Il est 8h lorsque je me réveille de la petite soirée de la veille. Je suis vraiment une incapable du sommeil... Je me lève donc pour aller me balader sur la plage. Un léger vent souffle sur les oliviers et l'air est encore frai. J'arrive finalement sur la petite plage ressassant sur le chemin ma conversation avec Mekra de la veille. Quand soudain je vois une silhouette assise dans le sable, face à l'immensité de l'eau. Je reconnais immédiatement le sweat du S-Crew, et ainsi son propriétaire. Je m'avance doucement vers lui avant de m'asseoir à ses côtés.
« Tu caches bien ton jeu finalement t'es matinal comme mec
Il relève la tête vers moi en plissant légèrement les yeux ébloui par la lumière. Je suis absorbée par son visage, il est si beau. Il me sourit
- Tu ronflais si fort dans la chambre d'à côté... impossible de fermer l'oeil. dit-il
- C'est plutôt parce que tu dors avec Doums fis-je.
Nous rions un peu puis contemplons l'horizon en silence.
- Ça a eu l'air de bien se finir avec Mekra hier finalement.
- Oui on a posé un peu les choses, je comprenais pas pourquoi il était si agressif tout le temps avec moi
- Et alors pourquoi ?
- Il avait ses raisons. Mais les choses se sont calmées.
- Tu l'as câliné c'est ça qui l'a calmé. Dit-il le regard fuyant
Je le regarde un peu intriguée. Est-ce une petite pointe de jalousie que je perçois ?
- On peut tout résoudre avec un peu de douceur dis-je en lui souriant.
- Ça va te perdre un jour cette douceur. Soupire-t-il
- Pourquoi ça ?
- La vie est dure, elle brise, on doit s'endurcir pour survivre, la douceur ne fait que nous affaiblir et on cicatrice moins bien. Tout le monde ne mérite pas ta douceur.
- Quel triste personnage tu fais quand tu dis ça !!! C'est ça qui endurcit justement, c'est la douceur. C'est voir le monde naïvement qui aide à avancer. Pour survivre moi ce qui m'a aidé c'est d'adoucir les gens, du moins de le tenter.
Il guette l'horizon pensivement. Je vois presque de la fumée sortir de son esprit bouillonnant.
- Malgré tout t'es pas obligé de courir après la couleur et la gaité. Continuais-je pour le rassurer. Si ton personnage profond est embrumé, endeuillé et voit le verre à moitié vide ce n'est pas un défaut. C'est toi et ta personnalité c'est tout. Il faut accepter qui on est et arrêter de vouloir être quelqu'un d'autre sous prétexte que le spleen n'est plus à la mode. Mais ne rejette pas la douceur s'il te plait. Ne la méprise pas parce que moi c'est la seule chose qui me fait me lever le matin.
- Tu sais des fois j'ai peur de noircir ton monde. J'ai une espèce d'ennui morbide, des fois j'ai l'impression de courir après les drames.
- Quel culot Mr Samaras de croire que vous avez une telle emprise sur moi !
Il rit et se tourne vers moi.
- Tu es exceptionnelle Noa... tu colores un peu ma vision des choses et j'en ai peur.
- N'anticipes pas trop Ken, le présent est trop vif pour être gâché en interprétations du futur.
- Alors n'essaie pas de m'adoucir, tu en souffrirais.
- Et je n'en ai pas envie. Je ne veux rien modifier de toi »Il passe alors son bras autour de mes épaules, avant de déposer un baiser sur ma joue. Je frissonne. Tout d'abord de plaisir puis de frustration. J'aurais aimé une démonstration physique de ses sentiments. Qu'est-ce qui nous en empêche ? Nous avons peur tous les deux. Des passés tumultueux, des histoires difficiles avec des casseroles à trainer. Mais notre présent est si doux. Je n'ai jamais eu une connexion si apaisante avec quelqu'un. Nous pensons, beaucoup (trop peut-être) tous les deux. Mais les choses sont faciles, la communication est fluide, nous rions, nous sommes beaux, jeunes, je veux que nos mondes se mélangent, je veux un nous. Ça y est je le sens, je tombe amoureuse. Je me l'étais pourtant refusé. La vie est si intense, il y a tant de choses. Mais je sens que nous pouvons vivre ça, ne pas se poser trop de questions, juste vivre de notre amour, ne pas se mettre de barrières, ne pas en demander trop à l'autre. Nous savons les rythmes infernaux que l'on a chacun et à défaut de nous rajouter de la charge mentale, je pense sincèrement que l'on peut s'élever, s'alléger en s'aimant.
Malheureusement j'ai peur de chacun de mes mots. Je n'ose rien en sa présence de peur de gâcher le moment. De foutre en l'air toute la magie de la facilité. Ne rien s'avouer c'est rester dans la simplicité...
« On va préparer le petit dej pour la troupe ? Finis-je par dire. Putain Noa t'es lâche. T'es nulle.
- Avec des oranges du jardin tu penses que ça les fera kiffer. Dit-il en se relevant
- Au pire on les emmerdes, nous ça nous fera kiffer. »A la fin de cette merveilleuse journée. Nous préparons le repas du soir. Ken et moi sommes plus proches que jamais. Les contacts physiques ne se font plus si discrets et notre comportement pue l'amour. Mais dieu qu'on est timide. On dirait qu'on a douze ans.
Je sors quelques instants profiter de la lumière du soir sur la terrasse. Adonis me rejoint.
« Vous avez un sacré effet sur mon petit-fils Noa.
- En positif je l'espère. Dis-je émue
- Je ne l'ai jamais vu comme ça à vrai dire. Continue Adonis avec son petit accent chantant.
- Comment ?
- Apaisé, détendu. Il est toujours en questionnement constant mais il a l'air d'avoir trouvé un équilibre positif. Et j'ai l'impression que c'est depuis que vous êtes dans sa vie. cela m'amuse de me rendre compte qu'il me vouvoie. A-t-il dit ce qu'il ressentait pour vous ?
- Il le dit sans les mots. Je n'ai pas envie de lui mentir. Je n'ai pas de rôle à jouer avec Adonis, il est beaucoup trop sage pour ne pas comprendre les choses.
- Je vois... Profitez de ces moments alors, mais sachez que vous pouvez lui dire aussi les choses.
- J'avoue ne pas vouloir brusquer les choses, j'ai peur que ce ne soit pas mon rôle.
- Oh nous autres les vieux on l'a toujours su, ce sont les femmes qui mènent la danse. Vous avez toutes les cartes en mains. »Je trouve ça très touchant qu'il soit venu me voir pour me parler si ouvertement. Et je n'ai pas eu peur de me laisser aller à dire ce que je ressentais à ce vieil homme que je connais à peine. Peut-être que Ken aussi a un effet positif sur moi, il m'aide à m'ouvrir aux autres. Mais pas encore assez pour m'ouvrir à lui...
La soirée se passe comme le reste de cette journée, dans la détente et la bonne humeur. Je monte dans ma chambre chercher un pull et y retrouve Safwa affalée sur les nombreux matelas qui font de cette chambre un dortoir géant.
« Ça va meuf ? Lui dis-je
- J'ai trop mangé, je peux plus bouger meuf. Dit-elle en tirant la langue comme une morte
Doums entre au même moment dans la chambre
- Comment ça tu peux plus bouger. Dit-il en commençant à la chatouiller.
Elle se tord de rire dans tout les sens. Les garçons entrent un à un dans la chambre et imitent Doums en s'attaquant à Safwa puis à moi. Framal lance de la musique et nous nous mettons tous à danser. Sans parler. Juste en riant. On dirait des fous.Nous finissons par nous calmer et tous s'allonger sur les matelas, certains discutent tranquillement, d'autres ferment doucement les yeux. Nos corps entassés dans cette grande pièce humide s'apaisent petit à petit. L'excitation redescend et le sommeil commence à tomber.
La tête de Ken est posée sur mon torse, sa main attrape la mienne. Son pouce dessine des ronds sur ma paume et me berce doucement jusqu'à m'endormir.
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Tout avoir
Fiction généraleNoa est une jeune étudiante en médecine, championne de natation, elle vit à 100 à l'heure en essayant de suivre le rythme et d'y ajouter du temps pour la famille, quelques amis et les sorties. La pièce manquante à cet univers presque plein à craquer...