Chapitre 1

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En revisitant le passé, je me demande souvent si j'aurais pris les mêmes décisions, si j'aurais eu la force de continuer en connaissant les conséquences. Si j'avais su, ils seraient encore en vie. Je ne l'aurais jamais repoussé et j'aurais accepté mon destin dès le début, mourant comme il le fallait. Mais malgré tout, je voulais vivre. Je voulais l'aimer, laisser une trace dans les mémoires, et sauver ces vies.

« Oui maman, tout se passe bien, ne t'en fais pas ! J'ai réussie à décrocher une place pour l'internat alors il n'y a pas à s'inquiéter pour l'argent, et puis c'est mieux comme ça, ça me permettrait de mieux m'intégrer. Oh, attends, je crois que ma colocataire est là, on se rappelle plus tard. Bisous, je t'aime. »

Pourtant, dès que j'eus raccroché, je sentis le regard pesant de ma colocataire qui me fixait alors qu'elle refermait la porte du dortoir derrière elle. Elle semblait avoir été dérangée par mon appel. Elle vidait ses affaires dans un silence tendu, me fixant d'un air dédaigneux qui rendu l'atmosphère assez tendue et gênante. Que devrais-je faire ? Je ne peux pas me faire détester dès le premier jour par ma colocataire. Alors autant briser la glace, après tout on vit désormais ensemble.

« Comment t'appelles-tu ? »

Ma tentative fut accueillie par un silence glacial. Je n'avais jamais étais aussi embarrassé. Mais elle continuait tout de même à me fixait de cette façon dérangeantes alors qu'elle finissait de ranger ses affaires, mes espoirs de sympathie furent vite balayés par ses mots cinglants.

« Ne crois pas que l'on peut devenir amies simplement parce qu'on partage une chambre. Ça me dégoûte que tu aies même pensé que ça pourrait être le cas. »

Sans même me laisser le temps de répondre, elle quitta la pièce. Rien ne me surprenait dans les avis négatifs des étudiants sur les boursiers dans cet établissement, mais cela ne rendait pas la situation moins agaçante. Juste à travers son regard et sa façon de me dévisager, je ressentais qu'elle était loin de me considérer comme son égal.

L'heure du dîner approchant, je vidai ma valise à mon tour et rangeai mes affaires rapidement. Je me dirigeai ensuite vers le restaurant du campus où je dînai seule à une table extérieure. De l'extérieur, les étudiants de ce lycée semblaient tous bienveillants et agréables, mais maintenant que j'y suis, je remarque que cette image n'était en réalité que superficielle. Par la baie vitrée du restaurant, j'analysais les étudiants. J'étais douée dans ce domaine, après tout, j'ai passé toute ma vie dans des conditions strictes et prudentes, alors analyser et observer les gens était devenu un réflexe et une capacité naturelle pour moi.
C'était assez flagrant à mes yeux, je distinguai ceux qui masquaient leur véritable nature derrière des sourires hypocrites, et ceux qui assumaient leur supériorité avec cruauté. Je faisais alors finalement partit de ceux qui préfèrent demeurer dans l'artifice, afin de se protéger.

Alors que je rapportais mon plateau avec ma vaisselle à l'intérieur du restaurant, je remarquai des étudiants, probablement en dernière année à en juger par leur uniforme, qui se faufilaient avec des premières années en direction du labyrinthe de grands buissons sur le campus. Je m'efforçais de ne pas m'impliquer dans ce qui ne me regardait pas, mais, comme toujours, ma plus grande faiblesse était la curiosité.

Après avoir déposé mon plateau, je sortis précipitamment et suivis furtivement les étudiants. Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant l'entrée du labyrinthe, je restai cachée derrière un muret à quelques mètres de là. J'écoutai discrètement leur conversation : les élèves de première année étaient alignés devant ceux de dernière année, qui commencèrent à les sermonner. Les plus âgés leur expliquaient les règles à suivre et les tâches qui leur incombaient, tout en les réprimandant de manière immorale et physique. Un bizutage ? Ça en avait tout l'air. Les dernières années portaient le même regard condescendant que les autres élites envers les personnes inférieures, que ce soit en statut ou en richesse. Ce qui attira particulièrement mon attention fut un badge distinctif que porté la fille qui semblait être, à en juger par l'attitude de ses camarades, la meneuse de ce bizutage.

Je me maudissais d'avoir enfreint ma propre règle selon laquelle je n'étais pas là pour me faire remarquer. Mais alors que je m'apprêtais à me relever et partir, une main ferme se posa sur mon épaule, me retenant. Je n'avais même pas encore tourné la tête que je savais déjà que cela n'augurait rien de bon.

Et à ce moment-là, je ne savais pas encore que les choix que je m'apprêtais à faire allaient non seulement sceller mon destin, mais également impacter celui de bien d'autres personnes autour de moi. Serais-je réellement prête à affronter les conséquences de mes décisions ?
Cupidité et immortalité humaine, égoïsme et sacrifice, un réel théâtre de manipulation et de destruction, dont je suis devenue l'actrice principale.

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Le Cœur en 8 moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant