supplia-t-il. Je sais que vous n'avez strictement aucune raison de m'écouter et que vous pourriez ne plus jamais m'adresser la parole jusqu'à la fin des temps, cela serait tout à fait légitime, mais laissez-moi vous donner une dernière fois ma version des faits.

Devant le silence et la soudaine attention de Gabriel, il se lança, son coeur battant la chamade et les mots sortant de sa bouche avec une facilité déroutante, presque douloureuse, tant ce qu'il disait reflétait ce qui sommeillait en lui depuis de si longues années.

- Attal, je...J'aimerais recommencer l'histoire depuis le début, si vous me le permettez.

Quand je vous ai trouvé dans cette salle de répétitions, il y a si longtemps, j'ai tout de suite ressenti ce besoin de veiller sur vous. Vous sembliez si faible, si seul, et vous sembliez avoir tant besoin d'amis, que je n'ai pas hésité avant de le devenir, cet ami. Notre amitié était si belle, le lien qui nous unissait si fort, que j'ai mis du temps avant de me rendre que, sous cette complicité se dissimulait un amour naissant.

La Réforme de notre Amour ( Attal X Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant