Chapitre 14 : Alix

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Cela faisait vingt minutes que Lydia jacassait dans le vent, m'affublant de gestes tendres alors que je ne l'écoutais que d'une oreille. Ma patronne discutait désormais avec des membres de l'équipe marketing que je reconnaissais vaguement, tapant vivement du pied depuis une dizaine de minutes. Un homme d'une cinquantaine d'années qui semblait assez proche d'elle avait déposé un verre de champagne dans ses mains quelques minutes après que nous nous soyons éloignées et je l'avais vu prendre une seule gorgée depuis.

Soudain Carla se dirigea vers nous, me sauvant du monologue de la blonde à mes côtés. Si j'étais contente d'énerver Eden, j'en avais un peu marre d'entendre Lydia me raconter sa vie.

Ma collègue m'attrapa le bras et me tira vers elle pour me chuchoter à l'oreille.

— Regarde un peu ta chérie. Elle semble stressée par son discours, je l'ai rarement vu comme ça.

Je levai les yeux au ciel en entendant le surnom donné par Carla mais ne relevai pas.

Effectivement, Eden était nerveuse. Mais cela n'avait rien à voir avec son discours. De temps à autre, elle jetait un coup d'œil vers nous et j'en profitais toujours pour passer ma main dans les cheveux de Lydia ou pour lui caresser la main, m'assurant de ne pas regarder ma patronne en le faisant. Je n'avais désormais plus aucun doute. Je n'avais pas imaginé l'alchimie entre nous deux mois plus tôt.

Je n'avais aucune idée de ce que je cherchais à faire. Entamer une relation avec elle était hors de question. Mais peut-être que coucher avec elle une bonne fois pour toute m'aiderait à faire passer le désir qu'elle provoquait en moi. Après tout, elle n'avait pas l'air d'être portée sur les relations sérieuses elle non plus. Le seul hic à tout ça était que notre relation professionnelle risquait d'en pâtir.

Avant que je n'ai pu y réfléchir plus longtemps mon téléphone vibra dans mon sac à main. Carla se détourna et attrapa un petit four en balançant une banalité à Lydia qui fut contente de trouver quelqu'un qui lui porte de l'attention. Consultant mon téléphone, je vis l'arrivée d'un SMS de ma patronne.

Eden :

Rendez-vous dans une des salles de réunion dans 10 minutes. Au bout à droite en partant de l'entrée du bâtiment.

Relevant la tête, je la vis tournée dans ma direction, portant son verre de champagne à ses lèvres, la mâchoire contractée. Même avec la distance entre nous, je pouvais voir qu'elle me fusillait du regard, me défiant de lui désobéir. Je n'en avais pourtant pas l'intention. La façade de glace était en train de fondre. Je n'allais certainement pas me défiler après l'avoir provoquée, même si un nœud commençait à se former dans mon ventre.

Moi :

Pas de problème, Madame Castel.

Je ne l'appelais jamais comme ça. Aussi, j'appréciai le regard furieux qu'elle me lança en relevant la tête de son téléphone. Sans attendre, elle se détourna et se dirigea vers le hall d'entrée, son verre à la main, la tête haute.

J'attendis quelques minutes, bavardant avec Carla et Lydia qui semblaient bien s'entendre, avant de prétexter un passage aux toilettes. En arrivant dans le couloir, je souris à l'hôtesse d'accueil et longeai le couloir qu'elle m'avait indiqué. Désert, cet endroit était totalement à l'écart du brouhaha de la salle de réception. Bien que je ne connaisse pas les lieux, je n'eus pas trop de mal à trouver la salle qu'elle m'avais indiquée. Tombant sur une porte en bois classique, j'actionnai la poignée sans attendre, le faisceau de lumière qui passait par-dessous m'indiquant que j'étais au bon endroit.

La lumière m'aveugla, contrastant avec l'obscurité de la nuit dehors. Une longue table entourée de chaises à roulettes s'étendait en direction d'un grand écran de projection. Eden était positionnée au bout de la pièce, admirant par la fenêtre les lumières nocturnes de Paris. Elle tourna légèrement la tête vers moi en m'entendant entrer mais ne m'accorda pas plus d'attention que ça.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant