Miss Gioberti

Chapitre XIV

Ambre Gioberti

Je rejoignis Ofélia et Sofia dans le salon. Sofia inspecta mon visage ; elle semblait plutôt satisfaite de mon travail. Ofélia me tendit une pochette de glace qui sortait probablement du congélateur.

- Tu gardes ça sur ta pommette quelques minutes, m'indiqua Sofia. Ugo a ramené ta moto, il s'est dit que tu allais avoir besoin de ça pour ... te détendre. Sois prudente, Ambre, que ce soit sur cette moto ou dehors. Ce n'est pas un jeu.

J'acquiesçai et lui offris un sourire rassurant avant de la prendre dans mes bras. Ofélia raccompagna Sofia avant de verrouiller derrière elle. Elle me rejoignit et s'installa à l'autre bout du canapé. Je maintenais la pochette sur ma pommette pendant qu'elle m'observait. Elle semblait hésitante jusqu'à ce que sa voix rompe le silence.

- On a fait n'importe quoi, tu es en danger par ma faute. Il faut régler ça.

- Je n'ai pas peur, Ofélia. La personne qui veut ta mort est dangereuse, on ne peut pas dire le contraire...

- Je ne peux pas te laisser, si c'est ça à quoi tu penses, souffla-t-elle.

- Si on veut vraiment me kidnapper, ça aurait déjà été fait. Je suis encore là et je serai toujours là. Ne t'embête pas à régler un problème inexistant, Ofélia.

- Ça ne règle pas notre premier problème. On a merdé, et pas qu'un peu, chuchota-t-elle.

Je laissai la poche de glace tomber et m'approchai d'elle, observant sa réaction. Elle ne bougea pas, ses yeux fixant la peau que laissait entrevoir ma chemise.

Madame Pereira, vous faut-il si peu pour vous déconcentrer ?
Je plaçai deux doigts sous son menton et relevai sa tête jusqu'à ce que nos yeux se rencontrent.

- Ta bouche m'a bien fait comprendre que c'était une erreur, mais ton corps n'est pas d'accord, mon ange, chuchotai-je.

- Quelqu'un cherche à te kidnapper. Je te mets en danger.

- Ce n'est qu'un détail, murmurai-je, effleurant nos lèvres.

Elle me fit basculer en arrière et se plaça sur moi. Son regard était différent, il était plus sombre, sombre d'envie. Une pointe d'incompréhension animait cet océan émeraude. Son corps au-dessus du mien me procura plus d'effets que ce que je voulais bien admettre. Ses yeux scrutaient mon visage à la recherche de je ne sais quoi.

- J'ai participé à l'emprisonnement de tas de criminels, tous plus dangereux les uns que les autres. Tout ce qu'ils veulent, c'est mon corps agonisant sur le sol. J'ai déjà volé des vies pour sauver la mienne. À quel point es-tu insouciante, trésor ?

Sans prévenir, j'écrasai mes lèvres sur les siennes. Elle répondit aussitôt. Mes mains se frayèrent un chemin dans sa nuque. Ce baiser vira vers un combat de domination; Ofélia appuya son bassin contre le mien. J'étais complètement dominée, je ne ressentais même pas le besoin de prendre le dessus. Elle dévia vers mon cou où elle déposa de nombreux baisers, et je lâchai un long gémissement qui la fit soudainement s'arrêter. Elle releva la tête, ses yeux émeraude s'ancrant aux miens.

- On ne peut pas, pas une deuxième fois. Et encore moins maintenant, trésor, désolée.

Je détournai les yeux, mais elle ramena mon visage face au sien.

- Trésor, tu sais que j'ai envie de toi, mais je ne te protège pas en faisant ça.

- Ça ne sert à rien de me protéger. S'ils me veulent, ils finiront par m'avoir. Ce ne sont pas des policiers ou toi qui l'en empêcheront, et tu le sais aussi bien que moi.