14 - Un atelier mouvementé

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Je vous épargnerai le récit long et fastidieux des festivités qui ont suivi le début des vacances. À part vous perdre dans une digression inutile à propos de l'énorme repas de Noël préparé par mes parents et la liste longue comme le bras de mes cousins, je ne vois pas trop quel intérêt vous raconter tout ça pourrait bien avoir. Je fais aussi l'impasse sur le reste des vacances : il ne s'est rien passé de croustillant. Mes amis et moi sommes restés chacun dans nos familles à fêter Noël sans trop bouger de chez nous - sauf Rosalya, partie au ski avec ses parents, Leigh et Lysandre, mais ce n'est pas sa vie dont je fais le récit.

Je suis retournée au lycée avec des résolutions plein la tête et un reste d'indigestion - la faute à l'énorme bûche bourrée de crème au beurre achetée chez un pâtissier par ma tante Agatha. J'ai toujours aimé les nouveaux départs amenés par les débuts d'années ou les rentrées scolaires : je vois un peu ça comme une nouvelle page, une chance offerte par l'Univers de progresser pour devenir une meilleure version de soi-même. Mon désir d'être enfin mature et sérieuse, un peu malmené par toutes les péripéties que j'avais vécues en deux mois à peine, était toujours intact et plus fort que jamais. J'avais été revigorée par mon bulletin et étais décidée à me surpasser et espérer enfin atteindre la mention Bien d'ici la fin de l'année. Pour commencer, j'allais m'investir davantage dans la vie au lycée en travaillant d'arrache-pied et - pourquoi pas - en imitant Iris, Kim et Peggy en rejoignant un club. Qui sait ? C'était peut-être ce qu'il me fallait pour trouver enfin ma vocation ?

Quand je suis entrée en classe ce matin-là, Iris et Rosalya étaient plongée dans un exemplaire du journal du lycée. Peggy venait tout juste de les distribuer, et s'il était rare que j'y jette un coup d'œil, leur air absorbé et la façon dont elles se poussaient du coude en ricanant n'ont pas manqué de piquer ma curiosité. Je me suis approchée d'elles pour voir ce qui les amusait à ce point. Peut-être qu'elle a réussi à découvrir ce que Castiel et Lysandre faisaient au sous-sol du lycée après les cours et que toute l'école va être au courant.

" Oh, salut Liv ! " s'est exclamée Iris en m'apercevant " Tu as lu le journal ?

- C'était ce que je m'apprêtais à faire, justement. Qu'est-ce qu'il y a de si intéressant ? "

Rosalya s'est emparée du journal et me l'a carrément fourré sous le nez. J'ai parcouru la double page ouverte à la recherche de ce qui les captivait à ce point.

" Tu as vu ? Tu as vu ? " s'est-elle exclamée d'une voix plus aiguë qu'à l'ordinaire.

J'ai secoué la tête. " Vu quoi exactement ?

- Mais là, regarde ! "

Elle a pointé un petit encart du doigt. Il était si discret, coincé entre l'horoscope de la semaine et les petites annonces, que je ne l'avais pas remarqué. J'ai repris le journal pour le lire.

" Un concours d'écriture ?

- Oui ! " Rosalya ne tenait plus en place. " Et tu as vu le thème ?

- La... Saint-Valentin ? C'est pas censé être le mois prochain ?

- C'est pour nous donner le temps d'écrire !

- Il y a des prix à gagner, a ajouté Iris en désignant la suite de l'annonce, et les trois meilleurs textes seront publiés dans le journal le quatorze février ! "

Je leur ai rendu leur feuille de chou. C'était, je crois, la première fois que Peggy organisait un concours d'écriture. Pour avoir déjà feuilleté un ou deux exemplaires, je savais que le club-journal comptait une écrivaine attitrée, spécialisée dans les nouvelles ou les histoires courtes dont le thème changeait chaque semaine au gré des événements. L'idée d'avoir son propre texte publié, visible par tout le lycée était très excitante - mais aussi un peu intimidante.

Sweet ToothOù les histoires vivent. Découvrez maintenant