10 - Un crime pas parfait du tout

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" Bonjour Liv ! Ça va bien ? Tu as bien dormi ?

- Très bien, merci et t- ... "

La fin de ma phrase est restée bloquée dans ma gorge lorsque j'ai vu qui m'adressait la parole. La tête enfoncée dans mon casier, je ne faisais pas vraiment attention au monde qui m'entourait et j'avais répondu par réflexe sans prendre la peine de me demander à qui appartenait la voix qui me saluait. Une voix difficile à identifier sans voir sa propriétaire, d'ailleurs, dans la mesure où j'avais plutôt l'habitude d'un ton aigre et narquois, bien loin des sonorités onctueuses auxquelles j'avais droit aujourd'hui.

" Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as perdu ta langue ? a demandé Ambre sans se départir de sa voix suave.

- Euh... et toi, tu es mal réveillée pour me parler comme ça ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ! J'ai bien le droit de demander à une camarade comment elle va ! "

J'ai eu envie de me pincer pour vérifier que je n'étais pas en train de rêver. Ambre, gentille avec moi ? Je devais avoir atterri dans une dimension parallèle. Flanquées à sa droite et sa gauche, ses deux affreuses copines n'ont pas eu l'air de broncher face à son attitude inédite.

" Ben, euh, ça va écoute, ai-je marmonné en me demandant où était le piège, et toi, qu'est-ce que tu veux exactement ?

- Oh, rien de spécial ! Enfin, si c'est si gentiment proposé, tu pourrais me rendre un petit service. "

Nous y voilà. Je savais bien qu'il y avait un truc.

" Charlotte a oublié son argent aujourd'hui, a-t-elle repris dans un sourire rayonnant, et on avait malheureusement prévu d'aller manger dehors. Est-ce que tu voudrais bien nous dépanner juste pour cette fois, dis ? "

J'ai éclaté de rire. Toute cette comédie juste pour ça ? Tout en refermant mon casier, j'ai répondu que je n'avais rien pour elle et qu'elle n'avait qu'à demander à quelqu'un d'autre. Elle a perdu un peu de ses manières mielleuses.

" Enfin Liv, c'est pas grand chose ! Je suis sûre que tu as un peu d'argent de poche à me prêter !

- Même pas en rêve. Si tu crois que je suis assez naïve pour te donner de l'argent, tu te mets le doigt dans l'œil. "

J'ai calé mon sac sur mon épaule et m'apprêtais à les dépasser pour me rendre en classe, mais les trois pestes m'ont fait barrage de leur corps. Pas moyen de faire un pas de côté : elles se sont agglutinés autour de moi et il a fallu reculer jusqu'à ce que mon dos se retrouve plaqué contre mon casier.

" Je rectifie : tu es exactement le genre de personne à me donner de l'argent si je te le demande, a dit Ambre en perdant toute son amabilité, d'ailleurs, tu devrais être honorée que je t'adresse la parole. Grouille-toi, maintenant, c'est la dernière fois que je te le demande. "

J'ai secoué la tête. Pas question de me laisser faire. Dans un claquement des doigts d'Ambre, Li et Charlotte m'ont attrapée par les bras et m'ont coincée contre mon casier. Leur cheffe de bande s'est alors empressée de me piquer mon sac et de l'ouvrir tandis qu'une espèce de cri inarticulé sortait de ma bouche. J'ai donné un coup de pied dans le vide sans savoir à qui je l'adressais, mais impossible de viser correctement : les deux sbires me maintenaient avec une poigne à me faire mal. Les ongles de Li me rentraient dans la peau au point où, j'en étais sûre, j'allais finir par me mettre à saigner. Ambre a entrepris une fouille en règle de mon sac à la recherche de mon portefeuille.

" C'est quoi ce truc ? " a-t-elle grommelé en avisant ma console " Me dis pas que t'es une espèce de nerd qui passe son temps devant des jeux débiles ?

Sweet ToothOù les histoires vivent. Découvrez maintenant