13 - Le Père Noël est une ordure

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Quand ma punition s'est levée, Rosalya a réitéré son invitation au centre commercial.

Sa présence m'arrangeait un peu : j'avais fini par révéler que j'étais tombée sur Castiel, perspective qui m'enchantait de moins en moins à mesure que j'y pensais – je devais avoir un très mauvais karma pour piocher l'un de ceux dont je ne voulais vraiment pas. Puisqu'elle le connaissait depuis plus longtemps que moi, elle saurait sans doute me conseiller ; je n'avais strictement aucune idée de cadeau à lui faire. Plus qu'à prier pour que la personne qui m'a piochée soit un peu plus sympa.

Nous nous sommes donné rendez-vous un samedi après-midi, à l'arrêt de bus accolé au lycée. Comme j'étais la première, je me suis installée sur un banc et j'ai tiré ma console de ma poche histoire de m'occuper. Il faisait un froid à vous geler sur place et je n'arrêtais pas de souffler des nuages de buée sur l'écran de ma Nintendo DS. Dix minutes se sont écoulées avant que Rosalya ne pointe enfin son nez.

" Salut ! " s'est-elle exclamée " Désolée du retard, t'es là depuis longtemps ? "

J'ai répondu que non, pas tant que ça, en rangeant ma console de ma poche. Elle était emmitouflée dans ce qui ressemblait davantage à la cape d'une princesse que le manteau d'une lycéenne et avait l'air de sortir tout droit d'un conte de fée. Quand je lui ai fait la remarque, elle a pouffé de rire.

Le bus est arrivé et nous nous sommes installées tout au fond, direction le centre commercial. Rosalya a passé le trajet à me faire la liste de ce qu'elle comptait acheter.

" Le plus difficile, c'était de trouver quelque chose pour Leigh, a-t-elle expliqué, il ne parle pas beaucoup de lui ou de ses centres d'intérêt. C'est un peu comme jouer aux devinettes, finalement.

- Attends... Leigh ? Ça me dit un truc. " Je me suis creusé la cervelle en me demandant où j'avais bien pu voir ce nom, puis ça m'est revenu d'un coup. " Ah mais oui ! Il y avait un tag, dans la cage d'escaliers. "

Ses joues ont viré au rose pâle et ses lèvres se sont étirées en un petit sourire satisfait.

" Tu l'as vu, alors ? Dommage que tu aies dû tout effacer. Mais c'est rien, je recommencerai. C'est pas un coup d'éponge qui va me décourager ! "

J'ai ainsi appris ce dont je me doutais déjà, à savoir que Leigh était le petit ami de Rosalya. Une fois lancée sur le sujet, elle était intarissable : j'ai eu droit au récit de leur rencontre, de leurs débuts et surtout de ses difficultés à lui faire comprendre qu'elle était amoureuse de lui. D'après elle, faire le premier pas était " super pénible, c'était comme s'il ne comprenait rien à rien ".

" Mais bon, ça va mieux maintenant, même s'il est toujours un peu maladroit. "

Une fois descendues à notre arrêt, nous avons marché d'un bon pas jusqu'au centre commercial. Une vague de chaleur m'a frappée dès que j'ai franchi les portes. Comme on pouvait s'y attendre un samedi de décembre, les magasins étaient noirs de monde, au point où je peinais à me diriger à travers la galerie. Rosalya, en revanche, paraissait connaître les lieux comme sa poche.

" D'abord, la boutique de cadeaux ! " s'est-elle exclamée en m'entraînant vers un escalator.

Au premier étage, il a fallu jouer des coudes pour nous extirper de la foule. Nous avons débarqué dans une boutique de bric-à-brac, le genre où on trouve de tout et n'importe quoi pour décorer sa maison avec des bibelots ou faire un cadeau sans personnalité. Un lieu tout désigné pour faire un cadeau à Castiel. Rosalya m'a entraînée dans le fond où se trouvait un étalage de bougies parfumées. Elle en a saisi une au hasard et me l'a fourrée sous le nez.

Sweet ToothOù les histoires vivent. Découvrez maintenant