Chapitre 2 : Eden

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Je grimaçais de douleur face au miroir depuis une bonne dizaine de minutes quand je renonçai à refroidir ma brûlure. Si j'avais tenté de ne rien laisser paraître devant mon employée, je souffrais bel et bien. Ma peau rougie restait chaude sur le haut de mes seins, faisant indécemment ressortir ma poitrine dans le bustier noir en dentelle que j'avais eu la bonne idée d'enfiler sous mon pull ce matin.

Je tamponnai une dernière fois ma peau à l'aide d'un bout de papier avant de le jeter avec rage dans la poubelle. Grâce à mes séances hebdomadaires à la piscine, j'avais des vêtements de rechange dans mon bureau. La cloche de l'ascenseur retentit à l'instant où je sortis des toilettes et les portes s'ouvrirent quelques secondes plus tard sur une brune aux cheveux impeccablement lissés.

Oh c'est pas vrai...

Ses yeux d'un bleu-vert pareil au mien me fixèrent de leur froideur habituelle. Elle m'indiqua d'un coup de menton le couloir menant à mon bureau avant de s'y diriger. Une fois à l'intérieur, elle referma la porte calmement pour ne pas attirer l'attention puis explosa.

— Comment oses-tu déshonorer ainsi notre famille en gérant ton entreprise habillée comme une vulgaire prostituée ? me hurla-t-elle en saisissant la dentelle noire entre son index et son pouce d'un air dégouté.

Je levai les yeux au ciel, sachant parfaitement que donner des explications serait inutile. Ça avait toujours été inutile avec elle. À la place, je me dirigeai tranquillement vers le placard renfermant mes vêtements de rechange.

— Qu'est-ce que tu es venue faire ici ? demandai-je en l'entendant se rapprocher dans mon dos.

— Je voulais t'annoncer que ton père et moi ne viendrions pas à ton défilé la semaine prochaine.

Comme c'est étonnant.

— Comme c'est dommage, raillai-je en saisissant le top noir à côté de mes lunettes de piscine avant de me retourner pour lui faire face. Et qui a pris la décision au juste ? Papa et toi ? Ou juste toi comme d'habitude ?

Un petit rire mesquin lui échappa et elle déposa son sac de luxe en cuir bordeaux avant de se rapprocher de moi. Elle puait le luxe, tout le temps. Pourquoi fallait-il qu'elle vienne maintenant ? Entre l'incident avec cette femme que je n'avais eu aucun mal à identifier comme notre nouvelle styliste et l'indignation de ma mère, il n'était pas étonnant que je perde patience, même si ce n'était pas dans mes habitudes au travail.

— Tu viens travailler habillée comme ça et tu te permets de me juger ? me cracha-t-elle à la figure, me dominant de quelques centimètres. Ton père a insisté pour investir dans cette entreprise alors tu ferais bien de ne pas me donner une raison de plus de regretter.

Elle saisit le tissu de mon bustier et tira dessus en fronçant du nez.

— Oh mais ne t'inquiètes pas, je compte bien vous racheter les parts de cette entreprise et si tu veux, je rembourserai même jusqu'au dernier centimes de ce que vous avez dépensé pour moi, soufflai-je en sentant mes yeux me piquer.

Voir qu'après toutes ces années et tous les efforts que j'avais pu faire, je n'avais toujours pas son respect m'atteignait. Cela faisait bien longtemps que je ne m'effondrais plus à chaque altercation avec ma mère, mais je n'étais pas pour autant insensible à sa toxicité.

— Peu importe que nous ayons ou non des parts dans ta chère entreprise, dit-elle en mimant des guillemets avec ses doigts sur les derniers mots. Notre famille sera désormais toujours entachée par ton activité plus que douteuse.

— Je t'ai déjà dit que la lingerie était un vêtement comme un autre ! Je suis PDG de cette boite, Lilith. Je l'ai créée, je l'ai introduite en bourse, objectai-je en me collant davantage à elle. Une position comme la mienne ne devrait pas déshonorer la famille comme tu te plais tant à le répéter.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant