Chapitre 12

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Yoon Kangmin était lui-même perdu, tout comme je l'étais d'une certaine manière. Plus tard, je regrettai mes choix. Je regrettai d'avoir rencontré lui et les autres. J'avais été égoïste, demandant trop sans considérer leurs sentiments ou leurs limites. Ainsi, j'avais perdu et je continuais de perdre. Mais le destin me réservait-il toujours quelque chose de meilleur pour la fin ? Allais-je le prendre en compte ou l'accepter ? Je ne le savais pas encore vraiment, même maintenant, je n'en étais pas sûre.

« Pourquoi ne restes-tu pas pendant ces vacances ? On pourrait apprendre à mieux se connaître... à demain, Hyejin, passe une bonne nuit. », ses mots tournaient en boucle dans ma tête alors que je m'endormais peu à peu. Puis, l'obscurité complet.

« Mademoiselle ? Réveillez-vous. Ce n'est qu'un cauchemar, calmez-vous. » Je me réveillai en sueur, surprise par la domestique. Mon cœur battait à mille à l'heure alors que je reprenais mes esprits. J'avais refait le même cauchemar que lorsque j'étais enfant. Je voyais un jeune garçon agoniser sur un brancard, criant et pleurant sans fin.

« Monsieur est dans la salle à manger, le déjeuner est prêt et il vous y attend. » La domestique marqua une pause, me scruta de haut en bas et ajouta : « Hum. Allez vous laver d'abord, vous avez beaucoup sué. Vos habits sont rangés dans la penderie. Vous devez être présentable devant votre copain après tout. »

« Hein ? Ce n'est pas- » Avant même que je puisse rectifier, elle sortit de la pièce. Je savais que cela pouvait prêter à confusion, mais pas à ce point. Nous n'avons rien à voir ensemble, nous ne sommes même pas compatibles.

Après avoir pris une bonne douche, je me dirigeai vers la salle à manger. À peine avais-je franchi la porte que Kangmin me dit, en me montrant, d'un geste, ma place face à lui : « T'en as mis du temps. Viens t'asseoir. » Je le savais, il avait des yeux derrière la tête ! Mais il était hors de question que je déjeune face à lui. Nous ne sommes pas si proches, et puis on pourrait nous prendre pour un couple. Je m'installai alors sur la chaise à côté de celle qu'il m'avait désignée, déplaçant mon déjeuner, pour éviter de nous retrouver face à face.

« Je ne te savais pas si facilement embarrassée. Mais bon. J'aimerais que tu ailles voir ton père aujourd'hui pour lui poser toutes les questions que j'ai inscrites ici. Je te mettrai sur écoute afin d'enregistrer les réponses comme preuves et témoignages lorsque nous aurons son approbation. Vous pourrez parler librement, je vais faire en sorte que tout le personnel aux alentours s'éloigne. Alors ne gâche pas tout. »

Il le disait d'un ton si persuasif que cela suscitait en moi une pointe de jalousie envers son assurance. Mais à partir de maintenant, si tout cela est vraiment la vérité, je ne pourrai plus agir de manière irréfléchie comme je l'ai fait jusqu'à aujourd'hui. Non, il fallait que je change.

Changer mes manières de faire et de gérer les choses allait changer bien plus que cela en moi. Mais j'étais si ignorante que je ne me suis pas posée plus de questions sur les répercussions que cela pourrait avoir sur ma propre santé mentale. Alors je suis devenue la pire de toutes. Parce que je voulais les protéger, non... plutôt me protéger. Je pensais que c'était la seule solution. Mais finalement, j'aurais aimé pouvoir m'en sortir comme eux, pouvoir être honnête avec moi-même, mais je ne l'ai pas été au moment le plus important pour moi, refoulant mes propres sentiments et émotions, pensant peut-être ne pas les mériter. Car elle, elle aurait su le faire, mais pas moi.

« Demande aussi à ton père des informations sur lui. » Sa voix était soudainement devenue basse et discrète tandis qu'il me glissait une enveloppe sous la table. Je la pris discrètement en retour. Pourquoi agissait-il si prudemment tout à coup ? Il avait le même regard que la veille, celui d'un enfant effrayé, caché derrière les yeux de l'homme qu'il projetait toujours, un homme difficile et imposant.

Il reprit ensuite, raclant sa gorge et adoptant son comportement habituel : « Un chauffeur viendra te chercher dans deux heures. Que dirais-tu de visiter le bâtiment en attendant ? Tu cherchais un travail, non ? Le bâtiment appartient à ma famille, alors tu pourrais choisir à quel étage tu aimerais travailler. Il y a plusieurs options, la plupart dans le domaine médical, mais il y a aussi un café au rez-de-chaussée. Tu auras tout le temps de réfléchir pendant la visite. Je t'attends devant l'ascenseur. »

Je ne comprenais vraiment plus rien. Il pouvait changer de sujet et de comportement si vite que je ne savais plus qui était le vrai Kangmin. Et comment savait-il que je cherchais un travail pour les vacances ? Je poserai toutes ces questions plus tard. Pour le moment, autant profiter de ce privilège. Je rangeai l'enveloppe dans mon sac, pris ma veste et rejoignis Kangmin.

Alors que nous montions dans l'ascenseur et que les portes se refermaient, une atmosphère pesante s'installait, mais elle se dissipa aussitôt lorsque Kangmin me demanda, d'un regard glaçant : « Pourquoi me fais-tu confiance ? Je suis également un élu, je pourrais te faire la même chose que Seon-u Bimil si l'envie m'en prenait. Tu cherches à me faire confiance, mais je pourrais vouloir la même chose. Pas vrai ? Je t'ai tout donné, et pourtant tu m'as quand même abandonné, alors comment saurais-je que tu ne recommenceras pas ? »

Ses paroles avaient soudainement changé, comme s'il parlait à quelqu'un d'autre. Au début, cela m'effrayait, mais d'une certaine manière, je n'étais pas si différente.

Le Cœur en 8 moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant