Chapitre 8 - Karim

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Je veux faire ma part, je veux aider ma famille à aller de l'avant et ne surtout pas être un poids pour eux.

Et si cela signifie m'éloigner d'eux quelque temps, c'est un sacrifice que je me dois de faire.

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Plus je grandit et plus je me rend compte des difficultés auxquelles mes parents ont dû faire face.

Mon père a abandonné ses études pour nous élever et travaille depuis ma naissance afin de s'assurer qu'on ait assez d'argent pour avoir de quoi manger et un toit au-dessus de la tête.

Lee-Il, à quant à elle, fait le choix de rester en France pour y enseigner plutôt que de rentrer en Corée comme elle devait le faire, et a décidé de nous élever, Ibra et moi comme ses propres enfants.

Ibra est le premier à l'avoir considéré comme sa maman et l'avoir appelé ainsi. Je sais que contrairement à moi il était alors bien trop petit pour savoir que Lee-Il et nous n'avons pas de lien du sang. Mais à ce moment-là, elle n'a pas cherché à le contredire, elle a juste souri et mon père en a fait de même.

Quelques mois plus tard, ça a été mon tour de l'appeler maman. C'était pour le coup par inadvertance, et en réalisant mon erreur, je suis devenu aussi rouge qu'une tomate. En voyant les larmes dans les yeux de Lee-Il, j'ai pensé à m'excuser, mais elle m'a aussitôt pris dans ses bras et a fondu en larmes contre moi.

Le lendemain, mon père a voulu avoir une discussion sérieuse avec moi. Encore une fois, j'ai craint avoir fait une bêtise, mais heureusement ce n'était que pour me demander si j'acceptai qu'il se mette officiellement en couple avec Lee-Il. À ce moment-là, il paraissait plus stressé que jamais, et le plus heureux des hommes lorsque j'ai hoché la tête.

À partir de ce jour, on a formé une vraie famille autant chez nous qu'à l'extérieur. Papa a déménagé dans la chambre de maman nous laissant Ibra et moi partager la deuxième chambre.

La vie n'était pas toujours facile pour nous, mais mes parents faisaient toujours de leur mieux pour que l'on soit heureux et que l'on ne manque de rien.

De mon côté, je faisais tout mon possible pour ne pas être un poids pour eux, ce qui voulait dire ne rien leur révéler à propos de ma particularité, ne pas me blesser gravement, et m'assurer de ne m'attirer aucun ennuie.

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Ça tient quasiment du miracle, mais j'ai maintenant quinze ans et mes parents ignorent toujours mon secret.

Mes deux parents travaillent, mais les fins de mois restent toujours compliquées.

Papa a essayé bien longtemps de me le cacher, mais je sais qu'il verse tous les mois une certaine somme à Emma-Linh. Je me doute, même si je n'en connais pas les détails, que c'est lié au marché qu'il a fait avec elle par rapport à Ibra.

Je ne lui ai jamais posé de question sur le sujet. Je sais que c'est trop douloureux pour lui. C'est aussi une raison de plus pour ne jamais lui parler de ma particularité. Je suis certain que c'est à cause de cet accident avec Emma-Linh que je ne ressens plus aucune douleur. Si mon père venait à le savoir, j'en suis convaincu, il se sentirait encore plus coupable.

Même si je reste encore mineur, j'ai envie d'aider ma famille financièrement et pour ça j'ai trouvé une solution.

Quand bien même l'école est gratuite, il reste tous les à-côtés à payer, par chance, je suis doué pour étudier et une fondation impressionnée par mes notes a proposé de m'offrir une scolarité dans un des lycées les plus réputés de Paris pour les deux années qui me reste à faire. Leur proposition comporte également une chambre dans l'internat de l'établissement ainsi que trois repas par jour.

À cœurs dissimulésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant