Chapitre 19

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Le reste de la nuit se déroula dans un état de veille inquiète, chaque petit bruit devenant un rappel de la présence troublante dans le couloir. Je n'arrivai pas à me rendormir, mes pensées tourbillonnant dans un mélange d'hypothèses et de craintes irrationnelles. Je sentais au fond de moi que cette personne, cet homme à la canne, n'était pas là par hasard. Il représentait une nouvelle menace, un élément imprévisible que je ne pouvais ignorer.

À l'aube, je me levai, épuisée mais déterminée. Je savais qu'il me fallait en savoir plus, comprendre qui était cet inconnu et quel rôle il jouait dans cette toile complexe qui se tissait autour de moi. Chaque instant passé à l'ignorer augmentait le danger. J'avais besoin d'informations, et vite.

En sortant de l'hôtel, la brise matinale m'apporta un semblant de réconfort, mais mon esprit restait alerte. Le trajet jusqu'au siège de YoonBioPharma se déroula dans une étrange torpeur. Les rues semblaient se dérouler devant moi comme dans un rêve, chaque virage me rapprochant inexorablement de ce lieu que je redoutais de plus en plus. En approchant de l'entrée imposante du bâtiment, une hésitation monta en moi, comme une alarme sourde et insistante. Mais il y avait autre chose, un sentiment plus insidieux qui me nouait l'estomac : j'avais l'impression d'être observée, traquée même, comme une proie qui s'avance naïvement dans un piège.

L'intérieur de YoonBioPharma était froid et moderne, les murs de verre reflétant la lumière artificielle des néons au-dessus. Après un bref échange avec l'assistante de Yoon Geonwoo, je fus laissée à l'accueil, là où je devais commencer à travailler. Mais quelque chose clochait. Le hall, vaste et immaculé, était étrangement vide. Aucun responsable ne vint me guider, aucune surveillance ne semblait veiller sur moi. Seule une autre femme se tenait là, une secrétaire dont le comportement me parut immédiatement suspect. Elle passait plus de temps à faire des allers-retours vers les toilettes qu'à s'occuper des clients.

Le silence dans le hall était pesant, presque oppressant. Seul le cliquetis distant du clavier de la secrétaire brisait cette atmosphère figée. Je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose se tramait ici, quelque chose que l'on cherchait à me dissimuler. Je croyais que YoonBioPharma n'était qu'une entreprise de recherche pharmaceutique, mais à mesure que les heures s'écoulaient, je découvrais des détails que j'ignorais. Les couloirs, les écrans allumés dans des bureaux, les clients, tout cela m'indiquait que cette société menait aussi des activités liées aux vaccins.

Le soleil disparut lentement derrière l'horizon, plongeant les vitres dans un reflet sombre. Enfin en pause, je quittai mon poste, incertaine de ce que je devais faire ou où je devais aller. Devais-je sortir prendre l'air ou rester ici ? L'indécision me fit errer sans but précis dans les couloirs déserts de l'entreprise.

Alors que je marchais, mes yeux balayant les alentours, ce sentiment de surveillance revint, plus fort, plus présent. Les ombres se tordaient autour de moi, comme si elles se rapprochaient imperceptiblement, prêtes à m'engloutir. Chaque coin, chaque recoin semblait abriter des regards invisibles. L'air, devenu soudainement plus lourd, m'étouffait presque. Je savais que je n'étais pas seule. Cette sensation d'être observée s'intensifiait à chaque pas, comme si quelque chose ou quelqu'un attendait que je baisse ma garde.

Mon cœur battait à tout rompre tandis que je continuais à avancer, incapable de me débarrasser de cette impression d'inquiétante étrangeté. C'était comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle, attendant que quelque chose se produise.

Je jetai un coup d'œil rapide à l'écran de mon téléphone. Le temps filait, il ne me restait plus que deux minutes de pause. Avec un soupir résigné, je fis demi-tour, retournant vers mon bureau de secrétaire à l'accueil. Je tentai de refouler ces sensations d'inquiétude persistantes, me convainquant que ce n'était rien de plus que le fruit de mon imagination.

En me réinstallant à mon poste, je pris une profonde inspiration, m'efforçant de reprendre le fil de ma journée. Encore deux heures, me dis-je. Deux heures, et ma première journée de travail serait enfin derrière moi. Pourtant, une inquiétude grandissante ne cessait de tourmenter mon esprit. La femme qui travaillait à côté de moi n'était jamais revenue de sa pause. Son bureau restait désespérément vide, et le hall, auparavant animé par les allées et venues des clients, semblait maintenant étrangement désert.

Je parcourus du regard l'espace autour de moi, cherchant une distraction pour apaiser mes nerfs. Mais malgré les lumières vives qui illuminaient le hall, j'avais l'impression que les ombres gagnaient du terrain, se glissant lentement vers moi. Cette sensation d'être observée ne m'avait pas quittée, bien au contraire. Elle s'intensifiait, s'insinuant en moi avec une persistance oppressante, comme si des yeux invisibles me fixaient sans relâche, sans cligner des yeux.

Je me surpris à tapoter nerveusement du doigt sur l'accoudoir de mon siège, un geste inconscient pour essayer de me calmer. Mais l'angoisse restait là, accrochée à moi comme une seconde peau. Je savais que je ne pouvais pas partir, ni même vérifier à nouveau mon téléphone. Les règles du contrat étaient claires à ce sujet : aucune distraction autorisée, aucune excuse pour quitter mon poste avant l'heure. Alors je restai là, assise, prisonnière de ce siège, luttant pour ignorer le poids de cette lourdeur qui semblait vouloir m'écraser.

Chaque seconde s'allongeait, interminable, alors que je tentais de faire abstraction de cette atmosphère suffocante. L'air, pourtant climatisé, semblait devenir plus épais, chaque respiration un peu plus difficile. Je me concentrai sur la tâche devant moi, mais les mots sur l'écran semblaient flous, irréels, comme si quelque chose cherchait à m'en détourner. Et toujours, ce sentiment glaçant que je n'étais pas seule, que quelque chose, dans ces ombres mouvantes, attendait le moment opportun pour se révéler.

Puis, soudainement, un bruit sec retentit, un coup de canne frappant le sol avec une résonance qui fit vibrer l'air autour de moi. Mon corps se raidit instantanément, comme si chaque fibre de mon être avait perçu ce son bien avant que mon esprit ne l'enregistre pleinement. J'écoutais, tendue, mais je ne parvenais pas à déterminer d'où il provenait. Le hall, si vaste et silencieux, semblait soudain se rétracter, se resserrer autour de moi, amplifiant chaque son, chaque vibration.

Un second coup résonna, plus fort cette fois, mais encore une fois, impossible de localiser son origine. Était-ce l'écho d'un bruit venu du sous-sol, montant lentement à travers les murs épais du bâtiment, ou bien venait-il d'un étage supérieur, se répercutant dans les conduits comme une sinistre mélodie ? L'incertitude me paralysait, mes sens embrouillés par ce phénomène étrange. C'était comme si le son provenait de partout à la fois, m'encerclant, se jouant de moi.

L'air autour de moi semblait s'épaissir, comme si le hall, à la fois lumineux et oppressant, se transformait en un labyrinthe sonore, où chaque pas, chaque coup de canne résonnait avec une intention malveillante. Mon cœur battait à tout rompre, et je me surprenais à retenir mon souffle, l'angoisse s'intensifiant à chaque instant. L'idée que quelqu'un, ou quelque chose, puisse se cacher dans les ombres, manipulant ces sons pour m'effrayer, ne me quittait plus. C'était comme si le bâtiment lui-même était devenu une entité vivante, un être conscient, prêt à m'engloutir dans ses profondeurs insondables.

Je fis un effort pour me concentrer, tendant l'oreille, mais le silence qui suivit fut encore plus oppressant, comme si le coup de canne s'était fondu dans l'obscurité, attendant le moment parfait pour réapparaître.
Plus j'avançais, plus je rencontrais des personnes de plus en plus sinistres.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 24 ⏰

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