Tout avoir

23. Ken

Ni une ni deux, Noa reprend sa vie infernale. Enchainant le travail, les entrainements... Impossible de la voir. La solitude du départ de Safwa, la tristesse de son vécu et la douleur au travail ne font que l'enfermer encore et toujours dans une spirale infernale de travail. La tête constamment baissée, elle avance, elle fonce sans se retourner pour ne pas risquer de flancher. Et pourtant, égoïstement, j'ai de plus en plus envie qu'elle ralentisse pour nous laisser du temps. Elle m'apaise et je sais que je le fais aussi alors pourquoi pas.

Je décide alors de prendre les devants et de l'attendre en bas de l'hôpital où elle bosse ce soir. Ne serait-ce que pour lui tenir compagnie sur le chemin du retour.

A 20 heures pétantes, je vois une longue silhouette brune sortir en trombe par les portes automatiques de l'établissement. Des écouteurs vissés sur les oreilles, elle a la tête baissée, un minuscule sourire sur son visage en guise de bien paraitre. Une longue robe fluide orangée épouse délicatement à la perfection ses formes. Ses petits pieds montés sur des sandales à plateforme enchainent à une rythme effréné des pas en direction de l'arrêt de métro. Elle lève rapidement la tête pour donner un signe de tête à une jeune femme qui entre dans l'hôpital avant de détourner le regard vers moi. Elle s'arrête net, intriguée mais ne peut s'empêcher d'arborer un sourire contagieux. Elle accélère le pas dans ma direction:

" Qu'est-ce que tu fais là ?

-       Je... Merde j'ai pas d'excuse qui paraitrait un peu normale pour expliquer ma présence ici... Euh... Aller ressaisit toi mec !!! Je n'ai pas eu de nouvelle depuis le départ de Safwa et ton lendemain de garde compliqué. Je voulais savoir comment ça allait ?

-       Écoute ça peut aller, le rythme est intense comme tu t'en doutes. Et toi comment tu vas ?

-       Écoute le rythme est plutôt tranquille comme tu t'en doutes. Nous rigolons tous les deux.

-       J'ai un rendez-vous pour ma thèse dans 30 minutes mais on peut manger ensembles ce soir ? Enfin si ça te dit. Me propose-t-elle un peu hésitante.

-       Carrément.

-       Chez moi, faut occuper un peu ce grand appartement tout vide. Je m'occupe d'apporter à boire, tu gères la bouffe. Dit-elle en commençant à repartir. Je dois te laisser, je suis short pour mon rendez-vous, on se dit 22h ? Elle s'approche de moi et m'embrasse sur la joue, me sourit et reprend sa course folle vers le métro. »

Mon excitation redescend bien vite quand je reviens à la réalité...Je gère la bouffe... Putain quel bordel...

Une fois dans les rayons du supermarché, je déambule, n'ayant aucune idée de ce qui ferait plaisir à ma douceur. Elle est sportive mais on s'empiffre de pizzas souvent quand on mange à la coloc... Mais après tout elle a adoré les repas de mon grand-père en Grèce... Argh je suis perdu... Je décide de partir sur des dips avec des chips et de quoi faire une belle salade grecque.

Passé 22 heures, elle m'ouvre, toujours vêtue de sa douce robe couleur soleil. Elle me fait la bise et je peux sentir qu'elle est plus parfumée qu'habituellement. Nous discutons un peu pendant qu'elle me propose une bière que j'accepte volontiers. Après m'avoir remercié cent fois pour le repas qu'elle a manifestement adoré, elle propose un jeu.

« J'ai acheté une surprise pour toi, mais ça se mérite bien sûr, alors on va faire un jeu.

-       Seigneur...

-       Roh arrête tu vas kiffer. Tu trouves pas qu'on joue pas franc jeu toi et moi ? dit-elle très sérieusement

Je panique.