« T'es bien maladroite ce matin Noa, t'es pas enceinte j'espère. » Me balance mon chef lors de la visite du service après que j'ai renversé pour la 3e fois mon café et fait tomber mes papiers.
Un doux plaisir d'entendre ce genre de phrase alors que je n'ai presque pas dormi. En temps normal je lui lancerai à la figure une bonne réponse bien cinglante comme je les aime. Mais aujourd'hui je rigole, je suis joyeuse et idiote. En prenant du recul je me déteste à être sur un petit nuage et niaise après une nuit passée avec un mec. Mais je me déteste surtout parce que le mur que j'ai construit ces dernières années pour barricader mon cœur est en train d'être petit à petit démonté par Ken. Je suis de plus en plus vulnérable et ça me fait peur...
J'essaie tant bien que mal de poursuivre ma journée en focalisant mon attention sur mes patients autant que possible mais je scrute mon téléphone toutes les minutes. Une vraie gamine. Je me surprends à être vraiment déçue quand, à 20 heures passées, de retour chez moi, je n'ai toujours pas reçu de message de sa part. Mon coeur se serre. J'imagine tous les scénarios possibles et interprète ce silence de mort comme un signe de son détachement. J'opte alors pour plusieurs options :
1. Il a eu ce qu'il voulait, maintenant il va me snober.
2. C'était nul, il a détesté le moment je suis son pire coup
3. Il s'est fait écraser sur le chemin du retour parce qu'il était aussi idiot et inattentif que moi toute la journée.
Je panique à l'idée que l'option 3 existe, et étudie alors toutes les stories des gars du groupe pour espérer le voir en vie. Mon cœur loupe un battement quand je le vois, dans la story de Mekra, tranquillement en train de rigoler avec la photographe qui les suit pour préparer un documentaire sur le s-crew. Un bras sur le dossier du canapé en cuir noir, il est tout sourire en la regardant mâcher son chewing-gum de pouf, les cheveux tirés à 4 épingles et ses jambes dorées de 3 km de long, croisées vers lui.
Je suis déçue. Mais pas de lui finalement parce que j'ai toujours un peu su qu'il pourrait réagir comme ça d'un jour à l'autre. J'ai toujours su qu'il suranalysait tout et que la moindre situation inconfortable de lâcher prise, de sentiments profonds le ferait fuir, lâchement. Ce sentiment qu'il a toujours été dérangé dans ses relations intimes parce qu'il a peur de s'attacher, y voyant un signe de faiblesse.
Non je suis déçue de moi parce qu'au fond je suis comme lui, je ne veux pas m'attacher parce que j'ai peur. Je suis déçue de moi parce que j'ai tenté de me laisser aller, que j'ai entrevu la possibilité de m'attacher. Pour rien.
Enfin si pour une nuit sympa.
Ou alors encore une fois je me faisais des films. J'ai interprété ses regards, ses blagues et nos moments, pensant qu'il tenait à moi différemment. Mais t'es pas différente ma pauvre folle t'es comme toutes les autres, fou toi ça dans le crâne.
Je vais me replonger dans le travail ça vaudra mieux. J'allume alors une bougie sur la table basse de ce grand salon bien vide sans Safwa. L'automne est bien entamé désormais et le temps se refroidi, pour mon plus grand plaisir. Je pose mon ordinateur sur mes genoux enveloppés dans mon plaid, enfile mes lunettes et commence ce long défilé d'articles scientifiques et de pages word pour avancer sur ma thèse.
Une chose est sûre j'ai des sentiments pour ce type, je ne le veux pas mais c'est là. Mais je refuse catégoriquement de baisser mes attentes pour lui, je refuse de laisser de côté mon travail et ma carrière pour ça. Je le refuse alors je retourne travailler. Il n'y a que ça à faire... ou répondre aux éternels dm de Tom qui est laissé en vu depuis des jours...
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Tout avoir
Художественная прозаNoa est une jeune étudiante en médecine, championne de natation, elle vit à 100 à l'heure en essayant de suivre le rythme et d'y ajouter du temps pour la famille, quelques amis et les sorties. La pièce manquante à cet univers presque plein à craquer...