Je restai figée, la fourchette suspendue en l'air, déstabilisée par la tournure inattendue de la soirée. Les mots d'Isabela résonnaient comme une sentence, mais aussi comme une opportunité de libération.
- Qu'est-ce que tu veux dire, Isabela ? demandai-je, tentant de masquer la peur et l'incertitude qui bouillonnaient en moi.
- Sarah, tu es venue ici pour te reconstruire, pour te retrouver, expliqua-t-elle avec une patience que je connaissais bien. Mais tu ne pourras jamais avancer tant que tu n'auras pas confronté ce qui te hante. Ce dîner est l'occasion pour toi de tout mettre à plat, de tout dire. Tu dois être honnête avec toi-même et avec moi.
Je pris une profonde inspiration, cherchant mes mots. Les démons dont elle parlait, je les connaissais trop bien. Ils étaient les spectres de mes erreurs passées, de mes peurs, de mes regrets.
- Isabela, je ne sais pas si je suis prête, avouai-je, ma voix tremblante.
- Tu n'as pas le choix, Sarah, répondit-elle avec une fermeté douce. Si tu veux avoir une chance de récupérer Alex, ou même simplement de trouver la paix en toi-même, tu dois affronter tout cela maintenant. Parle-moi de ce qui te tourmente. Laisse sortir tout ce que tu gardes enfoui.
Je regardai mon verre de vin, les reflets rouges dansant à la lueur des chandelles. Les souvenirs affluèrent, et je sentis les larmes monter.
- Alex... Il était tout pour moi. Et j'ai tout gâché, commençai-je, ma voix brisée par l'émotion. Je l'ai repoussé, je l'ai ignoré, et finalement, je l'ai perdu.
Isabela écoutait en silence, son regard toujours fixé sur moi.
- Continue, encouragea-t-elle doucement.
- J'avais tellement peur de m'ouvrir à lui, de montrer mes faiblesses, poursuivis-je, les larmes roulantes maintenant sur mes joues. "Et Viny... Viny a profité de mes doutes et de mes insécurités. Il m'a manipulée, et j'ai laissé Alex derrière moi, incapable de faire face à la réalité.
Isabela hocha la tête, absorbant chaque mot.
- Et maintenant ? demanda-t-elle. Que ressens-tu vraiment pour Alex ? Que veux-tu vraiment pour ton avenir ?
- Je veux... Je veux réparer ce que j'ai brisé, murmurai-je. "Je veux retrouver Alex, lui montrer que j'ai changé, que je suis prête à être la personne qu'il mérite. Mais j'ai peur... Peur qu'il ne veuille plus de moi, peur que ce soit trop tard.
Isabela posa sa main sur la mienne, son toucher à la fois réconfortant et ancré dans la réalité.
- La peur est normale, Sarah, dit-elle. Mais tu ne peux pas laisser cette peur te paralyser. Ce soir, tu as commencé à faire face à tes démons. C'est un premier pas crucial. Si tu veux vraiment une chance de récupérer Alex, tu dois continuer sur ce chemin. Et si, malgré tout, cela ne fonctionne pas, tu auras au moins la satisfaction d'avoir fait tout ce qui était en ton pouvoir.
Je hochai la tête, les larmes se tarissant peu à peu.
- Merci, Isabela, dis-je, reconnaissante pour son soutien inébranlable.
- Tu peux continuer maintenant.
Je fronçai les sourcils.
- Continuer quoi ? Demandai-je.
- A te confesser, répondit-elle avec autorité. Tu pensais vraiment t'en sortir avec deux ou trois phrases. Il faut que tu confesses toutes tes conneries.
Je regardai Isabela avec de grands yeux et je sentis que la situation était bien plus complexe que je ne le pensais. Le dîner qui avait commencé sous des auspices calmes, presque paisibles, mais maintenant les échanges devenaient plus tendus. La lueur des chandelles jetait des ombres dans la pièce, rendant l'atmosphère encore plus oppressante. Les mots d'Isabela, d'abord calmes et mesurés, commencèrent à se charger d'une intensité croissante. La tension était palpable, et je sentais que quelque chose de lourd et de difficile allait émerger de cette conversation.
- Sarah, dit-elle, sa voix perçant le silence de la pièce comme une lame bien aiguisée, tu es une destructrice. Partout où tu passes, tu ne laisses que le chaos derrière toi. Regarde autour de toi : ton ex, tes anciens amants, tes lieux de travail, ton mari, ton foyer. Tous détruits par ta main. Pourquoi tu ne confesses pas que tu es une salope, une profiteuse, une gamine totalement apathique qui ne pense qu'à ses intérêts et à son plaisir.
Je restai figée, le souffle coupé par la violence de ses paroles.
- Isabela, ce n'est pas juste, tentai-je de protester, mais elle continua, implacable.
- Tu veux toujours plus d'aventures, plus de sexe, plus de tout, poursuivit-elle, ses yeux bleus lançant des éclairs. Mais en réalité, qu'as-tu vraiment à offrir ? Rien, si ce n'est ta beauté qui, crois-moi, finira par se faner. Que restera-t-il alors de toi, Sarah ? Que laisseras-tu derrière toi, si ce n'est une traînée de ruines ?
Les mots d'Isabela résonnaient en moi comme des coups de marteau. Je voulais me défendre, trouver les mots pour réfuter ses accusations, mais chaque tentative semblait s'effondrer avant même de franchir mes lèvres.
- Non, Isabela, ce n'est pas vrai. J'ai... j'ai essayé de faire de mon mieux, balbutiai-je, désespérée. Surtout avec Lucas.
Isabela lâcha un rire terrible.
- Oh Lucas ? Si je me souviens bien, n'était-ce pas ce beaugosse populaire à l'université que tu as transformé en loque après lui avoir fait perdre sa confiance en soi et son affaire ?
- Non, protestai-je, il a perdu son affaire parce qu'il...
- Parce qu'il quoi Sarah ? Parce qu'il a vu quelque chose en toi ? Parce qu'il a cru que tu pourrais l'aimer en retour.
- Je l'ai aimé.
- La ferme ! Tu as aimé le confort qu'il créait autour de moi, me hurla Isabela. Tu étais seule, sans personnes et il t'a fabriqué une vie. Ce pauvre idiot de Lucas qui ne peut peut-être toujours pas bander à cause de ton traitement.
Je sentais mon rythme cardiaque qui s'accélérait et je sentais ma peine qui augmentait au fur et à mesure. Je n'arrivais pas à me défendre. Isabela continua, implacable.
- Je ne parlerai même pas des hommes que tu as utilisé pour ton propre désir, faisant tout pour les faire tomber amoureux de toi alors qu'en réalité tu ne voulais que du sexe. Ça t'a servi à quoi de jouer avec leurs cœurs ? A flatter ton égo de petite berbère qui vient du fin fond du désert ? C'est comme ça que tu voulais te sentir importante ? En piétinant des innocents comme tes propres parents t'ont piétinée tes frères et toi ?
- Arrête Isabela je t'en prie, lui dis-je, essayant d'arrêter mes pleurs. Je t'aime mais tu exagères, tu me fais du mal de cette façon.
Isabela se leva, redoutable.
- Et Alex ? Que serais-tu aujourd'hui si tu n'avais pas connu cet homme ? Tu serais sûrement encore en train de faire le tapin à Perpignan, pendant que Lucas cherche comme se sauver et te sauver avec lui. Tu aurais fini dans la merde car tes envies t'empêchent de faire quoique ce soit.
- Isabela ! Arrête ! Lui criais-je.
Elle m'attrapa par les épaules et me força à me lever. Elle me hurla au visage.
- Ce jeune t'homme t'a donné une vie que beaucoup tueraient pour avoir et toi tu as fait quoi ? Tu l'as humilié et tu l'as cocufié de la pire des manières.
- Non, m'écriais-je. J'étais sous l'emprise de Viny.
- Foutaises ! Me hurla Isabela à son tour, il y a quelques mois encore, tu utilisais l'argent de ton mari pour t'envoyer en l'air avec des gens qui ignoraient même qui tu étais. Ce n'était pas Viny, depuis le début, c'était toi. Espèce de monstrueuse salope.
Je sentais mon cœur se briser. La soirée magnifique que j'espérais avait viré au cauchemar et je ne voulais pas que mes larmes m'échappent à nouveau. Je tournai les talons pour monter dans ma chambre. Isabela m'acheva.
- Et puis d'ailleurs, c'est toi qui a tué ta sœur.
VOUS LISEZ
Les Passions de Sarah - Tome IV
Storie d'amoreAprès avoir été sauvée des griffes de Viny par Isabela, Sarah se retrouve sous la protection de cette femme incroyablement belle et puissante. Coupée du monde, loin d'Alex, l'amour de sa vie, Sarah se sent perdue et désemparée, ne sachant comment se...