Certes, j'avais maintenant un emploi stable, une rémunération qui couvrait non seulement les vacances mais aussi les week-ends durant l'année scolaire, et cette carte qui semblait offrir des fonds sans limite. Mais à quoi tout cela rimait-il réellement ? Une partie de moi connaissait déjà la réponse : je m'enfonçais dans quelque chose de bien plus sombre que je ne pouvais l'imaginer. Chaque avantage offert par Yoon Geonwoo resserrait les chaînes invisibles qui m'entouraient. Cette carte, apparemment anodine, était peut-être le premier clou dans le cercueil que je venais de commencer à creuser, un piège doré dans lequel j'étais en train de m'emprisonner.En entrant dans ma chambre d'hôtel, j'ai senti le poids de la journée s'écraser sur mes épaules. Le silence, trop oppressant, résonnait à travers les murs, une invitation à la réflexion qui m'effrayait presque. J'ai pris une douche brûlante, espérant que l'eau emporterait mes doutes et mes peurs. Mais même après m'être apprêtée, après avoir soigneusement vidé et rangé mes affaires, une anxiété persistante ne cessait de me tenailler.
De temps en temps, mes yeux dérivaient vers la fenêtre, attirés inévitablement par le penthouse de Yoon Kangmin. Les lumières étaient éteintes, et son absence semblait peser lourdement dans la nuit. Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas eu de nouvelles de lui. Chaque minute qui passait me donnait l'impression d'être suspendue dans un vide inquiétant.
Comment réagirait-il si je me présentais à sa porte à cette heure tardive ? Une partie de moi brûlait de le découvrir, de briser cette distance entre nous. Mais l'autre, plus rationnelle, savait que ce serait absurde et irrespectueux, peut-être même dangereux. Je me sentais prise au piège entre la curiosité et la prudence.
Je ne savais plus que penser, les ombres dans la chambre semblaient s'allonger, se rapprocher, comme pour m'engloutir. Finalement, je me suis résignée à m'asseoir sur le bord de mon lit, le regard toujours fixé sur la fenêtre. Le silence était devenu presque insupportable, chaque seconde un coup de marteau sur ma détermination déjà vacillante.
Je fus brusquement réveillée en pleine nuit par le son lourd de pas accompagnés du claquement rythmé d'une canne frappant le sol dans le couloir. Mon sommeil, habituellement léger, s'était cette fois-ci brisé de façon brutale, me laissant en sueur, la respiration saccadée. Une vague de panique monta en moi, et je passai une main tremblante dans mes cheveux humides, essayant désespérément de reprendre mon calme. Le silence oppressant de la nuit n'était brisé que par le tic-tac lointain de l'horloge. Il n'était que 3h du matin.
Poussée par une inquiétude grandissante, je me levai doucement, prenant soin de ne pas faire craquer le plancher sous mes pieds. Chaque mouvement semblait résonner dans l'obscurité silencieuse. D'un pas léger, presque furtif, je me dirigeai vers la porte d'entrée. La lumière froide et blafarde du couloir filtrait sous la porte, dessinant des ombres inquiétantes. Je m'accroupis silencieusement, mon cœur battant à tout rompre, et baissai la tête pour regarder sous la porte.
Là, à quelques centimètres de moi, je vis l'ombre d'une personne, immobile, et un bout de canne posé fermement sur le sol. La silhouette était sombre, indéchiffrable, mais sa présence était lourde, presque palpable. Chaque seconde qui passait semblait s'étirer à l'infini, comme si le temps lui-même s'était figé.
Je restai là, figée par la peur, incapable de bouger, mes muscles tendus à l'extrême. Le silence était devenu presque assourdissant, brisé uniquement par le bruit de mon souffle que je tentais d'étouffer. Puis, soudainement, le silence fut percé par une sonnerie stridente. Le téléphone de la personne derrière la porte venait de se mettre à vibrer, le son résonnant sinistrement dans le couloir désert.
Le téléphone sonna pendant plusieurs secondes interminables avant que l'inconnu ne décroche. Mais aucun mot ne fut prononcé, aucune conversation ne suivit. Le silence reprit, encore plus oppressant qu'auparavant, me laissant dans un état de tension insupportable. Le temps semblait s'étirer, comme si le monde entier retenait son souffle.
Puis, sans un mot, les pas lourds reprirent, accompagnés du bruit distinctif de la canne frappant le sol à chaque mouvement. Le son s'éloigna lentement, résonnant dans le couloir avant de disparaître au détour du mur.
Je restai accroupie encore un moment, trop pétrifiée pour bouger, mon esprit tourbillonnant de questions. Qui était cette personne ? Pourquoi était-elle restée si longtemps devant ma porte sans bouger ? Et pourquoi ce silence après avoir décroché ? Finalement, je me redressai lentement, le cœur toujours battant, mais avec la certitude que quelque chose d'inquiétant venait de se produire. Cette nuit ne serait pas oubliée de sitôt. Car c'est là, pour la première fois, que j'ai rencontré mon deuxième adversaire, le second antagoniste de ce théâtre de machinations.
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Le Cœur en 8 mois
General FictionAu cœur de Séoul se dresse le Lycée privé Prima, un bastion de prestige et de pouvoir. Cet établissement élitaire, doté de vastes campus et d'une aura d'égalité en apparence, est en réalité un théâtre de manipulations et de secrets obscurs. Les élit...