Ma Chérie - 5

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Alex envoya un message à Isabela pour l'informer qu'il viendrait à Paris dans deux semaines, plus tard que prévu. Conformément à leur accord, il serait prêt à me rencontrer une ultime fois avant de décider pour le divorce. Isabela, toujours impassible, me montra le message avec un calme désarmant, alors que mon cœur s'emballait dans ma poitrine. Chaque mot semblait enflammer mes peurs les plus profondes, me rappelant l'imminence d'un moment que je n'avais cessé de redouter. Je me sentais terrifiée à l'approche de cette échéance, consciente que ma vie allait basculer dans un sens ou dans l'autre.

Assise sur le canapé, le téléphone d'Isabela encore en main, je levai les yeux vers elle, cherchant du réconfort dans son regard. Mais elle restait de marbre, ses yeux bleus perçants plantés dans les miens avec une intensité qui me fit frémir.

- Sarah, dit-elle finalement, brisant le silence lourd de tension, tu n'es pas prête à revoir ton mari.

- Pas prête ? répétai-je, ma voix à peine un murmure, brisée par l'angoisse.

- Non, répondit-elle, son ton ferme et sans équivoque. Il est crucial que ton éducation soit complétée avant cela. Tu as fait des progrès, mais il te reste encore beaucoup à apprendre et à intégrer. Une rencontre prématurée avec Alex pourrait tout compromettre.

Je sentais les larmes monter, mais je les refoulai avec détermination.

- Alors, que vais-je faire ? Comment puis-je être prête en si peu de temps ?"

Isabela resta silencieuse un moment, son regard scrutant chaque nuance de mon expression. Puis, elle parla d'une voix douce mais résolue.

- J'ai un plan, déclara-t-elle, sans offrir plus de détails. Ce sera intense, mais nécessaire.

- Quel plan ? demandai-je, l'angoisse perçant dans ma voix. Qu'est-ce que tu as prévu, Isabela ?

Elle secoua lentement la tête.

- Tu n'as pas besoin de connaître tous les détails maintenant. Concentre-toi sur toi-même et sur ce que tu veux vraiment. Es-tu prête à t'ouvrir à moi, Sarah ?

Je n'avais guère le choix. L'idée de revoir Alex me terrifiait, mais l'idée de le perdre définitivement était encore plus insupportable.

- D'accord, Isabela. Je te fais confiance, murmurai-je, même si chaque mot semblait un effort herculéen.

Elle acquiesça, satisfaite.

- Parfait.

Puis, sans un mot de plus, elle se leva et quitta la pièce, me laissant seule avec mes pensées tourmentées.

Après quelques jours, Isabela vint me voir un matin, rompant la routine avec une annonce surprenante.

- Sarah, fais tes bagages pour quelques jours, dit-elle calmement. Je vais t'emmener quelque part.

Ces mots me prirent au dépourvu. Isabela ne quittait jamais le club qu'elle dirigeait avec une main de fer.

- Où allons-nous ? demandai-je, l'inquiétude perçant dans ma voix.

Mais elle ne me donna aucun détail, se contentant de me rassurer.

- Je quitte cet endroit deux fois par an au moins pour me ressourcer, dit-elle. C'est nécessaire.

Sans poser plus de questions, je me mis à préparer mes affaires, le cœur battant d'anticipation et de curiosité. Ma valise se remplit lentement, chaque vêtement ajouté semblait marquer un pas vers l'inconnu. Une fois prêtes, nous descendîmes rejoindre Étienne, notre chauffeur, qui prit nos valises et les plaça dans le coffre de la voiture. Je fus fascinée de voir Isabela habillée pour la première fois autrement que dans ses robes élégantes. Elle portait un pantalon et une chemise simple, ce qui la rendait presque méconnaissable. Cette transformation vestimentaire accentuait l'énigme qu'elle représentait, renforçant l'aura de mystère qui l'entourait.

La voiture quitta Paris et, au bout d'une heure et demie, nous arrivâmes dans un village qui semblait perdu au milieu de nulle part. Les paysages défilaient, se transformant de l'urbanité familière à des scènes bucoliques et presque irréelles. Le silence à l'intérieur de la voiture n'était interrompu que par le bruit régulier du moteur et le froissement occasionnel des sièges en cuir. Isabela restait silencieuse, le regard fixé sur l'horizon, perdue dans des pensées que je ne pouvais que deviner. Étienne nous conduisit à une villa isolée qui semblait à la fois élégante et abandonnée. Il nous aida à déposer nos affaires devant l'entrée imposante et demanda à Isabela si elle souhaitait qu'il reste.

- Ce n'est pas nécessaire, répondit-elle avec un léger sourire.

Sa voix, habituellement empreinte d'une froide autorité, semblait plus douce, presque nostalgique.

- Si tu pouvais faire les courses pour nous, ça serait très gentil, ajouta-t-elle.

- Bien sûr Madame, répondit-il. Je reviens vite.

Les Passions de Sarah - Tome IVOù les histoires vivent. Découvrez maintenant