Eden & Dentelle

Chapitre 7 : Alix

J'avais passé une nuit très difficile. Ellie était venue passer la soirée avec moi après avoir reçu mon appel où je lui avouais enfin tout ce qui s'était passé depuis le début jusque la signature de la fin de la période d'essai. Parler avec elle m'avait fait énormément de bien mais à l'instant où nous nous étions couchées, je m'étais mise à tout ressasser.

Aujourd'hui je devais retourner là-bas et faire face à Eden Castel puis à Diane pour le reste de la journée. Pouvait-on s'étouffer soi-même avec un oreiller ? Si oui, j'étais bien tentée d'essayer.

— Déjà debout ? m'écriai-je, surprise de voir ma meilleure amie debout dans ma cuisine à six heure et demie.

— Hum... J'ai un entretien d'embauche chez Michel Lafon alors pas le choix.

— Oh mais c'est génial ! Fais pas cette tête-là, je suis sûre que tu es ravie de cet entretien.

Soufflant sur sa tasse de café fumante, elle me tendit celle qu'elle m'avait préparée.

— J'étais ravie hier. Je serai même probablement ravie dans deux ou trois heures mais pour l'instant je voudrais juste me blottir sous la couette avec mon chat préféré, marmonna-t-elle en gratouillant le cou de Chorizo venu quémander son attention.

— Au moins quand il dort avec toi, il ne se trouve pas aux pieds de mon lit pour me tuer le matin au réveil, grognai-je en lui faisant un clin d'œil pour la remercier du café avant de me diriger vers la salle de bain pour me doucher, la tasse toujours à la main.

Ellie quitta l'appartement quelques minutes plus tard et je lui criai bonne chance pour son entretien depuis la douche. Après m'être préparée en vitesse, j'attrapai mes clés et mon sac à main avant de courir jusqu'à ma voiture. Il ne manquerait plus que je sois en retard.

Une fois arrivée dans le parking souterrain sous le bâtiment en partie occupé par Eden & Dentelle j'eus beaucoup de mal à sortir de ma voiture.

J'allais devoir annoncer à mes collègues que je partais et, même si je ne les connaissais que depuis peu, cela me rendait triste. J'étais certaine qu'ils auraient pu être de très bons soutiens au quotidien. Mais Diane s'était interposée dans tout ce monde utopique et m'avait tant énervée qu'elle m'avait presque poussée à la faute.

Bien sûr, ce n'était pas elle qui avait brûlé Eden Castel. Ce n'était pas elle non plus qui m'avait forcée à boire plus que de raison. Mais toute mon attitude avait été dictée par la colère qu'elle avait fait surgir en moi.

— Aller Alix, ça va aller,.. me dis-je tout haut. Tu vas monter, aller dans ce foutu bureau et ensuite tu vas faire ta journée comme les six autres.

Une fois arrivée au trente-huitième étage, je n'eus même pas le temps de déposer mes affaires à mon bureau que je croisai déjà Eden Castel dans le couloir.

— Dans mon bureau, claqua-t-elle en passant à côté de moi avec une tasse fumante. Mais gardez vos distances, mon thé est brûlant.

D'abord surprise par sa première réplique, mon cerveau n'assimila pas tout de suite sa pique. On s'était souvent moqué de moi pour ma maladresse et, si d'habitude je finissais par en rire avec les autres, aujourd'hui je n'en avais pas tellement envie.

— Je ne suis pas débile vous savez, marmonnai-je dans mes dents en bifurquant pour la suivre.

Elle ouvrit la porte de son bureau et se tourna vers moi pour me laisser entrer la première. Un léger sourire trônait sur ses lèvres quand je passai devant elle.

— Asseyez-vous Mademoiselle Dean.

Une fois la porte fermée, elle me contourna pour s'installer à son tour, derrière son bureau. Son regard concentré se planta dans le mien tandis qu'elle ouvrait un de ses tiroirs. Elle s'empara d'un papier qu'elle vint déposer devant moi.