11 - SOS Fantôme

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À ce stade du récit, vous êtes probablement en train de vous dire que je suis un vrai bébé pour m'effrayer à la vue d'une simple ombre. À ça, je réponds : vous n'étiez pas là quand c'est arrivé.

C'est vrai qu'en y repensant, ça peut sembler un peu ridicule. Après tout, les fantômes n'existent pas, pas vrai ? Mais je vous jure que, sur le coup, quand j'étais plongée dans le noir et que j'ai vu une ombre qui avait l'air de sortir tout droit de la cage d'escaliers, j'étais persuadée d'avoir réveillé l'esprit frappeur du lycée.

C'est parce que j'ai nettoyé les tags... j'ai dû tout enlever et j'ai provoqué la colère des esprits !

Ce qui, en soi, n'était pas très pertinent comme remarque puisque, comme je l'ai dit, les plus vieux graffitis remontaient à sept ou huit ans, pas plus – d'après Iris, du moins. Mais je m'égare.

Après avoir traversé le lycée à pleine vitesse, Li et moi avons fini par nous arrêter une fois franchies les grilles. Je crois que je n'avais jamais couru aussi longtemps de ma vie et mes poumons me le faisaient bien sentir. L'autre aussi était hors d'haleine.

" Surtout, pas un mot de ce qui vient de se passer ! " a-t-elle ordonné tandis que j'étais occupée à cracher mes organes.

J'ai hoché la tête. Pas question que les autres sachent que j'avais eu la trouille ! C'était déjà assez honteux d'avoir hurlé en présence de Li. Au moins, vu la réaction qu'elle avait eue, je savais que je pouvais compter sur son silence.

Du moins, c'est ce que je croyais.

Il ne s'était même pas écoulé vingt-quatre heures depuis les événements de la veille que déjà Ambre me sautait carrément dessus alors que j'entrais en classe.

" Alors, on a la pétoche quand il fait noir ? " s'est-elle écriée bien fort de manière à être entendue de tous.

Je me suis dégagée d'une secousse pour aller m'asseoir à côté d'Iris, mais Ambre s'est empressée de me suivre en déclarant que Li lui avait tout raconté et que j'étais un vrai bébé pour croire aux fantômes.

" Li a eu aussi peur que moi, je te signale, ai-je rétorqué en posant mon sac, d'ailleurs, c'est elle qui s'est mise à courir en premier.

- À d'autres, trouillarde ! Et puis, c'est pas elle qui a crié. "

Elle a fait mine de se ratatiner et a écarquillé les yeux, comme si une apparition venait de surgir du tableau.

" Un fantôôôôme ! " a-t-elle hurlé avant d'éclater de rire, aussitôt imitée par ses copines.

Faut croire que taguer son casier n'a pas suffi... la prochaine fois, je lui balance des araignées dans les cheveux.

Je n'avais pas prévu de raconter à Iris ce que j'avais vu, mais puisque le secret était éventé, il n'était plus la peine de cacher quoi que ce soit. À mesure de mon récit, elle a eu l'air de plus en plus perplexe, comme si elle ne me croyait pas vraiment.

" Tu ne penses pas que ça pouvait être autre chose ? Un veilleur de nuit, par exemple ?

- Il y a un veilleur de nuit, dans le lycée ?

- Euh... pas que je sache, mais c'est quand même plus probable qu'un fantôme. "

Ce qui était très juste, vous en conviendrez. Le reste de la classe paraissait d'ailleurs aller dans son sens largement plus que dans le mien. Castiel s'est contenté de me traiter de gamine et de ricaner, et Rosalya m'a fait remarquer que j'étais un peu bizarre – et que de toute façon, les fantômes sont censés être des spectres blancs, pas des ombres. Je finissais par me dire qu'ils avaient tous raison, mais ça laissait planer un mystère autrement plus intéressant : qui pouvait bien traîner dans la cage d'escaliers la nuit ?

Sweet ToothOù les histoires vivent. Découvrez maintenant