Chapitre 1 - Youssef

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Petit disclaimer avant de commencer.

Cette histoire contient des passages pouvant heurter certaines personnes, car elle comporte des notions de rapports non consentis, de violence sur enfant et de meurtre.

Bien que ces éléments ne soient qu'une part infime de l'histoire, je tenais à vous en avertir.

Bonne lecture.

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Je n'aurais jamais cru que quitter mon ile pour la métropole aurait pu à ce point changer ma vie.

Est-ce que je le referais si je pouvais tout recommencer  ?

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Je n'ai jamais connu autre chose que mon ile, pour moi, c'est le paradis sur Terre. Ça peut paraitre cliché, mais j'ai appris à nager dans le lagon entourant Mayotte parmi les tortues et les poissons multicolores. Je savais grimper aux cocotiers avant même de savoir parler. Et rapidement, j'ai appris à reconnaître toutes les étoiles qui illuminent son ciel quand il fait nuit noire.

D'aussi loin que je me souvienne, mon but a toujours été de devenir professeur et de retourner à Pamandzi pour enseigner aux jeunes mahorais.

Me voilà donc maintenant emmitouflé dans trente-six couches de vêtements pour survivre au froid de Nantes. Loin de toute nature autre que les pigeons qui ont envahi les toits et incapable de voir la moindre étoile tant la lumière de la ville m'éblouit.

Ça fait presque un an que je suis arrivé et j'ai eu le temps de déchanter et de réaliser que le rêve que l'on m'avait vendu de la métropole était un peu surcoté. Pour autant, tout n'est pas noir. Mes études me passionnent, je découvre de nouvelles choses tous les jours et je me suis fait de nouveaux amis que je n'aurais jamais rencontrés si j'étais resté sur mon île. Et rien que pour ça, ça vaut le coup.

Je partage un petit appartement avec un jeune breton, Yann Le Gall. Il parle au moins aussi souvent de sa région d'origine que je lui parle de mon île et avec au moins autant de ferveur et de passion que je peux en avoir.

Yann semble un peu bizarre aux yeux des autres élèves, peut-être parce qu'il vient d'un tout petit village que l'on a même du mal à trouver sur une carte. De ce fait, il traîne avec nous, les autres "étrangers" comme on nous appelle.

Nous, c'est Lee-Il Kim, Emma-Linh Phạm, Yann et moi.

Dans le lot, seule Lee-Il est réellement étrangère, c'est une coréenne qui est venu étudier en France.

Emma-Linh, elle, est née et a grandi en France, de parents qui eux-mêmes sont nés et ont grandi en France. Ce sont ses grands-parents qui venaient d'ailleurs. Ils ont immigrés du Vietnam juste avant la naissance de leurs enfants respectifs.

Comme moi, Emma-Linh n'a pas la tête du bon français de souche. Pourtant, comme elle, je suis tout ce qu'il y a de plus français, du moins depuis que mon île est devenue française, n'en déplaise à certains.

Il y a un autre gars de couleur dans notre promo, mais il ne parait pas vouloir se mêler à notre petit groupe. Il ne semble d'ailleurs vouloir se rapprocher de personne, à l'exception peut-être d'Emma-Linh avec qui je l'ai aperçu quelques fois.

J'ai à plusieurs occasions tenté d'engager la conversation avec lui, mais sans succès. Et quand bien même, j'éprouve une certaine pitié pour lui à le voir rester seul, je ne compte pas le forcer à quoi que ce soit.

À cœurs dissimulésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant