Chapitre 15-

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- Vous êtes bien installé, s'enquit il d'une voix faussement aimable.

- Très bien, merci.

Il s'avança et me jaugea du regard. J'étais sûre qu'il s'attendait à tout sauf à moi assise tranquillement dans un fauteuil. Tant mieux. Je voulais le déstabiliser le plus possible. Je ne gagnerai pas par la force.

- Nous avons enfin compris votre manège, mademoiselle Ramirez... A vous et à monsieur Darion.

Entendre le nom de famille de Kols me déconcerta une seconde.

- Je vous en prie, dites moi quel est t'il ?

Il s'approcha et se pencha sur moi. D'aussi près je pouvais voir quoi n'était qu'un monstre sans cœur. Aucune émotion ne traversait son visage, ni ses yeux glacés.

- Vous avez pénétré notre bureau pendant que Kols faisait une diversion. Vous avez fouillé l'entièreté de cette pièce.

Mon sang se glaça dans mes veines.

- Vous n'avez aucune preuve.

- Nous avons différents enregistrements vidéos vous voyant faire toutes ces choses.

Et zut. Je déglutis.

- Bien... Vous m'avez eut c'est bien moi, affirmai je avec le plus de dignité que je pouvais.

J'eus au moins le mérite de désarçonner Fallows qui se pinça l'arrête du nez exaspéré.

- Qu'est ce que vous étiez venu chercher ? Parlez !

- Une chose très précise, fis je en gagnant un maximum de temps.

Je réfléchissais à toute allure. Emmet et Lysandra était hors jeu pendant un temps. Kols et Drew étaient ensembles. Damon était avec Khatarina peut être que cela allait marcher ? J'inspirai a fond. Ça devait marcher. Sinon ils étaient morts.

- Mademoiselle Ramirez, articula Fallows en se redressant. Quoique vous soyez en train de manigances, oubliez tout de suite...

- Pourquoi, le coupai je, vous avez peur de perdre ?

Il eut un rictus horrible.

- Perdre ? Contre vous ?

- Oui, fis je en me relevant.

Je redressai le dos et le menton. Je ne pouvais pas me permettre de flancher maintenant.

J'allais le faire. J'allais le tenter. Ma respiration s'accéléra. Mon regard dut changer cet Fallows se redressa en plissant les yeux.

- Je ne perdrai pas contre vous, Mademoiselle Ramirez. Car vous avez déjà perdu... Vous êtes seule. Vous n'avez que vos amis qui sont aussi démunis que vous.

Ses mots entraient dans mes oreilles et se logeaient profondément dans mon cœur. Ils s'enroulaient et s'entremêlaient. Et petit à petit la tristesse et la douleur se muait en haine.

- Vous n'avez pas idée de à quelle point vous vous trompez, fis je en le regardant droit dans les yeux.

- Qui pensez vous être, me répondit il en souriant méchamment. Vous êtes...

- Héra Ramirez..., le coupai.

Je me redressai un peu plus.

- ...enfant des songes...

Un éclair de surprise lui barra le visage.

-...et de la manipulation mentale, conclus je avant de lui abattre la main sur le bras.

Il sursauta et recula mais je ne lâchai pas prise.

- Et je vais gagner car je n'opère pas seule, lui crachai je au visage. J'ai bien plus d'alliés que vous ne pouvez l'imaginer.

Je puisait dans toute ma concentration et me mis à articulai les mots:

- Vous n'allez pas vous débattre. Ni faire de bruit.

Le souffle court j'attendis. Les veines de son front se gonflèrent et il sembla lutter contre un ouragan. L'espace d'une seconde, je crus que j'avais échoué. Mais il perdit pieds et ses muscles se relâchèrent. Je souris triomphalement.

- Et vous allez me donner cette bague à votre doigt...

Cette fois ci son masque entier se fissura pour voler en éclats. Ses yeux affichèrent toute sa stupéfaction et sa haine. Bouchée bée, il tenta une nouvelle fois de lutter. Je ne brisais pas l'échange de regard. J'avais le pressentiment que c'était le dernier rempart que j'avais contre sa volonté.

Son muscle sous ma main se contracta. Il batailla encore un moment avant de très lentement lever sa main. Il fit glisser l'anneau qu'il portait. Je ne détournais pas le regard. Et lui non plus. Ses yeux bleus clairs étaient terrifiants. J'avais l'impression qu'ils m'attiraient vers un gouffre profond. Au bout de ce qui me sembla une éternité, l'anneau arriva au bout de son doigts. Il glissa... bascula... et enfin fut libre. Fallows le lâcha et au lieu de tomber sur le sol et s'éleva dans les airs.

Une chose étrange se produisit. L'anneau tourna un instant sur lui même. Il resta suspendu et nos regard dévièrent à tout les deux. L'espace d'un instant tout s'arrêta. L'argent brilla et ondula. Des veines noires se formèrent à sa surface. Elles tournoyèrent. Je retins mon souffle. Avais je réussi ?

Puis une déflagration partit de l'anneau. Une explosion de noirceur jaillit nous projetant tout deux dans deux directions opposés. J'atterris violemment au sol. Le souffle coupé, je clignais des yeux, tentant de reprendre mes esprits. Lunaviah avait dit qu'une fois l'anneau libre de tout toucher, ses pouvoirs lui reviendraient. Elle n'avait pas parlé d'une explosion ni de vol plané prématuré pour toute personne se trouvant à proximité.

Toussant à en cracher mes poumons, je me rendis compte que de la fumée m'entourait, entrant dans mes narines et mes poumons. Je me relevai tant bien que mal.

Des hurlements montaient de toute part. Un coup d'œil en direction des fenêtres me fit comprendre que je venais de faire quelque chose de terrible. Au loin, des pans entiers des murs de lumière qui entouraient la ville s'effondraient. Des feux c'étaient déclenchés un peu partout. Des explosions jaillissaient ça et là. Des gens courraient, criaient, appelaient à l'aide. Je me relevai en tremblant.

Lunaviah m'avait dit qu'une fois récupérée, son pouvoir se libèrerait. Mais jamais je n'avais imaginé cela. La profondeur et la puissance de ce pouvoir était une abysse noire et terrifiante. Le sol trembla sous mes pieds. La tour de verre elle même était en train de vaciller sous le poids.

Je me rendis brusquement compte que l'heure était venu. J'avais enclenché le plan de l'Originelle. La bague libérée, ses pouvoirs rendus, la société en émoi, mes amis secouru par Doriant. Et moi... moi qui allait devoir me battre pour ma vie car je n'allais pouvoir compter sur personne. Doriant ne pourrai pas venir me chercher. Lunaviah et Kallias étaient coincés dans l'autre monde. L'oracle n'avait que très peu de temps, et je n'en avais pas assez pour le rejoindre.

Un grondement sourd retentit derrière moi. Terrifiée, je me tournai pour faire face à Fallows. Un filet de sang lui coulait sur la tempe. Le regard qui me lança aurai put faire trembler la terre. Ok, là il était vraiment en colère.

Il était sur le chemin de la sortie. Je reculai en trébuchant et il fit un pas en avant. La peur que je ressentais était la plus forte et la plus tétanisante que j'avais jamais ressenti. Cet homme allait me tuer. Mon instinct pris le dessus. Je fis volte face.

Je bondis sur la bibliothèque. Il y avait un mécanisme. Je le savais. Je l'avais trouvé lorsque j'avais fouillé le bureau. C'était mon moyen d'échappatoire le plus rapide. Mais je savais au fond de moi que je n'aurais jamais le temps.

De la fumée commençait à monter de partout. Des explosions retentissaient ça et là. J'avais presque atteint le mécanisme que le sol trembla si fort que j'en tombais à genoux. A ma droite, un trou se forma et un fauteuil tomba. Je me forçais à me relever. Je devais... je hurlais de frayeur et de douleur. Une main venait de se refermer sur ma gorge et me remis debout de force.

J'étais dans un bordel sans nom. Et personne n'allait venir me secourir.

Les Fiancés de Ténèbres Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant