Chapitre II

151 9 5
                                    

Ambre Gioberti

Je me dirigeai dans la cuisine, bien décidée à préparer le petit déjeuner pour les deux personnes qui dormaient probablement encore. Quelques heures s'étaient écoulées depuis ma séance nocturne... J'étais épuisée. Je n'avais pas réussi à me rendormir, alors j'avais fini par lire quelques affaires non résolues. Je sortis quelques œufs et du bacon pour préparer le déjeuner habituel qu'Ugo s'enfilait chaque matin, puis je fis griller quelques tartines pour ma sœur. Pour ma part, je ne déjeunais plus dernièrement, j'avais perdu l'appétit. Je préférais manger un bon dîner que grignoter quelques aliments de temps à autre dans ma journée. Lorsque j'entendis des pas dans les escaliers je compris que l'estomac sur patte était réveillé.

- Bien dormit p'tite sœur ? me demanda mon frère d'une voix ensommeillée.

- Mmh, et toi ? Et c'est toi le plus petit, je suis née avant toi, lui rappelai-je d'un air faussement ennuyé.

- Oui, peut-être mais je suis le plus grand de nous trois.

Je leva les yeux au ciel et lui posa son assiette sous le nez.

- Salut la compagnie ! lança ma sœur lorsqu'elle entre dans la pièce.

- Salut, répondit-on en même temps.

Elle prit ses tartines tandis que je portai ma tasse de café à mes lèvres, mais je fus rapidement coupée par une Sofia qui me lança:

- Tu devrais déjeuner Ambre. Tu as beaucoup maigri ces derniers temps...

- Je suis d'accord avec Sofia, intervint Ugo avec une lueur d'inquiétude dans les yeux.

- Je sais ce que je fais et je n'ai pas maigri, simplement séchée avec le sport, dis-je froidement, ne voulant pas qu'ils en disent plus.

Je pris une gorgée de mon café quand Ugo reprit:

- Ne prends pas le sport comme excuse.

- Je ne déjeune simplement pas, je mange une assiette complète le midi et le soir donc lâchez moi ! je m'exclame agacée.

- Sur le long terme, ton corps ne tiendra pas, me prévint Sofia.

- Je vais bien, pas besoin de tes conseils de médecin. Je vais me préparer, déclarai-je en posant ma tasse sur l'ilot centrale, mettant fin à la discussion.

Je montai à l'étage sans prêter attention aux appels de mon frère et ma sœur. J'arrivai dans ma chambre plus énervée que je ne voulais l'admettre. Je m'habillai d'un simple jean noir puis d'un t-shirt dans les tons grisâtres avant d'enfiler une veste. Quelques minutes plus tard, je quittai le domicile et je décidai, malgré le temps, de prendre ma moto. Je me munissai de mon casque, et démarrai en trombe de cette maison. Aujourd'hui le temps n'était pas au rendez-vous, il pleuvait et le vent soufflait fortement. Comme à mon habitude, je ne regardai pas le compteur de vitesse lorsque j'atteignis l'autoroute et tournai mon poignet jusqu'à ne plus ressentir la douleur des remarques que ma sœur et mon frère m'avaient fait. Ce n'était pas les remarques en elles-mêmes qui me fit le plus mal mais plutôt le rappel douloureux de la raison de mon physique actuel. C'était les dégâts de la culpabilité et de la tristesse, ceux de la mort de mes parents. Je ne voulais ni inquiéter mon frère ni ma sœur.
Soudainement, je vis une voiture accélérer aussi vite que moi. La personne au volant ne tiens pas a ça vie ou quoi ? Mais quand la voiture se mit à klaxonner je regardai dans sa direction, et j'aperçus Madame Pereira. Je sentis immédiatement ma colère augmenter, pourquoi me klaxonnait-elle ? Je décidai d'accélérer encore et de slalomer entre les voitures afin de la semer. Je la vis essayer d'accélérer mais ne pouvant pas me rattraper, elle abandonna et ralentit. Satisfaite, je fis de même quelques minutes plus tard laissant une distance entre nous.

Miss GiobertiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant