À cœurs dissimulés

Chapitre 12 - Karim

Je n'ai jamais autant ressenti le besoin de passer du temps avec quelqu'un et jamais eu autant de facilité à m'ouvrir.

Je pense même à parler à Yaël d'un certain secret dont je n'ai jamais parlé à personne.

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Sur le chemin du lycée, on parle de tout ce qui nous vient en tête. Nos discussions ont par moment un rapport avec le compte rendu qu'on doit faire et d'autres fois pas du tout.

J'aime bien parler avec Yaël, plus le temps passe et plus il semble se détendre.

Arrivé devant le lycée, c'est une toute autre histoire. Yaël paraît se renfermer instantanément et c'est comme si notre relation repartait de zéro à nouveau.

On n'a pas fini notre compte rendu, il faut encore qu'on mette au propre nos notes et qu'on les complète avec quelques recherches internet.

Je sens qu'il va de nouveau vouloir éviter qu'on soit vu ensemble alors, je prends les devants.

"- On finit ça à la bibliothèque ou tu préfères qu'on aille au dortoir ?

- C'est pas une bonne idée qu'on soit vu ensemble... Y a pas mal de gens qui ne m'aiment pas et ça pourrait te retomber dessus."

J'ai du mal à croire que quiconque dans ce lycée pourrait s'en prendre à moi juste parce que j'ai un peu trainé avec Yaël, mais lui semble convaincu donc je décide de ne pas remettre en doute sa certitude.

"- Si on fait attention, je pense qu'on arrivera bien à se faufiler dans ta chambre ou la mienne sans être vu."

Je me tourne en direction du grand bâtiment un peu plus loin où se trouve notre dortoir. Comme prévu, il ne semble y avoir personne aux alentours à cette heure-ci.

"- Mais plus, on attend et plus, on aura un risque d'être vu ensemble."

Ok, c'est pas cool de ma part d'utiliser les arguments de Yaël contre lui, mais sans ça je ne sais pas comment le convaincre.

Il semble encore hésiter pendant quelques instants puis me fait signe d'avancer en affirmant.

"- Je te suis."

Je me mets en route et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que Yaël a laissé une bonne distance entre nous et que si l'on vient à croiser qui que ce soit, il changera sûrement de chemin aussitôt.

Je rentre dans le bâtiment et monte deux par deux les marches de l'escalier jusqu'à l'étage où se trouve la chambre de Yaël.

Comment je sais à quel étage il loge ? À force de le chercher partout pour réussir à lui parler, j'ai quand même appris deux trois trucs sur lui, notamment l'emplacement de sa chambre.

Pourquoi sa chambre et pas la mienne ? La curiosité est peut-être un vilain défaut, mais c'est un défaut que je souhaite bien assouvir aujourd'hui.

J'avance jusqu'à sa chambre et je l'entend murmurer derrière moi, mais je fais la sourde oreille jusqu'à ce que j'arrive devant sa porte.

Je me retourne et je lui sourit en inclinant la tête vers sa porte.

Il regarde à nouveau autour de lui, puis rassuré de ne voir personne, et certainement convaincu que ce miracle ne durerait pas bien longtemps, il se précipite vers sa chambre, la déverrouille et entre en m'agrippant le poignet pour me forcer à le suivre au plus vite.

Il ferme violemment derrière nous et plaque son dos contre la porte.

Mon poignet libéré, je m'empresse de parcourir la pièce en observant autour de moi.