Sweet Tooth

3 - Cette sale peste d'Ambre

Dans mon esprit tout divague

Je me perds dans tes yeux

Je me noie dans la vague

De ton regard amoureux

Videoclub - Amour Plastique

Une fois mon inscription validée, je me suis très vite habituée au rythme de mon nouveau lycée.

Exception faite des pestes de la dernière fois, je m'entendais plutôt bien avec l'ensemble de la classe. Avoir fait la connaissance de Nathaniel s'est révélé très utile pour rattraper mon retard et, à l'exception des maths et de la physique où j'avais le plus de mal, j'ai rapidement atteint le niveau général.

Le délégué principal n'était pas le seul à m'être venu en aide : en découvrant deux nouveaux dans la classe, Iris, ma voisine de français, a aussitôt offert de nous faire visiter le lycée à Ken et moi. Grâce à elle, j'ai appris que le garçon à la cigarette que j'avais vu le jour de mon arrivée n'était autre que Castiel, un de ses amis d'enfance, qui se trouvait également dans notre classe –ce dont j'aurais difficilement pu me rendre compte dans la mesure où il n'assistait aux cours que quand bon lui semblait. Qu'une gentille fille studieuse comme Iris puisse être amie avec le rebelle de service m'étonnait un peu, mais après tout, qui étais-je  pour juger ?

Ce nouveau départ présentait donc de bons auspices, et tout serait allé pour le mieux s'il n'y avait pas eu Ambre.

Ambre Jacott, c'est-à-dire, la sœur jumelle de Nathaniel.

Au début, je n'avais pas cru Iris. Frère et sœur, des êtres si différents ? N'eût été leur ressemblance physique, j'aurais cru à une mauvaise blague. Il était aussi serviable et avenant qu'elle était prétentieuse et insupportable. C'était elle qui avait poussé Ken le premier jour. Je l'ai aussitôt prise en grippe et elle me le rendait bien, ayant toujours pour moi une remarque ou une moquerie que je m'efforçais d'ignorer. Ken, lui, en était terrifié. Il faut dire que c'était lui qui en pâtissait le plus.

" Faut te défendre, lui disais-je, si tu te laisses marcher dessus elles vont continuer à s'acharner sur toi.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

- J'en sais rien, moi, fais-lui pareil que ce qu'elle te fait subir. "

Mais il disait non, toujours non.

" Mon père m'a toujours dit qu'il ne fallait pas frapper les filles. "

Je me demandais si son père avait déjà été confronté à une fille, un jour. J'avais beau l'encourager à se défendre, Ken préférait toujours le silence ou la fuite, et je prenais sur moi de l'empêcher de se faire trop charrier.

Jusqu'à ce qu'Ambre aille vraiment trop loin.

Ce jour-là, je venais à peine d'entrer en classe, une dizaine de minutes avant le début des cours, qu'Iris m'a pratiquement sauté dessus.

" Tu tombes bien, s'est-elle exclamée, tu ne sais pas ce qui vient de se passer ! "

À cette heure matinale, la salle de classe était déserte, et je ne pouvais pas manquer le spectacle déplorable qui s'étalait devant mes yeux.

Avachi à une table, le visage plongé dans ses mains, Ken était secoué de sanglots. Il avait abandonné ses lunettes qui gisaient sur un coin du bureau. Debout à son côté, Iris avait passé un bras autour de ses épaules et lui parlait à voix basse, comme pour le réconforter. Mon cœur s'est serré dans ma poitrine.