J'ai l'impression d'avoir vécu dans un monde parallèle avant d'être brutalement ramené sur terre.
Je ne me sens plus capable de faire confiance à qui que ce soit.
Accepter de se rapprocher de quelqu'un c'est prendre le risque d'être blessé et je ne le supporterai pas une nouvelle fois.
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J'ai réussi après de longues négociations à ce qu'on me recouse le bras sans que quiconque avertisse mes parents.
Je sais qu'ils ne pourraient rien faire d'autre que s'inquiéter et je ne veux pas qu'ils aient ce poids supplémentaire sur les épaules.
En me voyant arriver ainsi, l'infirmier a immédiatement appelé la directrice et comme lui, elle voulait à tout prix contacter mes parents pour les informer. Mais quand j'ai expliqué que c'était un autre élève qui m'avait fait ça, son ton a radicalement changé.
Je sais qu'il n'est pas rare que des parents aient de l'influence sur les subventions d'une école ou sur sa réputation. Pas des parents comme les miens bien sûr, mais des parents comme ceux de Tristan, pour sûr. Et ça l'infirmier et la directrice l'avaient bien en tête.
Sans même que j'ai à nommer l'élève en question, il était simple pour elle de réaliser que les parents de mon agresseur avaient forcément plus d'argent et de pouvoir que les miens. Je n'ose même pas imaginer quelle tête elle aurait fait si elle avait appris l'identité du coupable.
J'ai passé le reste de ma journée enfermé dans ma chambre à réfléchir sur la suite à donner.
Rentrer voulait dire oublier cette bourse et donc rajouter plus de problèmes encore à mes parents. De plus, rentrer signifiait leur dévoiler ma blessure, et potentiellement les raisons qui m'avaient mené à celle-ci.
Mais rester voulait dire croiser tous les jours Tristan et risquer gros en restant à sa portée.
Trouver le sommeil cette nuit-là fut impossible. Et le lendemain matin, c'est à reculons que je suis sorti de ma chambre pour déjeuner.
J'aurais préféré me rendre directement en cours plutôt que de subir cette épreuve, mais mon ventre n'était pas du même avis. Je n'avais pas mangé la veille au soir et la nuit passée à ruminer toute cette histoire avait un peu plus creusé ma faim.
Je suis là plus tôt que d'habitude et aucun des membres du petit groupe avec qui je traîne habituellement n'est dans les parages.
Je récupère mon plateau et de quoi me remplir l'estomac et je rejoins une table à laquelle j'ai pensé ne jamais m'asseoir. Il y a quelque temps encore, c'était Yaël qui s'asseyait là, et maintenant ça allait certainement devenir ma place attitrée.
Un élève m'aperçoit et immédiatement, il se penche vers son voisin pour lui murmurer quelque chose à l'oreille.
Cool. En plus de devoir éviter Tristan, je vais subir les commérages de tous les autres élèves.
Du coin de l'œil j'aperçois des visages familiers. Xao et Nathalie viennent d'arriver et s'approchent de moi.
"- Qu'est ce que tu fous là ?"
Malgré ma nuit à cogiter et à tester de mémoriser tous les scénarios possibles auxquels j'allais potentiellement être confronté ce matin, je ne trouve pas les mots face à la question de la jeune femme.
Je baisse les yeux et j'inspire longuement, espérant trouver dans ces quelques instants supplémentaires une façon simple d'expliquer ce changement.
"- Je préfère ne plus traîner avec Tristan. Je sais que vous êtes amis avec lui et ça depuis bien plus longtemps qu'avec moi... Je ne vous demanderai pas de choisir et je- Je sais que vous le choisirez lui et c'est pas grave. J'espère juste que-"
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À cœurs dissimulés
General FictionKarim et Yaël ont tous les deux été esquintés par la vie, mais alors que l'un a décidé de se renfermer et de s'éloigner de tous, l'autre a entrepris de se cacher derrière une barrière de faux semblants. Après des années sans se voir, voilà que leurs...