À cœurs dissimulés

Chapitre 21 - Yaël

J'aime les relations sans prise de tête, et clairement ma relation avec Karim ne correspond pas le moins du monde à cette description.

Je ne suis plus le même qu'au lycée et quand bien même, j'apprécie passer du temps avec Karim, je n'ai aucune obligation envers lui et je compte bien me le prouver.

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Il ne me faut même pas un quart d'heure pour rejoindre le Mail et entrer dans un bar encore ouvert. Je commande une bière et je me pose en terrasse un peu à l'écart sur une petite table autour de laquelle sont agglutinés plein de chaises.

Je me remémore encore et encore la réaction de Karim lorsque je lui ai affirmé vouloir aller boire un verre avant de rentrer.

J'ai changé depuis le lycée et je dois avouer que j'aime l'idée qu'il s'en rende compte.

Perdu dans mes pensées, le sourire aux lèvres, je fais glisser mon doigt le long de mon verre où perlent quelques gouttes de buée.

Même si je suis satisfait que ma remarque ait eu cet effet sur lui, je dois avouer que je me sens pour autant vexé. Je n'aime pas l'idée d'être plus attiré par quelqu'un qu'il ne l'est par moi. Non pas que je sois à ce point attiré par Karim, non !

Ok, il est mignon, même sexy par moment. Il a des yeux magnifiques et un très beau sourire quand il veut. Et son rire...

Putain ! Reprends-toi Yaël ! On dirait une petite midinette qui n'a même jamais eu son premier baiser ! Ok Karim est beau, sexy, tout ce que tu veux, mais ce n'est qu'un mec parmi d'autre. Il n'est pas différent. Il n'a rien de particulier. D'ailleurs si tu le veux ce n'est probablement que pour satisfaire un crush d'adolescent vexé.

Bien que toujours en plein débat interne, je remarque que quelqu'un s'arrête en face de moi et je lève la tête pour voir si je le connais ou non. C'est un parfait inconnu qui me fait face en me souriant.

Un sourire enjôleur a toujours eu de l'effet sur moi et cette fois ne fait pas exception. Le fait que j'ai besoin de me changer les idées aide également beaucoup la cause de ce type.

Il se rapproche de moi et je lui souris en retour.

"- Cette place est prise ?

- Non, mais je comptai bouger... Donc si ton intention est de passer du temps avec moi, pas la peine de t'asseoir."

Son sourire s'agrandit un peu plus. Je me lève et pose ma main sur son poignet avant de me diriger vers le centre de la place, laissant ma pinte de bière encore intacte sur la table.

Je sais qu'il me suit de près. Ils le font toujours.

Il fut un temps, je n'avais quasiment aucune confiance en moi, et puis un jour, j'ai découvert que je pouvais simplement faire croire que j'avais cette confiance et que cela suffisait.

Une fois suffisamment éloigné des autres tables, je m'arrête pour qu'il me rattrape.

"- Y a ma sœur chez moi, et j'ai pas envie de retenir mes cris... On va chez toi.

- J'aime ton style."

D'un petit geste de la tête, il m'indique la direction et on se met en route.

Même si mon appartement n'est qu'à quelques pas de nous, je n'ai pas envie de l'y emmener. J'utilise toujours la même excuse et en plus de très bien marcher, elle excite généralement mon partenaire ce qui est toujours un plus non négligeable.

Il nous faut un peu moins de vingt minutes pour rejoindre un petit immeuble dont il déverrouille la porte.

"- Ça t'arrives souvent de faire ça ?" Questionne-t-il contre mon oreille pendant qu'on attend l'ascenseur qu'il a appelé.