Le Cœur en 8 mois

Chapitre 9

Désormais, il me fallait absolument trouver une façon de justifier ma position, de prouver mon innocence, et d'échapper aux griffes de ceux qui cherchaient à me faire tomber. Tel était mon objectif.

Alors que nous étions tous réunis au "Jip Bap Jip" autour d'une table, je me retrouvais mise à l'écart. Ha-yoon, elle, semblait parfaitement à l'aise, entourée de personnes qui l'adoraient. Plus la soirée avançait, plus mes deux camarades de classe se permettaient des remarques sur chacun de mes gestes. Mais j'essayais de ne pas y prêter attention, malgré mon agacement. En regardant par la fenêtre, par ennui, je remarquai une silhouette qui courait et se cachait derrière un arbre, observant dans notre direction. Cependant, ma concentration fut rapidement détournée par la voix de Ha-Yoon.

« Pourquoi tu ne manges pas beaucoup, Hyejin ? »

La question de Ha-yoon semblait bienveillante, mais elle entraîna immédiatement des commentaires de ses deux amies : « C'est vrai qu'elle aurait besoin de plus de gras », « C'est ça d'être la fille d'un traître », « On ne te nourrissait pas chez toi ? », « Pourquoi es-tu toujours si distante ? », « Tu penses que tu es meilleure que nous ? », et j'en passe.

« Et si on buvait ? Ce ne serait pas une vraie soirée sans boire ! »

Sans attendre nos avis, Ha-yoon alla chercher des bouteilles de soju. Peut-être voulait-elle changer de sujet. Mais plus nous buvions, plus je commençais à me sentir mal ; je n'avais jamais bien tenu l'alcool. La nausée montant, je me dirigeai rapidement vers les toilettes, laissant toutes mes affaires derrière moi. Je restai quelques minutes dans les toilettes, essayant de vomir pour me sentir mieux, puis je me rinçai le visage. Je me sentais pitoyable et me regarder dans le miroir me rendait furieuse contre moi-même.

À mon retour, la nausée apaisée, je fus surprise de les voir tous me fixer d'un regard accusateur. Je me sentais entourée de prédateurs. Je ne comprenais pas pourquoi ils me dévisageaient ainsi jusqu'à ce que je remarque Ha-yoon tenant l'enveloppe contenant la lettre de mon père dans ses mains. Qu'allait-il se passer maintenant ? L'enveloppe était encore fermée, mais l'avait-elle lue ?

Si c'était le cas, allaient-ils faire pire que ce que j'avais déjà subi récemment ? Vont-ils m'accuser de déloyauté et me traiter comme mon père ? Je ne voulais pas être vue comme lui, cela m'effrayait énormément.

« Pourquoi ton père t'a-t-il contactée ? »

Était-ce une question piège ? Kim Ji-Yeon en était capable, elle était sournoise. Pour le moment, je préférais ni mentir ni dire la vérité pour bien analyser la situation.

« Il voulait simplement me parler, après tout, je suis sa fille, » dis-je en me rapprochant pour récupérer l'enveloppe, mais Kim Ji-Yeon la saisit brusquement des mains de Ha-yoon et dit en gloussant : « Détends-toi, Hyejin, pourquoi es-tu si tendue ? Nous sommes curieux également. Pourquoi un père qui a abandonné sa fille, qui ne lui a plus rendu visite pendant plusieurs années, enverrait-il soudainement une lettre pour la voir ? C'est bizarre, non ? Suis-je la seule à le penser ? J'ai mes raisons d'être méfiante. Cela semble être une capacité naturelle dans votre famille d'être faits pour la trahison et les cachotteries. Vous n'êtes que des animaux avides de nos biens. »

Comment savait-elle que je ne lui avais pas rendu visite depuis plusieurs années ? Et comment ose-t-elle dire de telles choses ? Cela me rendait furieuse, j'avais l'impression d'être pointée du doigt, tandis que les deux filles de ma classe chuchotaient entre elles tout en me dévisageant. Seon-u Bimil, quant à lui, entrait dans le jeu de Kim Ji-Yeon pour me mettre la pression : « Puis-je ? Pourquoi ne pas clarifier une bonne fois pour toutes ce que cette lettre renferme ? Après tout, la vérité est toujours préférable. ». Alors que je m'apprêtais à répliquer, Ha-yoon me surprit en déclarant : « On dirait que tu essaies de nous cacher quelque chose d'important... as-tu peur de ce qui pourrait être découvert ? » Elle se mettait également de la partie.