Chapitre 23 - Karim

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Doucement, mais assurément, voilà que l'on passe de plus en plus de temps ensemble.

J'ai toujours du mal à complètement m'ouvrir à lui, mais lentement, presque contre mon gré, je me retrouve à lui faire de plus en plus confiance tout en sachant très bien qu'il pourrait de nouveau me faire souffrir.

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J'aime bien traîner au marché le samedi matin. La cuisine chez Yann est toujours très rustique, mais j'ai assez d'espace et de matériel pour tout de même réussir à préparer des bons repas et ça m'évite d'acheter chaque jour des plats tout prêts et d'y dépenser des sommes folles.

Je profite notamment des fins de stock de marché pour obtenir le maximum de produits frais pour pas cher.

J'ai quasiment fini mes courses pour cette semaine, il ne me reste plus que quelques fruits à acheter.

Je quitte les étales de poisson et me rends un peu plus loin où les maraîchers ont installé leur stand de fruits et légumes.

J'observe tous les prix pour voir où faire les meilleures affaires, et trop concentré sur ma tâche, je manque de peu de foncer dans une jeune femme avançant en sens inverse.

Elle sursaute et me fait sursauter en retour. Je réalise rapidement que je connais son visage, mais il me faut quelques instants de plus pour me rappeler d'où je la connais.

J'ai un peu honte lorsque je réalise que comme moi, elle travaille à clean4U et qu'on s'y croise tous les jours.

J'ai toujours fait en sorte d'être poli et amical avec tous mes collègues, mais sans pour autant passer trop de temps avec eux en dehors du boulot. L'intimité mène aux questions et signifie baisser ses défenses, chose que je ne peux pas accepter.

"- Karim ! Désolé, je ne t'avais pas vu." Affirme-t-elle d'une voix joyeuse.

Quelque chose sonne faux dans son affirmation, mais je ne cherche pas à la questionner sur le sujet, je n'en vois pas l'intérêt.

Je tourne la tête vers l'étale que j'avais repéré quelques instants plus tôt et je suis de nouveau interrompu par ma collègue dont le nom m'échappe toujours

Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille et affiche un grand sourire.

"- Ça te dit qu'on aille boire un verre ? J'ai envie d'une boisson fraîche.

- Je n'ai pas soif et de plus, je n'ai pas le temps. Je suis attendu. Désolé."

Sans plus attendre, j'esquive ma collègue et je me glisse au stand installé juste derrière elle.

Je m'apprête à tenter d'attirer l'attention du vendeur, mais quand je lève les yeux vers lui, je remarque que son attention est déjà fixée sur moi.

"- Hé ben faut croire que c'est pas votre style de fille vu comment vous l'avez rembarré.

- Pardon ?

- La jolie petite qui voulait boire un verre avec vous.

- Je n'ai pas soif-

- J'ai entendu. Mais vous auriez pu être plus gentil avec elle. Ça se voit que vous lui plaisez..."

Je ne sais pas quoi penser face à cette affirmation et je tourne la tête vers l'emplacement où se trouvait quelques instants plus tôt ma collègue. Elle n'est plus là et je l'aperçois de dos dans la foule plus loin.

"- Je sais pas ce que c'est votre type de fille, mais moi j'aurai pas dit non à son invitation."

Le vendeur accompagne son affirmation d'un rire gras qui me perturbe au moins autant que ses propos.

À cœurs dissimulésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant