Chapitre 6 : Eden

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- Vous tombez plutôt bien Diane. Je voulais justement vous parler. Asseyez-vous, je vous en prie, déclarai-je en tapotant sur le dossier de la chaise qui faisait face à mon bureau avant de retourner à ma place.

Je pris une inspiration pour calmer mon cœur qui s'était accéléré suite à l'agression de Diane sur mademoiselle Dean. La pauvre avait parue complètement déstabilisée et étrangement, cela m'avait provoqué un pincement au cœur.

Diane s'avança en cessant de fixer la porte par laquelle sa styliste venait de sortir. La colère déformait son visage, se rajoutant à l'encre bleue qui maculait sa joue gauche, rendant l'ensemble parfaitement grotesque.

Une fois assise, je sortis de le dossier monté contre Diane de mon tiroir pour le poser devant moi sous le regard blasé de ma subordonnée.

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? soupira-t-elle en se penchant légèrement pour lire le titre à l'envers. Oh ! Le dossier de renvoi la nouvelle. Je dois signer quelque chose ? ajouta-t-elle en attrapant un stylo dans mon pot à crayons.

- Non. Les papiers pour mademoiselle Dean sont en ordre. Ceci est un dossier pour vous.

- Pour moi ? souffla Diane avant de ricaner légèrement, visiblement incertaine de la manière dont elle devait réagir.

Je soupirai avant de m'adosser dans mon siège pour affronter la conversation qui allait suivre.

- Oui pour vous Diane. Nous nous sommes entretenues à diverses reprises sur votre travail et malgré mes précédentes mises en garde, rien n'a changé. Les ventes de cette entreprise sont en baisse et nos collections me persuadent de moins en moins.

- Mais... tenta-t-elle de m'interrompre.

- Si ce n'était que ça, nous pourrions bien sûr améliorer les choses et nous n'aurions pas cette discussion mais... Votre comportement... J'ai parlé avec des membres de votre équipe et avec d'autres personnes travaillant simplement à l'étage. Et...

J'inspirai lentement pour trouver le courage de continuer. Diane ne comptait pas pour moi mais ses liens avec les Castel étaient si étroits qu'il m'était difficile de prendre les bonnes décisions la concernant.

- Et je ne peux tolérer de telles pratiques chez Eden & Dentelle, terminai-je en joignant mes mains sur mon bureau.

- Je n'ai jamais rien fait à ces personnes, se mit à hurler Diane en se levant subitement.

- J'en ai les preuves. Elles ont été réunies par les ressources humaines qui m'ont aidée à monter votre dossier de licenciement.

Elle jeta brusquement le stylo sur mon bureau, qui rebondit alors, me manquant de quelques centimètres.

- Alors tu me licencies ? cria-t-elle en postillonnant. Simplement comme ça ? Tu n'as aucune preuve de ce que tu racontes.

- Même si je n'avais pas la moindre preuve... Ce qui n'est pas le cas, précisai-je en me retournant pour ramasser le stylo échoué au sol. Ce qui s'est passé à l'instant avec mademoiselle Dean me montre à quel point vous êtes incapable de gérer vos émotions et encore moins capable de gérer une équipe. Une telle agression est inacceptable.

- Je n'ai absolument rien fait.

- Parce que je vous en ai empêchée ! Si vous l'aviez frappé comme vous en aviez l'intention, elle aurait pu porter plainte contre vous, haussai-je le ton en me levant à mon tour. Vous auriez pu couler et entacher la réputation de cette entreprise par la même occasion.

Je pouvais presque voir du feu sortir de ses narines tant elle semblait folle de rage.

- Lorsque j'ai fondé Eden & Dentelle il y a maintenant sept ans, je me suis promis de veiller au bien de mes salariés si je parvenais un jour à faire suffisamment décoller cette boite pour embaucher du personnel. Votre comportement n'entre pas le moins du monde dans mes valeurs et il est hors de question que je garde comme directrice artistique une personne qui a des valeurs comme les vôtres. Et tant pis si ça ne plaît pas à votre père.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant