Chapitre 9 : Alix

225 17 0
                                    

Mademoiselle Castel et moi avions passé des heures sur les modèles pour que tout soit prêts pour vendredi, empiétant sur la soirée, dans une ambiance pesante. Avant son coup de téléphone, l'ambiance entre nous s'étaient apaisée, une connexion se créant même. Ce qui avait cependant suivi cet instant inattendu avait complètement refroidi l'ambiance.

Cette femme, qui ne semblait pas être sa compagne à en croire ce que j'avais pu entendre, l'avait larguée des plus froidement au téléphone. Je n'avais pas su où me mettre, presque forcée d'entendre ce moment gênant pour elle et probablement bouleversant vu les propos tenus.

De toute évidence, elle semblait évoquer leur vie sexuelle et j'étais toujours aussi surprise d'apprendre qu'une femme comme Eden Castel puisse avoir des problèmes pour avoir des relations sexuelles. Si je devais bien lui reconnaitre une chose c'était avant tout sa beauté. Alors pourquoi se diriger vers un style de relation qui ne semblait pas lui convenir ?

Hypocrite !

À bien y penser, il était vrai que je n'étais pas la mieux placée pour juger qui que ce soit. Ellie ne cessait de me répéter qu'elle n'approuvait pas mes choix en termes de relations. Qu'y avait-il de mal à vouloir protéger son cœur ? Alicia m'avait fait suffisamment de mal pour que je ne veuille pas retenter l'expérience.

Oui, quelle hypocrite je faisais de juger la vie sentimentale et sexuelle d'une femme que je ne connaissais même pas. Après tout, elle avait probablement ses propres secrets et ça ne me regardait absolument pas.

— Alors dis-moi, qu'est-ce qui peut bien t'amener à Paris ? interrogeai-je Liv en m'installant dans mon canapé, soupirant d'aise d'être enfin rentrée.

Elle se redressa et se tourna brusquement vers moi, une lueur espiègle dans les yeux.

— Toi d'abord. Je veux tout savoir, exigea-t-elle avec un grand sourire. Comment ? Qui ? Pourquoi ? Tout.

Habituée à la voir surexcitée pour tout et rien, je m'étais bien évidement attendue à cette réaction, je ris donc aussitôt. Liv ne changerait jamais. Et tant mieux. Je l'adorais ainsi.

Je lui contai alors mon arrivée dans l'entreprise, Diane qui m'avait prise en grippe, l'enfer qu'elle m'avait fait vivre. Elle se moqua de ma maladresse quand j'arrivai à l'épisode du café et fut prise d'un fou rire à l'altercation dans le bar.

— J'arrive pas... pas à croire... que tu... lui aies dit ça... parvint-t-elle à peine à prononcer.

— C'est pas drôle, Liv. J'étais complètement bourrée et j'ai bien failli perdre mon job sur ce coup, la réprimandai-je sans y mettre de véritable entrain. Puis... ajoutai-je quelques instants plus tard. Je ne pouvais pas plus me tromper. Elle ne se sent absolument pas supérieure aux autres. Elle n'est pas facile à aborder, c'est vrai. Mais je sens qu'elle n'est pas du tout celle qu'elle prétend être. Elle n'est pas cette femme qui juge tout le monde, complètement déconnectée de la réalité.

Liv avait cessé de rire, me scrutant désormais sans rien dire, visiblement surprise par mes propos. Gênée d'avoir avoué ça tout haut, je détournai la conversation.

— Bon. Et si tu m'avouais enfin ce que tu fais ici ?

Elle se cala dans le fond du canapé, soupirant en regardant droit devant elle.

— Je ne peux pas simplement être venue voir ma grande sœur ?

Un vague d'inquiétude monta en moi. Elle n'était pas du genre à éviter les conversations et avait toujours soif de raconter ses péripéties.

— Crache le morceau, soufflai-je, appréhendant sa réponse.

— J'aimerais passer quelques temps chez toi pour voir si je supporterais de venir vivre ici, avoua-t-elle enfin.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant