Chapitre 6

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Pourquoi méritais-je cela ? Tandis que mes forces m'abandonnaient et que mes paupières se fermaient, je me demandais pourquoi le destin s'acharnait contre moi. L'eau envahissait mes poumons, et je pensais mourir, mais une chaleur humaine m'entourait soudainement.

Que se passe-t-il ? Où suis-je ? Pourquoi cette lumière est-elle si intense ? J'ai du mal à respirer. J'entends des voix, suis-je inconsciente ?  Mes poumons me font mal.

Alors que j'ouvrais enfin les yeux, j'aperçus ma mère endormie à mon chevet. Cela me réconfortait mais me peinait aussi de la voir ainsi. Ce qui m'interpella le plus fut un jeune homme affalé sur un canapé, également endormi, portant l'uniforme du lycée. Instinctivement, mon corps se mit à trembler et mon cœur à s'accélérer. La vue de quelqu'un de ce lycée m'effrayait, me rappelant à quel point j'avais frôlé la mort et subi une torture traumatisante. Même mes poumons s'en souvenaient, car j'avais soudainement du mal à respirer, la gorge se resserrant et ma respiration devenant étouffée, comme si ma tête était encore plongée dans cette bassine.

Je me remémorais la façon dont il me maintenait la tête sous l'eau, comment je me débattais en vain, et à quel point cela me brûlait jusqu'aux entrailles. Mais il n'y avait pas que ces souvenirs qui refaisaient surface. Non, il y avait également ceux de cette nuit-là, la nuit où j'ai rencontré mon agresseur pour la première fois, cette nuit dont j'avais perdu tout souvenir, qui sont finalement revenus. Oui, je m'en souviens à présent. Cet homme, je l'avais rencontré pour la première fois dans ce labyrinthe. C'était lui, le chasseur. Alors, il pensait que je le reconnaîtrais et le dénoncerais ? Non, pourquoi aurait-il peur de moi ? Personne ne me croirait et sa famille doit être extrêmement puissante. Il n'était pas le seul impliqué. Tous les élus l'étaient aussi, ils ont tous participé à ces meurtres. Oui, tout s'assemblait dans ma tête. Maintenant, je voyais tous ces événements un peu plus clairement. Par exemple, ces sacs poubelles, c'était sûrement là où les corps ou même les preuves étaient cachés.

Alors que je réfléchissais, l'air perturbé et déboussolé par tous ces événements qui concordaient désormais, je n'avais même pas remarqué que l'homme qui dormait affalé sur le canapé un peu plus tôt, était debout, près de mon lit, en train de m'examiner de façon préoccupée. Était-il là pour me faire du mal ? Pour finir le travail que mon agresseur n'avait pas pu achever ?

À ma grande surprise, c'était tout le contraire. Alors que je le regardais effrayée, il me dit d'un ton si tendre en s'inclinant respectueusement : « Je suis désolé si je t'ai fait peur. » Puis il reprit : « Je m'appelle Jin Hyun-gyu, je suis en dernière année en section chimie. Je devais retrouver Seon-u Bimil dehors, mais il n'était pas là. En le cherchant, je t'ai trouvée au sol, inconsciente, et alors que l'eau entrait dans tes poumons, je... hum, désolé. » Au départ, je n'avais pas compris la fin de sa phrase, avant qu'il s'humidifie les lèvres par réflexe, gêné. Alors, c'était lui ? La chaleur humaine que j'avais sentie quelques instants se presser contre moi ? Enfin, je ne vais pas m'imaginer des choses, ce n'étaient que des premiers secours. La situation me mettait assez mal à l'aise, et je me suis demandé pourquoi un étudiant, et surtout un "élu", m'avait secourue.

« Pourquoi m'as-tu aidé ? Attends-tu quelque chose en retour ? Ou est-ce simplement une manière de prolonger mon tourment ? Et pourquoi me regardes-tu ainsi ? » Je voulais des réponses, même si ces mots trahissaient ma peur, comme le montrait ma voix craintive. Hyun-gyu ne répondit pas. À la place, il me dévisagea d'une manière si pleine de compassion, comme si je lui inspirais de la pitié, comme s'il se sentait obligé de se comporter ainsi, avec autant de préoccupation.

Finalement, l'homme décida de partir sans donner de réponses. Lorsque ma mère se réveilla, elle se précipita vers moi en pleurs, montrant son inquiétude et ses excuses, comme si c'était de sa faute de m'avoir laissé aller dans ce lycée. Elle me proposa de changer d'établissement ou de ne pas y retourner pendant un certain temps. Mais avant même qu'elle ait fini de parler, Hyun-gyu se planta net devant la porte, interrompant ma mère, et déclara fermement : « Ne vous inquiétez pas, cela ne se reproduira plus. Et je compte bien m'en assurer. » Avant même que nous puissions réagir, il quitta la chambre d'hôpital. Mais pour qui se prend-il pour faire cela ?

Le Cœur en 8 moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant